Procès de l'attentat contre Samuel Paty : les trois Normands condamnés, voici le verdict

Des peines de réclusion criminelle allant jusqu'à 16 ans ont été prononcées par les juges dans l'affaire de l'attentat contre le professeur Samuel Paty, le 16 octobre 2020, à Conflans-Saint-Honorine (Yvelines). Les trois accusés ébroïciens ont été condamnés à des peines de prison. Pour deux d'entre eux, elles sont allées au-delà des réquisitions. Les détails du verdict.

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Après près de deux mois de procès devant la Cour d'assises spéciale de Paris, les 7 juges ont rendu leur verdict dans l'affaire de l'assassinat de Samuel Paty. Ce vendredi 20 décembre 2024, le président de la cour Franck Zientara a prononcé des peines de réclusion criminelle allant jusqu'à 16 ans.

Des cris ont retenti dans la salle au moment de la prononciation du verdict. Les familles des accusés sont sorties de la salle en larmes.

Parmi les trois Normands, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov ont été condamnés à 16 ans de réclusion criminelle et Yusuf Cinar à un an.

Le grand absent dans le box est l'auteur de l'attentat, Abdoulakh Anzorov, tué par les policiers peu après la décapitation de Samuel Paty. Huit personnes étaient jugées pour leurs implications à divers degrés dans l'attaque qui a coûté la vie au professeur d'histoire-géographie.

Naïm Boudaoud, "le chauffeur" du terroriste condamné à 16 ans

Dès le début de procès le 4 novembre 2024, Naïm Boudaoud avait expliqué qu'il ne reconnaissait pas les faits qui lui sont reprochés. Le jeune ébroïcien était accusé de complicité d'assassinat terroriste dans l'attentat qui a visé Samuel Paty le 16 octobre 2020 non loin du collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Saint-Honorine (Yvelines).

Il fut le tout dernier maillon de la chaîne, le dernier rouage qui mena à la mort du professeur. C'est lui qui a conduit, en voiture, le terroriste Abdoulakh Anzorov depuis Evreux (Eure) vers les lieux de l'attentat, en région parisienne.

"Anzorov m’a pris pour un con, je me retrouve ici par sa faute, si j’avais su quoi que ce soit, j’aurais prévenu la police ou mes parents, je ne suis pas responsable. Je ne suis pas fou", avait expliqué le jeune accusé lors de son interrogatoire par les juges le 21 novembre dernier. 

Naïm Boudaoud et Abdoulakh Anzorov se sont rencontrés en 2019 dans une salle de sport d'Evreux (Eure) et "ils ne se sont vu que 16 fois en deux ans !", insiste son avocate. Durant sa plaidoirie, Me Hiba Rizkallah a estimé qu'elle était la porte-voix "d'un homme innocent" qui fait face à "une justice en déroute."

Le 15 octobre 2020, veille de l'attentat, Naïm Boudaoud avait accompagné (avec Azim Epsirkhanov) le terroriste à la coutellerie Faget dans le centre de Rouen (Seine-Maritime) pour « acheter un cadeau d’anniversaire au grand-père d’Anzorov ». Ils étaient repartis avec un couteau qui sera finalement retrouvé le lendemain, près du corps de Samuel Paty. 

Depuis le début de procès Naïm Boudaoud avait toujours expliqué qu'il ignorait les intentions d'Abdoulakh Anzorov. "Il se retrouve aujourd'hui dans le box des accusés, parce qu'Anzorov n'est plus là et qu'avec lui est partie une part de vérité", avait souligné son avocate.

Lors de sa dernière prise de parole, le 19 décembre 2024, Naïm Boudaoud avait tenté de convaincre la cour par ces mots : "Ça fait quatre ans que je suis face à une montagne qui m'empêche d'apercevoir l'horizon [...] La montagne du désespoir"

"J'ai des souffrances qui ne sont pas du tout égales à celles de la famille de Samuel Paty. Je n'ai jamais voulu faire du mal à qui que ce soit. Je suis incapable d'aider quelqu'un à faire du mal", avait-t-il ajouté.

Le parquet général avait requis 14 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Naïm Boudaoud dont deux tiers avec sûreté ainsi que 10 années de suivi sociojudiciaire.

La cour est allée au-delà de ces réquisitions et a condamné le jeune homme à 16 ans de détention pour complicité d’assassinat terroriste. Pour les faits qui lui étaient reprochés, il encourrait la réclusion criminelle à perpétuité.

Azim Epsirkhanov, "l'ami d'enfance" du terroriste condamné à 16 ans

Lors de la dernière journée d'audience, Azim Epsirkhanov affirmait d'une voix à peine audible : "Anzorov a emporté la vérité avec lui". Les deux s'étaient rencontrés en classe de 6ᵉ au collège Pablo Néruda d'Evreux. Ils étaient amis de longue date.

Comme Naïm Boudaoud, il assure ne jamais avoir été tenu au courant du projet terroriste. Jamais, jamais ! […] Je n’ai pas perçu sa radicalisation", insistait-il devant le juge lors de son interrogatoire le 20 novembre dernier. Lui aussi était présent lors de l'achat d'un couteau à Rouen. 

A plusieurs reprises entre le 15 et le 16 octobre 2020, Abdoullakh Anzorov avait fait part à Azim Epsirkhanov de sa volonté de trouver une arme à feu. « Je ne voyais pas de danger de la part d’Anzorov, c’était pour se défendre », assure-t-il.

En 2020, des tensions entre la communauté tchétchène et d'autres communautés du quartier de la Madeleine d'Evreux avaient mené à la mort d'un homme quelques semaines avant l'attentat. 

Lors du réquisitoire l'avocate générale Marine Valentin avait estimé qu'Azim Epsirkhanov ne pouvait pas ignorer la radicalisation d'Anzorov. "Avec Naïm Boudaoud, il a participé dans son intégralité à la phase opérationnelle active durant les 36 heures qui ont précédé l'attaque", assène-t-elle.

Le parquet a requis la pleine la plus lourde à son encontre : 16 années de réclusion criminelle dont les deux tiers assortis d'une période de sûreté. 

La Cour l'a condamné à 16 années de prison pour complicité d’assassinat terroriste. Il encourrait lui aussi la réclusion criminelle à perpétuité.

Yusuf Cinar, celui qui avait "rendu hommage au terroriste"

Mi-novembre, un enseignant du quartier de la Madeleine est appelé à la barre. Le professeur qui a connu Yusuf Cinar dans ses jeunes années dépeint le portrait d'un jeune homme dont le destin était tout tracé : "Je savais qu'il finirait devant une cour d'assises", assurait-il en larmes. 

Yusuf Cinar était soupçonné par la justice d'avoir "conforté le terroriste dans son projet juste avant la commission des faits", et "d'avoir diffusé des photos en hommage à Abdoullakh Anzorov" après l'attentat.

Quelques heures après la mort du terroriste il avait également publié sur les réseaux sociaux, une photo de lui avec un cœur brisé. Une forme d'hommage selon l'accusation.

Lui non plus n’a jamais reconnu les faits qui lui sont reprochés. "Il est difficile de faire l'autopsie d'une erreur judiciaire", expliquait Me Lucile Collot lors de sa plaidoirie. L'avocate estimait que le jeune homme se retrouvait injustement dans le box des accusés à cause "de sa naïveté et son immaturité".

Le parquet avait réclamé un an de prison contre Yusuf Cinar qui a déjà passé quatre années derrière les barreaux. La cour l'a finalement condamné à un an de réclusion pour apologie de terrorisme aggravé.

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