En France pour prendre rendez-vous chez un dermatologue, le délai moyen d’attente est de 95 jours. Mais en Creuse, ce délai atteint 6 mois car il n’y a plus de spécialiste depuis 3 ans.
Des solutions existent, mais elles sont insuffisantes.
A l’hôpital de Guéret, deux jours et demi par semaine, entre 30 et 35 patients sont accueillis pour des consultations dermatologie. Ils sont pris en charge par Laurence Nespoulous. Cette spécialiste n’est pas creusoise, elle est détachée par le CHU de Limoges.
En plus de ces consultations avancées, l'Agence Régionale de Santé (ARS) a développé depuis décembre 2018, un dispositif expérimental en Nouvelle-Aquitaine : la télé-expertise.Il faudrait au moins deux dermatologues à plein temps pour pouvoir répondre à l’ensemble de la demande, remarque la dermatologue.
Moi, toute seule, deux jours et demi par semaine, c’est compliqué pour voir toutes les demandes de dermato de la Creuse et parfois même de l’Indre, de Montluçon et des départements limitrophes.
18 sur 90 médecins creusois utilisent actuellement cette application baptisée « Smart Derm » :
Les photos sont ensuite envoyées à des dermatologues à Bordeaux, Limoges, où elles sont analysées. 48 heures après, la réponse arrive :Une fois que l’on a fait la photo de notre patient, on met quelques mots d’explications et on joint les photos, explique Claude Landos, médecin généraliste à la Celle-Dunoise.
Cette solution a été mise en place par l’ARS depuis que les deux derniers dermatologues du département ont pris leur retraite en mars 2016.C’est quelque chose de grave, faites tel traitement, c’est urgent ou ça ne l’est pas.
Depuis, aucun nouveau spécialiste n’est venu s’installer en Creuse.
Comment en est-on arrivé là ?
Ce constat est valable pour d’autres spécialités : plus de neurologue, ophtalmologue ou encore néphrologue (le département n’a jamais eu de spécialiste du rein).Pour un tas de raisons, répond Jean-Paul Lamiraud, le président du conseil départemental de la Creuse de l’Ordre des médecins.
Il y a un problème de renouvellement des générations.
On constate cette situation et on voit ce qu’on peut faire avec l’ARS. Mais en l’absence de système contraignant, on ne peut pas faire grand-chose.
L’accès des soins pour le Creusois n’est plus satisfaisant alors qu’il était bon il y a 10 ans.
Carte des déserts médicaux
La situation n’est pas nouvelle, mais elle vient d’être mise en exergue par une enquête publiée récemment par « le Guide Santé ».Sans surprise, dans cette « carte interactive des déserts médicaux en dermatologie », la Creuse est figure en bonne position avec « aucun dermatologue disponible ».
Pour réaliser cette étude, le groupe a, entre juin et décembre 2019, enquêté auprès 3341 dermatologues conventionnés, afin de calculer le délai moyen d’attente.
Résultat : une moyenne nationale de 95 jours et en Creuse, 6 mois d'attente.On s’est mis dans la place d’un patient qui cherche une première consultation chez un dermatologue, explique le docteur Jean-Pascal Del Bano, co-fondateur du Guide Santé. Quand un dermatologue est capable de donner 3 rendez-vous, à 3 appels différents et à des temps différents, c’est effectivement il prend de nouveaux patients. Quand il n’en donne qu’un et qu’après vous n’avez plus rien pendant 6 mois, nous considérons qu’il ne prend pas de nouveaux patients.
La solution du privé
Cette étude du Guide Santé ne vient pas tout à fait par hasard. Ce groupe privé prévoit en effet de mettre en place un nouveau service dans d’ici quelque mois : un numéro national gratuit pour les patients et pour les médecins (mais qui sera financé par des annonceurs tels que les assurances santé, les mutuelles ou l’industrie pharmaceutique) qui permettra de prendre des rendez-vous avec des médecins spécialistes.Ce qu’au final beaucoup de patients font déjà…Nous, on a la base de données et on sait où on peut envoyer les gens, mais des fois, il va falloir prendre la voiture et faire 50 ou 100 kilomètres.
Autres données
Il existe d'autres cartes officielles qui recensent les médecins géréraux et spécialistes en France :- celle de l'Ordre nationale des médecins
- celle du Ministère des Solidarités