Elle touche de plus en plus d'exploitation en Limousin, la fièvre catarrhale ovine (FCO) se propage. Et les élevages ovins et bovins en payent le prix. Près de 400 exploitations sont touchées actuellement en Creuse, et la situation risque de se détériorer, car les températures douces, actuellement, favorisent la prolifération du moucheron, responsable des contaminations.
"On a encore eu deux nouveaux cas, ce matin ! Une qui est morte dans la nuit, et une autre qui va suivre je pense, sous peu", explique la gorge serré l’éleveur ovin et bovin rencontré ce lundi en Creuse. En moins d’un mois, David Munné a perdu 35 de ses brebis, soit 10% de son cheptel. Et il n’est pas le seul : à ce jour, 375 exploitations sont touchées par la FCO de sérotype 8. Une crise sanitaire sans précédent.
"Il y avait eu quelques cas il y a une dizaine d’années, mais pas à ce niveau-là. Nous n’avons jamais subi de tels ravages, mais bon avec le changement climatique, on sait qu’on va avoir de plus en plus de problèmes à ce niveau-là donc, il va falloir qu’on s’adapte, notamment en vaccinant nos bêtes systématiquement", s'engage l'éleveur.
La Creuse est en fait prise dans un étau de trois maladies. La FCO de type 8, qui progresse vers la Haute-Vienne… mais il y a aussi le type 3, qui arrive par le nord-est, et encore la MHE, la maladie hémorragique épizootique. Cette maladie vient d’entrer sur le territoire : deux foyers viennent d’être détectés.
"Ce qu’il faut savoir, c’est que ce sont deux maladies qui ont exactement les mêmes symptômes. Ce sont des animaux qui bavent. Ce sont des animaux qui boitent. Ce qui fait qu’à première vue, on ne peut pas savoir quelle est la pathologie dont ils sont porteurs. Donc aujourd’hui, toutes les suspicions sont analysées systématiquement en FCO 8, en FCO 3, et en MHE", détaille Marien Bataille, technicien au sein de l’association GDS, spécialisée dans la santé animale en Creuse.
10% de mortalité chez les ovins, et pour les bovins, fausses couches et veaux anormaux. Les conséquences économiques sont lourdes pour les éleveurs, qui doivent d’ailleurs déclarer leurs animaux s’ils veulent espérer une aide de l’État.
En attendant, la seule parade, c’est la vaccination.
"Comme la vague FCO 8 est passée, on peut s’interroger effectivement au cas par cas de l’opportunité de le faire dans l’urgence. Le vaccin contre le sérotype 3 mis à disposition par l’État, il est encore temps de le faire, puisque le front est à peu près à 80 ou 100 kilomètres au nord-est. Pour la MHE, il est encore temps d’agir. La difficulté, on en a bien conscience, c’est qu’actuellement, les animaux sont dehors. Mais on insiste quand même sur le fait que la sécurité sanitaire, c’est la vaccination", Nicolas Athanassiadis, vétérinaire référent FCO.
Aujourd’hui, la vaccination FCO 3 est prise en charge par l’Etat, celle de la MHE reste à charge des éleveurs, sauf pour sept communes à l’est de la Creuse, qui viennent d’intégrer le bouclier sanitaire.