Comment la forêt limousine s’adapte au changement climatique

Après un été de sécheresse, marqué par de violents incendies, la forêt limousine semble mieux résister aux attaques du réchauffement climatique. Une immuabilité de façade, car dans l’ombre des futaies, la forêt se transforme. Depuis plusieurs années les acteurs de la filière bois, mais aussi les citoyens agissent pour adapter la sylviculture à ces nouvelles conditions climatiques.

Bien longtemps représenté par une feuille d’orme des montagnes (ou de châtaigner), le Limousin n’est pourtant pas historiquement une région forestière. Jusqu’au XIXe siècle les bois n’occupent qu’une petite partie du territoire (150 000 ha), le reste étant occupé par des terres agricoles et des landes, sur le plateau de Millevaches notamment.

C’est après la Seconde Guerre mondiale, porté par les besoins de reconstruction et une politique intensive de plantation que le Limousin va connaître une très forte expansion forestière. Aujourd’hui, les 585 000 ha de forêt représentent près de 35% du territoire Limousin. Ils sont principalement composés de feuillus (70 %) mais aussi de monoculture résineuse (30 %) dont une majorité d’épicéas et de douglas.

Accélérer l’arrivée de nouvelles essences

Mais ces essences ne sont plus forcément adaptées au climat Limousin. Les coopératives forestières envisagent d’ores et déjà l’arrivée de nouvelles espèces d’arbres. La coopérative Unisylva, qui réunit près de 1 500 propriétaires privés sur le territoire, développe depuis trois ans des « îlots d’avenir ». 

Sur de petites parcelles de 0,5 à 1 ha sont implantés des arbres provenant de région plus au sud, comme le cèdre de l’atlas qui se retrouve désormais sur les massifs corréziens et creusois. D’autres essences comme le séquoia géant pourraient bientôt se retrouver dans nos forêts.

On aide des essences plus résistantes à remonter plus rapidement. Le changement climatique est trop rapide par rapport à la capacité naturelle de migration de ces espèces.

Emmanuel Cacot, Directeur technique d’Unisylva

Le plan France Relance prévoit d’ailleurs une enveloppe de 200 millions d’euros pour soutenir l’adaptation des forêts françaises au réchauffement climatique. L’objectif affiché, planter 45 000 hectares de forêts afin de capter 150 000 tonnes de CO2. Un dispositif permettant la coupe de parcelles affectées par les aléas du climat.

Face à une parcelle qui dépérit, un peuplement malade et donc peu valorisable, il n’y a pas de réelles alternatives à la coupe rase.

Emmanuel Cacot, Directeur technique Unisylva

Il s’agit par exemple de plantations d’épicéas, ravagées par les sécheresses à répétition ou par l’attaque d’insectes comme les scolytes. Ces parcelles sont donc rasées avant d’être reboisées.

De nombreuses associations écologistes, comme Canopée, dénoncent cependant la mise en œuvre de ces aides aux propriétaires privés. Ces derniers peuvent utiliser ces fonds pour réaliser des coupes rases sur des parcelles jugées saines en vue d’un reboisement en quasi-monoculture.

Diversifier et préserver

C’est sur ce point que de nombreux collectifs s’opposent à la gestion des grandes coopératives forestières. Pour ces militants d’une sylviculture alternative, les coupes rases sont un non-sens environnemental. Un tel phénomène entraîne en effet un saccage des sols et un fort rejet de CO2.

Dans le Sud de la Creuse, l’association « Les Tisserands » a décidé d’acheter en 2019 une dizaine d’hectares dans les bois de Saint-Moreil, afin de les préserver de toute exploitation industrielle. L’idée est d’entretenir une forêt en « sylviculture mélangée à couvert continu ». Plus concrètement, il s’agit d’entretenir la cohabitation entre différentes essences de différents âges afin d’éviter la coupe rase.

Pour cela, le collectif privilégie la coupe ponctuelle de certains arbres identifiés comme murs. Leur prélèvement permettra la création d’éclaircies au sol pour les jeunes pousses. Les bois morts sont également laissé à terre afin d’améliorer la capacité des sols à absorber l’eau. Une gestion moins interventionniste et plus ciblée, mais pas une « mise sous cloche ».

Un type de gestion qui gagne du terrain. A la quinzaine de « groupements forestiers citoyens » recensés s’ajoute une douzaine de gestionnaires forestiers indépendants qui utilisent déjà ces techniques au quotidien. C’est le cas d’ « Avenir forêt », une entreprise qui gère près de 500 ha réparties chez 140 propriétaires en Corrèze.

Au total près de 1 000 hectares seraient gérés selon ces principes en Limousin selon Laurent Carayol, membre de l’association l’Aubraie. Une goutte d’eau à l’échelle de 580 000 ha que compte l’ancienne région, mais qui pourrait bien finir par faire tache d’huile. 

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