Depuis 18 ans l'ancienne rock star des années 70 Jean-Yves Labat de Rossi enregistre des musiciens classiques de renom dans le monde entier.
Installé en Creuse, son label Ad Vitam Records a produit une soixantaine de disques.
Mais la crise du coronavirus a stoppé brutalement son activité.
Aux confins de l'Auvergne et du Limousin, derrière les murs du vénérable prieuré du petit village Creusois de Saint-Avit de Tardes, Jean-Yves Labat de Rossi et son épouse Anne Dieumegard construisent depuis presque 20 ans un des labels les plus connus, et désormais reconnu, des amateurs de musique classique.
Disque après disque, année après année, Ad Vitam Records a su séduire les mélomanes les plus curieux et les plus exigeants par l'originalité de ses découvertes et l'éclectisme de ses choix.
De woodstock à Jérusalem, en passant par Sarajevo ou Notre Dame de Paris, son producteur Jean-Yves Labat de Rossi a déjà eu plusieurs vies.
Mais du rock le plus déjanté au classique le plus pur, elles ont toujours été guidées par la musique.
Aujourd'hui, s'il a su acquérir une grande réputation, le label Ad Vitam Records reste une très petite entreprise, une TPE dans le jargon des économistes.
Pas de salariés : Jean-Yves Labat de Rossi et Anne Dieumegard, ses deux créateurs, en sont les uniques animateurs.
Jean-Yves pour la production artistique, Anne pour la gestion et la distribution : un duo passionné mais fragile qui depuis plusieurs semaines subit de plein fouet les conséquences de la tempête déclenchée par le coronavirus.
Plus d'enregistrements, plus de production, plus de ventes
Tous les projets engagés dans les mois qui ont précédés la crise sanitaire ont été stoppés. Tous ont dû être reportés ou carrément annulés.
Le 16 mars dernier, le jour de l'annonce du confinement, Jean-Yves Labat de Rossi était en pleine session d'enregistrement avec le Trio Arcadis à Paris. La séance a tourné court. Le projet est annulé.
Aucun des autre enregistrements prévus par Ad Vitam n' a bien sûr pu avoir lieu depuis.
D'autres projets en cours de production déjà engagés ont dû être reportés.
Je suis très triste pour les artistes, parfois on les réconforte au téléphone. Nous, ça va nous amputer d'une année de travail ... Jean-Yves Labat de Rossi
Pour les cent ans de la mort de Camille Saint-Saëns, les oeuvres complètes de la musique de chambre pour cordes et piano de l'artiste interprêtées par le pianiste Laurent Wagschall devaient être publiées dans un coffret de 6 CD.
Les célèbres pianistes Rousten Saïtkoulov et Tristan Pfaff enregistrés à Villefavard devaient également être édités.
Une interprétation de musiques de films par le Trio Danadiev devait être produit et mis en vente.
Un CD du Quatuor Eclisses était gravé et prêt à être commercialisé. Impossible de le diffuser : tous les points de vente de disques sont fermés depuis plusieurs semaines.
Le secteur de la culture est l'un de ceux dont l'économie a le plus souffert de la crise du coronavirus et du confinement qui s'en est suivi.
Dans ce secteur, Ad Vitam Records est désormais extrêmement fragilisé.
Un chiffre d'affaires plombé par l'arrêt des concerts
Soixante-dix pour cent de ses recettes proviennent de la vente de CD à l'issue des concerts des artistes qu'elle produit. Une fois les concerts annulés, les ventes ont immédiatement cessé.
Même scénario bien sûr pour les disques commercialisés chez les disquaires et dans les points de vente spécialisés.
Quant aux recettes générées par les plateformes de musique en ligne ou le site internet d'Ad Vitam Records, elles ne représentent qu'une part infime du chiffre d'affaires de l'entreprise, réduit à néant depuis maintenent plus d'un mois.
Les concerts ne sont pas prêts de repartir, on va traverser une période très cruelle pour les artistes et pour nous ... Anne Dieumegard
Pour l'instant Ad Vitam Records n'a touché que l'aide de 1500€ de l'Etat.
L'entreprise propose des promotions pour relancer un peu les ventes sur son site internet et promouvoir son fonds particulièrement riche.
On y trouve même des CD de musique et de contes pour les enfants, qui peuvent s'avérer particulièrement appréciables en cette période de confinement et de promiscuité familiale.