Un homme et sa complice sont jugés devant les Assises de la Creuse pour avoir braqué et ligoté un couple de buralistes de 79 et 83 ans en mai 2018 à Peyrat-la-Nonière en Creuse. Une confrontation difficile à vivre pour les victimes.
Michel et Marie-Bernadette Debelut ont longtemps hésité avant de venir assister au procès de leurs agresseurs qui a débuté ce mercredi 27 janvier 2021 devant les Assises de la Creuse.
Les faits se sont déroulés le 26 mai 2018. Il est environ 21h lorsque deux individus cagoulés pénètrent par la porte arrière du couple de buralistes à Peyrat-la-Nonière. L'un des deux hommes est armé. Le couple est rapidement ligoté. "Le plus grand m'a sauté dessus, m'a mis sur le ventre, les mains derrière le dos, et il m'a ficelé les mains et les pieds", nous expliquait Michel Debelut à l'époque.
Son épouse, Marie-Bernadette Debelut, 79 ans à l'époque, est elle aussi ligotée puis détachée pour conduire les deux individus jusqu’au tabac qui jouxte la maison. Les braqueurs dérobent alors des cartouches de cigarettes, de l'argent et des tickets à gratter pour un montant de 7700€. Une complice attendait à l'extérieur dans une voiture.
Deux personnes sont arrêtées, David Stempinsky et sa complice Isabelle Bebien. Elles sont jugées devant les Assises de la Creuse depuis hier, mercredi 27 janvier 2021.
Le couple d'octogénarires a fait le déplacement à Guéret pour assister au procès de leurs agresseurs. Une épreuve pour eux, car le choc psychologique est encore présent. "Il a fallu insister pour qu'ils viennent", explique leur avocat , Maître Jean-Louis Rousseau, "Ils avaient peur, ils ne voulaient pas rencontrer la personne qui est à l'origine de leurs problèmes encore aujourd'hui."
Un 3e agresseur dans la nature
Le deuxième homme qui a participé au braquage n'a jamais été identifié.
A l'audience ce mercredi 27 janvier, le principal suspect, David Stempinsky, a obstinément gardé le silence.
Vous pouvez me mettre la guillotine, je ne balancerai pas !
"Madame la présidente, je ne dis rien depuis deux ans et demi, ce n'est pas maintenant que je vais donner le nom de mon complique ! Je ne veux pas envoyer quelqu'un en prison !", assène-t-il.
Lors du deuxième jour d'audience ce jeudi 28 janvier, il reste sur la même ligne : "Quitte à mourir, je ne donnerai pas mon complice. Je sais Madame la présidente que vous vous dîtes : il va prendre cher. Mais je ne le donnerai pas, car je sais que la prison le détruirait..."
Expertises psychiatriques
Lors de la deuxième journée d'audience, les experts psychiatres ont rendu leurs conclusions, estimant que les capacités de David Stempinsky ne sont pas altérées : "L'accusé est loin d'être débile. Mais il a un seuil de tolérance très bas par rapport à la frustration. Il est tout à fait capable d'analyser une situation. Il sait mettre en avant ce qu'il faut dire et mettre de côté ce qu'il ne faut pas dire".
"Je ne suis pas un saint, mais je ne suis pas non plus un voyou', s'est défendu pour sa part l'accusé principal, âgé aujourd'hui de 54 ans.
Sa complice a déclaré qu'elle ne savait pas vraiment ce qui se passait à l'intérieur du bureau de tabac : "Je ne me rendais pas compte de ce qu'ils avaient dû faire, et ce que les victimes ont dû subir".
Une affaire qui a marqué les esprits
L'avocat général Bruno Sauvage estime que cette affaire est atypique dans la mesure où elle a marqué les esprits en Creuse : "Ce braquage avec saucissonnage comme on l'appelle, a marqué les esprits. En trois ans, ça a été le seul commis en Creuse à l'égard de personnes âgées, et ayant causé un trouble grave à l'ordre public."
David Stempinsky, qui a déjà été condamné à 12 ans de prison en 2007 pour des faits similaires à Marseille, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Sa complice, Isabelle Bebien, risque 20 ans de prison pour complicité d'un vol avec arme et séquestration.
Le verdict sera rendu demain, vendredi 29 janvier.