Assises de la Creuse : les plaidoiries des avocats de la famille d'Alexis face à une vérité qui se dérobe

Quatrième jour du procès. Plus de trois ans après le drame, la mère d’Alexis, ses deux jeunes frères, ses grands-parents comme les autres membres de la famille attendent que justice soit rendue. Leurs avocats ont plaidé ce jeudi 20 janvier 2022 en leur nom, pour qu'Alexis revienne au cœur de ce procès, même si tous savent à présent qu’ils n’obtiendront pas la vérité qu’ils sont venus chercher.

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Les débats sont désormais clos. Le temps est venu aux plaidoiries et aux réquisitions.

En ce quatrième jour d'audience, la parole est donnée aux parties civiles. Trois avocats les représentent.

Maître Virginie Turpin intervient pour Nadia Petit, devenue maman à 22 ans avec la naissance du premier de ses trois enfants, Alexis. Décrite comme gaie et enjouée, ayant foi en la vie avant de rencontrer Frédéric Bernady.

C'est une vie d'insultes et de coups qu'elle subira au fil des années. La mort d'un enfant à 8 mois de grossesse la fait décrocher. Elle ne parvient pas à protéger ses garçons, en 2010 ils sont retirés du foyer. Le petit dernier a alors 13 mois et fait 7,5kg. "mais elle les aime ses garçons et personne ni aucune institution n'a mis en doute son attachement et son amour maternel". C'est pour la protéger qu'Alexis revient vivre au foyer à sa majorité, lorsqu'il quitte sa famille d'accueil.

Alexis au grand coeur. Alexis souriant. Alexis inventif, bon élève, facile à vivre. Alexis le grand frère protecteur. 

Alexis le petit-fils. Maître Julia Benaïm revient sur les dépositions des grands-parents qu'elle représente. Celle d'Odette, qui ne fait pas de grandes phrases pour exprimer son chagrin mais qui se rend sur la tombe de son petit-fils trois fois par semaine. Elle qui a dit quand on lui a annoncé la mort d'Alexis« ça m’a fait un retour dans le ventre » parce que pour elle, c’est là, dans ses tripes. 

Comme pour ses autres petits-enfants, Alexis représentait l'espoir des générations futures, l’espoir de voir la famille évoluer. Et il y a Paul, le grand-père. Lui, qui est arrivé à la barre avec beaucoup d’aplomb "car il est en colère. Et la colère c’est une émotion. C’est peut-être plus simple pour lui de venir ici avec sa colère qu’avec son chagrin. Il est en colère parce qu’il avait des projets avec son petit-fils. Il se souvient de ses « t’inquiète pépé, t’inquiète je gère ». Il le revoit dans son camion, tout sourire ou en train de dormir la tête contre la portière. Paul et Odette eux, ils ont pris perpétuité" souligne Maître Benaïm.

Parmi les autres membres de la famille, se sont aussi constituées parties civiles les tantes d'Alexis, les trois sœurs de sa maman. Maître Philip Gaffet a souligné leur peine d'être aujourd'hui des membres de cette famille qu'il est préférable de ne pas fréquenter pour préserver l'équilibre des deux plus jeunes enfants placés. Cette famille dont la violence a justifié le placement des trois enfants par l’Aide sociale à l’enfance.

"Elles souffrent aujourd’hui de ne pas pouvoir entrer en contact avec leurs neveux, les deux jeunes frères d’Alexis, toujours placés. Elles espèrent qu’un jour, plus tard, elles le pourront. Pour Alexis en revanche, il n'y a plus d'espoir. Elles, qui ont toujours pensé à l’emprise que subissait leur petite sœur, "une emprise qui a fini par être un mur entre elles".  

Tous sont revenus sur la violence inouïe qui s'est abattue sur Alexis ce soir du 28 août 2018. "Un passage à tabac, on ne peut pas appeler ça autrement". Un visage tuméfié et une cage thoracique enfoncée. Qui n'a même pas pu se défendre. Lui, Alexis, un gaillard de 20 ans, en pleine force de l’âge. "Ils l’ont laissé crever, il n’y pas d’autre mot".

Tous ont soutenu leur certitude qu'ils étaient deux ce soir là, deux à avoir frappé Alexis.

Tous ont demandé à la Cour d'entrer en voie de condamnation, même si ce n’est pas leur rôle de le demander en qualité de parties civiles. 

Le réquisitoire de l'Avocat général, Bruno Sauvage, est attendu ce vendredi matin. Suivront les plaidoiries de maître Philippe Lefaure, avocat de Frédéric Bernady, et maître Guillaume Viennois, avocat de Roland Michaud. 

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