Pour Jacques Chirac, la Creuse n’avait évidemment pas la même importance que la Corrèze et pourtant il regardait avec une affection particulière ce petit territoire du Limousin, il n’a pas manqué d’y intervenir politiquement.
En Creuse, Jacques Chirac avait ses fidèlesParmi eux, Serge Phalippou. Actuel membre de l’opposition au conseil municipal de Guéret, il a été pendant longtemps trésorier du RPR pour la Creuse, membre du conseil national et, à ce titre, proche de Jacques Chirac et très ému par la disparition de celui qu’il considérait comme « un patron… un grand frère ».
Chaque fois qu’il me voyait, il avait un mot gentil : alors ça va la Creuse ? disait-il. Il y avait du paternalisme, vous sentiez une chaleur que vous ne sentiez pas chez d’autres
tient à réaffirmer M. Phalippou.
Une empreinte qui dépassera le stade de l’accolade et du mot gentil puisqu’elle aura une traduction politique.En 1978, Jacques Chirac aide Jean-Claude Pasty à se faire élire député à l’époque où il existait encore deux circonscriptions dans le département. Le même Jean-Claude Pasty, dont Chirac appuiera la candidature au parlement européen en 1984 (jusqu’en 1999), en faisant ainsi entrer un creusois à Strasbourg.
En 1993, Jean Auclair est élu député de la deuxième circonscription de la Creuse en battant le candidat officiel du RPR, le maire d’Aubusson Thierry Ratelade. Une candidature dissidente qui lui avait valu l’exclusion. Après sa victoire Jacques Chirac l’appelle pour le convaincre de réintégrer les rangs du parti, comme il l’a raconté vendredi matin chez nos confrères de France Bleu Creuse.
Il faut que tu ré-adhères au parti, parce que gagner une fois c’est bien mais gagner deux fois c’est beaucoup plus difficile. Et je peux te donner un conseil : vu le profil que tu as, tu n’as rien à faire à Paris, reste dans ta Creuse, laboure la en long, en large et en travers, occupe-toi des gens, parce que pour faire de la politique il faut aimer les gens et tu seras réélu.
Une stratégie payante qui lui vaudra d’être réélu en 1997, en 2002 et en 2007.
Un territoire, aidé aussi financièrement
Le soutien de Chirac pour ce petit territoire rural s’est aussi traduit en espèces sonnantes et trébuchantes, comme le confie Serge Phalippou.
Maintenant je peux vous le dire, il y a prescription. J’étais chef comptable à la DDE de la Creuse et je voyais arriver l’argent de Paris. Tous les soirs, je signais les mandats, des dizaines de milliers de francs en particulier pour la N145. Des crédits qu’on n’aurait pas eus si Chirac n’avait pas été dans les ministères. C’était à ce titre : le bienfaiteur de la Creuse
Plus anecdotique, dans les années 80 après le lancement de France Bleu Creuse (Radio la Creuse puis radio France Creuse), le RPR considère que la radio est au service du conseil général de la Creuse socialiste et décide de contre-attaquer en créant Radio en Marche. Jean-Claude Pasty et Serge Phalippou plaident alors auprès de Jacques Chirac pour avoir les moyens de lancer la radio :
On avait besoin d’argent frais et ce sont 7000 francs, tirés de la cassette personnelle de Chirac, qui ont permis d’acheter une partie du matériel de la radio.
D'autres élus se souviennent également de l'homme
Vincent Turpinat, Maire (EM) de Jarnages, était en 2002 Président des jeunes RPR pour la Creuse. Il menait campagne pour la réélection de Jacques Chirac. Un héritage politique qu'il revendique aujourd'hui.
Jacques Chirac était un peu le précurseur d'En Marche, c'était un grand rassembleur
Michel Vergnier a été longtemps un adversaire politique. Mais, aujourd'hui, il préfère se remémorer de bons souvenirs et notamment une visite conjointe du salon de l'agriculture.
Je voyais agir le président, une parole pour tout le monde, un geste pour chacun, c'était surprenant, c'est vrai, nous étions impressionnés.