Ces quatre derniers jours, d'importants orages se sont abattus sur le Limousin. La Haute-Vienne, la Creuse et la Corrèze ont été placés en vigilance orange à plusieurs reprises. Mais ces précipitations très localisées et ponctuelles n'ont pas contribué à améliorer la situation des sols toujours en déficit hydrique.
Depuis dimanche 19 juin, le Limousin fait face à d'importants orages, souvent intenses et très localisés. La vigilance orange a été déclenchée à plusieurs reprises par Météo France.
Au premier abord, on pourrait penser que ces intenses précipitations ont pu contribuer à améliorer la situation des sols en état de sécheresse depuis plusieurs semaines. Mais dans les faits, c'est loin d'être le cas.
"Les orages que l'on a eu ces derniers jours ont donné localement aux alentours de 30 millimètres de pluie, mais c'est très hétérogène il y a eu des endroits ou il y en a eu plus que d'autres", explique Michel Galliot, climatologue et président de Limousin Nature Environnement.
Selon Météo France, c'est en effet l'Ouest du Limousin qui a été le plus touché par ces orages, notamment la Haute-Vienne.
Ce sont des pluies abondantes sur des courtes durées. A cette période de l'année, les orages sont un phénomène assez classique. Comme on a eu un temps très chaud, ils prennent beaucoup d'énergie, on a donc de fortes précipitations voire parfois de la grêle.
Françoise Marguerat, responsable Météo France Limoges
5 millimètres de pluie évaporés en une journée
Par endroits, jusqu'à 65 millimètres de pluie ont été observés durant cet épisode orageux selon Météo France. "Ça n'a pas d'impact significatif sur les réserves d'eau. Cela permet d'alimenter un peu le sol et baisser un peu le niveau de sécheresse. Mais il faut savoir qu'un jour ensoleillé évapore 5 millimètres de pluie. Si on fait le calcul en une semaine les 30 millimètres sont évaporés", détaille Michel Galliot.
Ces pluies ça fait du bien aux cultures, à la nature, mais ça n'a pas d'effet réel sur la sécheresse. La situation des sols que l'on retrouve actuellement c'est une situation que l'on a moins d'une année sur 10. Ce n'est pas suffisant pour retrouver une situation normale, il faudrait bien plus de pluie. Or là, on devrait avoir encore des orages jusqu'à la fin de la semaine et à partir du début de semaine prochaine, le beau temps fait son retour avec des températures de saison.
Françoise Marguerat, responsable Météo France Limoges
Niveau très bas des nappes phréatiques
Du côté des nappes phréatiques, difficile pour le moment d'évaluer les effets. Murielle Thinon-Larminach est hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de Nouvelle-Aquitaine, elle explique : "ce qu'il faut comprendre c'est qu'au mois de juin, une partie de l'eau est interceptée par la végétation qui a un énorme besoin d'eau. Là on avait des sols qui étaient extrêmement secs, ça a d'abord beaucoup ruisselé et donc ça a seulement pu commencer à s'infiltrer en direction des nappes".
Avant d'ajouter, "mais attention commencer ça ne veut pas dire que ça s'est infiltré dans les nappes".
Peu d'effet donc visiblement sur le niveau des nappes phréatiques qui reste très préoccupant selon le BRGM de Nouvelle-Aquitaine d'autant plus que "le territoire du Limousin a une énorme spécificité qui joue aussi sur les sols. C'est un territoire où les sols sont granitiques. Dans ces sols, l'eau s'infiltre beaucoup moins facilement que dans le calcaire".
On a au total une quarantaine de point de mesure dans le Limousin. Sur quelques points, on voit que ça ne descend plus, on note également une légère remontée sur d'autres points mais c'est encore un peu tôt pour voir un effet. Il faudrait qu'il y ait encore de la pluie pour constater un réel effet notable
Murielle Thinon-Larminach, hydrogéologue au BRGM de Nouvelle-Aquitaine
Un mois de mai anormalement chaud
Pour cause, les sols ont été mis à mal au mois de mai, anormalement chaud, sec et très ensoleillé. Sur tout le mois, malgré quelques épisodes orageux localement violents, les pluies ont été rares et peu abondantes. Sur l’ensemble du territoire, moins de dix jours de pluie ont été enregistré.
Selon Météo France, 2022 est le mois de mai le plus sec depuis 1959 devant mai 1989 et mai 2011, déficitaires en eau de près de 60 %.
Pour l'heure, la Creuse reste en alerte sécheresse, "cela signifie que des restrictions sont déjà en vigueur", précise Murielle Thinon-Larminach. La Haute-Vienne et la Corrèze restent quant à elles en vigilance sécheresse.
Les restrictions d'usage en Creuse
L’alerte sécheresse impose des mesures de restriction d’eau. Les usages non prioritaires sont restreints. Sont notamment interdits :
- l’irrigation ou l’arrosage entre 8h et 20h des cultures, pépinières et vergers, des golfs, des jardins potagers et balconnières, des jardinières de fleurs et bandes fleuries, des pelouses publiques et privées, des jardins publics, des terrains de sport et des espaces verts…
- l’alimentation des fontaines en circuit ouvert.
- le lavage ou le nettoyage à l’eau des voiries publiques, des trottoirs, terrasses, façades… hors impératif sanitaire ou travaux en cours.
- le remplissage des piscines existantes et des bassins d’agrément, sauf renouvellement d’eau partiel imposé par l’Agence Régionale de Santé pour des impératifs sanitaires dans les piscines collectives.
- le lavage des véhicules hors stations de lavage spécialisées équipées d’un système de recyclage et sauf nécessité sanitaire ou technique.
Ces mesures s’appliquent jusqu’au 31 juillet, mais pourront être modifiées en cas d’évolution de la situation.