De 2,15 € à 9,01 € le m3, le prix de l'eau varie en Limousin

En fonction de la commune où nous habitons dans le Limousin, la facture d’eau ne sera pas la même. Selon les endroits, le prix au m3 peut être multiplié par quatre. Pourquoi de telles différences ? Quel pouvoir avons-nous sur notre facture ?

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Dans le Limousin, c’est une commune creusoise qui décroche la palme de l'eau la moins chère.  À Saint-Sulpice-le-Dunois, dans le nord-ouest du département, les habitants paient 2,15 € le m3 d’eau, réparti de la manière suivante : 1,65 € pour l’eau potable et 50 centimes pour l’assainissement. En moyenne en France, l'eau potable coûte 2,3 € le m3.

Une eau plus chère dans le sud Corrèze

On trouve les moins bons élèves dans le sud de la Corrèze : gérées par le syndicat mixte Bellovic, les communes comme Altillac, Beaulieu sur Dordogne, Astaillac, Liourdres… affichent un prix au m3 de 9,01 €. Dans le détail, cela donne 4,24 € pour l’eau potable, alors que la moyenne du département est de 2,43 € et de 4,77 € pour l’assainissement, alors que la moyenne du département est de 2,70 €.

À noter que le syndicat mixte travaille avec un délégataire de service public.

Car il y a différentes manières de gérer l’eau. En DSP, la délégation de service public, une collectivité sous-traite avec la SAUR par exemple, ou Véolia. Il y a également la régie directe, c’est le cas de la communauté urbaine de Limoges qui propose le m3 d’eau à 3,79 €. Il y a aussi la gestion mixte.

Quelles sont les différences ?

À Villefavard, une des deux communes de Haute-Vienne, avec Peyrat-le-Château, où l’eau est la moins chère (3,31 € le m3 pour l’eau potable et l’assainissement), on estime que le choix est politique "Nous avons nos sources et nos captages, pas besoin d’acheter l’eau, explique Francine Barraud, 1ʳᵉ adjointe à la commune de Villefavard. Mais c’est une volonté de la commune de garder un prix bas".

À Villefavard, l’eau potable est gérée par une régie municipale, contrairement au syndicat mixte Bellovic dans le sud de la Corrèze. Dans le cas d'un délégataire de service public, même si le prix de l'eau est fixé par la collectivité, il y a des frais supplémentaires. On le voit sur les factures et leur évolution. 

Pour l'eau potable, la part du syndicat Bellovic était de 44,67 € HT en 2022, elle est de 45,12 € en 2024, quelques centimes de plus. En revanche, la part du délégataire, la SAUR, est passée de 87,81 € à 103,06 €, soit une hausse hors taxe de 15,25 € en deux ans. 

En France, de nombreuses grandes villes ont abandonné la gestion privée de leur eau, c'est le cas de Paris, Nice, Montpellier, Grenoble, Lyon et plus récemment Bordeaux. Dans le Limousin, Tulle a pris cette direction en 2014, comme Guéret plus récemment, aujourd'hui sous l'égide de la communauté de communes du Grand Guéret. 

Retour en arrière

À Villefavard pourtant, on s'inquiète de ne pas maîtriser les tarifs longtemps encore. "Quand on n’aura plus la main sur le prix, il va forcément augmenter.", explique la 1ʳᵉ adjointe.

Car la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) de 2015 prévoit de confier la compétence de l’eau aux communautés de communes le 1ᵉʳ janvier 2026. Sauf qu'il pourrait y avoir du changement. En tout cas pour les communes qui n'auraient pas encore franchi le pas. 

Le jeudi 17 octobre 2024, le Sénat a adopté la proposition de loi visant à assouplir le transfert des compétences eau et assainissement aux intercommunalités. Le texte maintient la possibilité pour les communes de transférer volontairement ces compétences à leur intercommunalité, tout en supprimant l’obligation légale. Les députés examineront le texte le 17 décembre prochain.

Qu'est-ce qui fait le prix de l'eau ? 

Le gestionnaire n'est pas le seul à faire fluctuer le prix de l'eau d'une commune à l'autre. Entrent aussi en jeu la disponibilité et la provenance de la ressource en eau, des traitements nécessaires, l'âge du réseau et les travaux à envisager. 

S'il est donc un seul levier sur lequel le citoyen peut agir pour tenter de réduire sa facture, ou pour en limiter l'explosion, c'est sa consommation : une douche plutôt qu'un bain, limiter le lavage de la voiture, l'arrosage du jardin, éviter de laisser couler l'eau pendant le brossage des dents, des mesures de bon sens à appliquer même lorsque nous ne connaissons pas la sécheresse. 

En revanche, le Sénat a voté une augmentation de la TVA sur l'eau en bouteille dans la nuit du 27 au 28 novembre, pour inciter les consommateurs à privilégier l'eau du robinet, qui reste 40 fois moins chère que l'eau en bouteille.  

Notre reportage sur l'augmentation du prix de l'eau à Fleurat, dans la Creuse :

durée de la vidéo : 00h01mn57s
Près de 100 euros supplémentaires sur l'abonnement d'eau potable pour les habitants de la petite commune de Fleurat dans la Creuse. Une très mauvaise surprise qui a généré quelques interrogations et une pétition. Intervenants : Nicole Lamour Habitante de Fleurat, Marie-Pacale Bonnal Membre du collectif "Eau de Fleurat", Jean-Marc Berger Membre du collectif " Eau de Fleurat". Équipe : Lisa Macineiras, Carole Maillard, Sophie Spielvogel. ©FTV

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