En Creuse, plusieurs communes récupèrent et gèrent les eaux pluviales. Parkings sur gazon, terrains en pente ou encore trottoirs spécifiques : grâce à des aménagements novateurs, elles économisent de précieuses ressources et limitent les dégâts du dérèglement climatique.
Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Cet adage pourrait résumer la démarche observée par Saint-Martial-le-Mont sur la gestion des eaux. Située au centre de la Creuse, cette commune de deux cent soixante-dix habitants multiplie les travaux pour optimiser la récupération de la pluie. En avril dernier, l'extension de son cimetière s'est accompagnée d'une série d'aménagements a priori anodins, mais étonnamment efficaces pour préserver les ressources.
"On a mis un panneau pour dire que c'est bien un parking, que vous pouvez vous garer dans l'herbe !", s'amuse Serge Lagrange, le maire du village, le bitume ayant été réduit au strict minimum. Les automobilistes ne sont pas les seuls à être surpris. Ici, les promeneurs attentifs pourront remarquer que les bordures du trottoir délimitant la chaussée sont disjointes : espacées les unes des autres de quelques centimètres, elles permettent le ruissellement de la pluie sur le parking, lui-même constitué de pierres concassées et de terre. "Là, on a mis des plantations pour épurer, décanter, et rejeter l'eau en aval, dans un débit suffisant pour que le milieu naturel l'accepte", précise l'édile.
Pallier les sécheresses et limiter les inondations
Un circuit de récupération de la pluie a été installé sur le terrain. Elle s'y écoule pour terminer sa course dans un abreuvoir. L'eau recueillie est mise à la disposition d'un éleveur bovin pour son bétail. D'après Anaëlle Tavernier, chargée de projets au sein de l'association du Centre permanent d'initiatives pour l'environnement des Pays creusois (CPIE), ce système économique et vertueux permet d'anticiper les effets du réchauffement climatique : "Dans les années qui viennent, on va avoir moins d'eau au printemps, annonce-t-elle. Cela va engendrer des épisodes de sécheresse sur les périodes printanières et estivales, comme en 2023 ou en 2019. Par contre, on va avoir beaucoup plus de pluie sur les périodes automnales et hivernales, ce qui va générer des inondations potentielles." Si le projet a coûté 130 000 euros, la municipalité n'en a financé que la moitié, grâce à des aides de l'État reçues au titre de la dotation d’équipement des territoires ruraux.
Si nous, à notre petit niveau, on y arrive, tout le monde peut y arriver.
Josiane Vigroux Aufort, maire de Saint-Priest-la-Feuille (780 habitants)
En Creuse, d'autres villes se démarquent dans ce domaine. À Saint-Priest-la-Feuille, tous les bâtiments communaux s'équipent de récupérateurs de pluie. Grâce à un réseau de fossés peu profonds, construits à proximité d'un lotissement, environ dix mille litres d'eau par an sont recueillis. "La terre est un peu creusée, des morceaux de bois assez larges laissent passer l'eau, et par ruissellement naturel, avec la pente du terrain, cette eau va jusqu'à la pêcherie", détaille Josiane Vigroux Aufort, maire de la commune. Ce village de sept cent quatre-vingts habitants entend servir d'exemple : "Si nous, à notre petit niveau, on y arrive, avec nos subventions obtenues au titre des écoquartiers, tout le monde peut y arriver."
Afin de généraliser ce type d’initiatives, le CPIE organise des ateliers à l’attention des élus et des agents communaux. L'association les invite sur ces sites novateurs. "L'objectif, c'est d'avoir un retour d'expérience d'infiltration des gouttes d'eau et de le transmettre à ceux qui seraient en cours de réflexion ou qui se poseraient des questions", s'enthousiasme Anaëlle Tavernier.
Pour bénéficier d'une présentation des techniques et matériaux novateurs, les collectivités intéressées peuvent convenir d'un rendez-vous à leur convenance en contactant le 05.55.61.95.87, ou en écrivant à l'adresse mail suivante : contact@cpiepayscreusois.com.