La fronde des anti-éoliens prend de l'ampleur en Creuse. Près de 300 personnes se sont rassemblées à Guéret pour manifester samedi 10 octobre 2020. Selon le collectif qui fédère les associations, 200 éoliennes devraient sortir de terre dans ce département d'ici 2030.
On veut que les élus nous suivent, suivent la population comme c'est un peu leur rôle en démocratie.
Parmi les opposants, Jérôme Laverny qui s'est installé en Creuse il y a plus de 4 ans pour la beauté de ces paysages. Il ne s'attendait donc pas à avoir comme future voisine une éolienne à moins de 600 mètres de sa maison.
Comme le font aujourd'hui beaucoup de gens qui s'installent en Creuse, moi je recherchais la tranquillité, le silence, le calme. A la clé, je vais avoir ces éoliennes qui vont supposer que ma maison ne vaut rien, ne vaudra plus rien.
Au total, six éoliennes de 150 mètres de hauteur devraient sortir de terre dans cette zone pourtant peu venteuse au-dessus de Janaillat. Validé en préfecture en décembre 2019, ce projet est remis en question par une partie des riverains qui craignent notamment "un impact au niveau du bruit et un impact stromboscopique".
Anti-éoliens : sont-ils vraiment représentatifs ?
Selon un sondage réalisé en 2016 par l'IFOP (Institut français d'opinion publique) à la demande de la fédération France Energie Eolienne, plus des trois quarts des Français, y compris des riverains de parcs éolien, auraient une image positive de cette énergie. Cité par le site actu environnement, Jérôme Fouquet, directeur du département opinion de l'Ifop confirme que "ces résultats sont surprenants, en décalage complet avec le bruit de fond et d'opposition que l'on entend".
L'étude révèle également que même s'ils vivent dans une commune située à moins de 1000 mètres d'un parc éolien, 49% des sondés ont une très bonne image de l'éolien. Ils ne sont que 7% à avoir une très mauvaise image de cette énergie.
L'éolien, une filière amenée à se développer mais pas sans volonté politique
La « loi de la transition énergétique pour la croissance verte » a été promulguée le 18 août 2015. Elle vise à permettre à la France de contribuer plus efficacement à la lutte contre le dérèglement climatique et de renforcer son indépendance énergétique, tout en garantissant un accès à l’énergie à des coûts compétitifs.
Les objectifs fixés dans la loi sont ambitieux. Elle prévoit de porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020, et à 32 % en 2030.
[#TransitionEnergetique] Publication de l'observatoire de l'#éolien 2020 : la filière #éolienne 1er employeur des énergies renouvelables en France. On fait le point sur les enjeux, le marché et les #emplois. #EnR #EMR #énergie
— FEE (@feeasso) September 22, 2020
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Pour la filière éolienne, il n'y aura pas de transition sans volonté politique. Nicolas Wolff, président de France Energie Eolienne qui rassemble plus de 300 professionnels de la filière éolienne en France indiquait dans un communiqué daté du 20 septembre 2020 : « La filière éolienne a été exemplaire durant la première partie de cette année très compliquée et a su montrer sa capacité de résilience en assurant la continuité de sa production démontrant ainsi son rôle essentiel pour la sécurité d’approvisionnement de notre pays. Maintenant nous devons collectivement nous tourner vers l’atteinte des objectifs PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) et l’harmonisation du développement de l’éolien sur notre territoire. Ces deux enjeux ont un dénominateur commun, la libération d’espace de développement".
Aujourd’hui, 47% du territoire national est interdit à l’éolien. L’urgence est donc à la cohérence entre objectif et moyens mis en œuvre pour les atteindre.
La PPE 2023-2028 prévoit de multiplier par 2,5 les capacités de production éoliennes d’ici 2028. Ces objectifs donnent un cap qui ne sera respecté que si certains freins structurels sont levés. La filière attend donc du gouvernement la mise en cohérence des objectifs de la PPE avec les problématiques de libération d’espaces. "Ce travail interministériel est impératif pour permettre un développement harmonieux et équilibré de l’éolien dans notre pays".