La manufacture Pinton à Felletin dévoilait mardi une œuvre réalisée avec l'artiste anglais Glenn Brown, dont chaque toile approche du million d'euros. Une collaboration prestigieuse qui signe un regain d'intérêt de l'art contemporain pour la tapisserie.
"Exceptionnelle", la dernière tombée de métier a fasciné le public lors de sa présentation au Musée de la tapisserie d’Aubusson. Et du beau monde, avec l’essentiel des professionnels du marché de l’art. Justement, l'objet de toutes les attentions, c’est une œuvre cosmique de quatre mètres de largeur, montrant un vaisseau spatial survolant une étoile argentée, symbolisant la quête de l’amour. Une vision de l’artiste anglais Glenn Brown. Il signe ici sa première tapisserie.
"Je pense que les gens en ont marre de regarder des écrans toute la journée", argumente l’artiste anglais présent à la tombée de métier à Felletin ce jour-là. "Les gens aiment cette idée de faire quelque chose, de leurs mains. De la dextérité. C’est une réaction au monde moderne. Le public recherche quelque chose de réel, d’authentique. C’est ce que la tapisserie permet", se réjouit l’artiste.
La manufacture Pinton a toujours collaboré avec de grands artistes, comme Le Corbusier, ou beaucoup plus récemment, Fernando Botero, l’artiste peintre et sculpteur colombien.
"La tapisserie est redevenue un médium pour les artistes contemporains", explique Lucas Pinton, PDG de la manufacture du même nom. "Ça a été le cas pendant des années. Ça a été un peu délaissé, je pense par faute d’Aubusson, ou des manufactures qui n’ont pas su aller chercher les artistes. Et là, ça y est, ça s’est réenclenché, en tous cas nous à la manufacture Pinton, on a réenclenché cela. Et on arrive de nouveau à convaincre les artistes à faire des tapisseries", insiste le chef d’entreprise.
On ne connait pas la valeur de cette œuvre, mais chaque toile de Glenn Brown avoisine le million d’euros. Une commande record qui marque le regain d’intérêt du monde de l’art pour ce medium ancestral.
"Après avoir utilisé beaucoup la photographie, les artistes viennent à de nouveaux mediums", explique Samia Saouma, la directrice de la galerie Max Hetzler qui a fait le déplacement. "Les artistes regardent désormais de près la tapisserie qui est passée pour démodée si je puis dire, mais qui en fait est tellement intense, riche, intéressante, différente, originale, que bien sûr un beau jour, les artistes ont décidé de se pencher là-dessus", confie-t-elle dans un large sourire.
Pursuit of love, c’est le nom de cette œuvre qui sera exposée à Paris du 20 au 23 octobre au Grand Palais éphémère, lors de la Foire Art Basel, principal salon du marché de l’art international.