Organisées pour la troisième année à Chéniers en Creuse, les rencontres de médecine rurale font le pari qu’un territoire rural, confronté aux problèmes de diminution de l’accès aux soins, dispose de ressources pour proposer des solutions et se rendre attractif.
"Il n'y a pas de solution miracle globale. Je pense qu'il faut prendre l'étudiant, et lui demander : toi, qu'est-ce qui t'intéresse comme activité culturelle, sociale, qu'est-ce qui t'intéresse le plus dans ton travail, faire de la rhumatologie, ou de la gynécologie..."
"Une fois qu'on a une cartographie du soin et de l'attractivité du territoire, on peut proposer à ces jeunes internes de s'installer plutôt là ou là."
"Le nerf de la guerre, c'est l'argent, donc je pense qu'il faut faire connaître les dispositifs qui existent. La prime à l'installation de 50 000€ défiscalisée, c'est pas rien."
"On pourrait centraliser dans les mairies la liste des biens à acheter sur la commune."
Les idées fusent, des propositions concrètes. Activité libérale ou salariée, à l'hôpital en cabinet ou en maison de santé, à temps plein ou partiel, possibilités d'activité professionnelle pour les conjoints, quelles sont les pistes à suivre pour attirer les professionnels de santé en milieu rural, les formes d'installations adaptées à leurs attentes et aux besoins des patients ?
Regroupés en ateliers, étudiants en médecine, jeunes et moins jeunes professionnels de santé explorent ces différentes options, leurs avantages et leurs inconvénients, au cours de ces rencontres de médecine rurale organisées à Chéniers, en Creuse.
1 médecin pour 1 500 patients
Avec 78 médecins généralistes pour 117 000 habitants, soit 1 médecin pour 1 500 patients, la Creuse manque cruellement de professionnels de santé. "Nous sommes en déficit de médecins, mais aussi d'autres professions : des podologues, des orthophonistes, des kinésithérapeutes. Nous allons donc essayer de voir comment attirer ces professionnels pour que l'on puisse avoir un tissu médical et paramédical qui soit suffisant", explique Claude Landos, coorganisateur de ces 3ᵉˢ rencontres de médecine rurale, il est médecin à la maison de santé pluridisciplinaire de La Celle-Dunoise, qui regroupe deux généralistes, plusieurs infirmiers et un kiné.
La crainte de l'isolement, frein majeur à l'installation des jeunes
De passage à Chéniers pour un évènement, un groupe d'étudiants en médecine de Lyon était invité à participer à ces ateliers : "Nous, on est dans une grande ville, et on n'a pas de stage obligatoire en milieu rural, donc on arrive un peu en terre inconnue et on n'a pas envie de s'installer dans un milieu qu'on ne connaît pas donc on vient pour s'informer", explique Adrien.
Loane, elle, hésite encore à partir s'installer à l'étranger pour quelques années, dit préférer la campagne à la ville, mais reconnaît craindre l'isolement : "Pour moi le principal obstacle à venir m'installer en Creuse, ce serait l'éloignement de ma famille et de mes amis, et puis perdre toutes les activités qu'il y a dans une grande ville comme Lyon."
Selon une récente enquête auprès des internes, le manque de loisirs et de dynamisme empêcherait les nouvelles recrues de s’installer en Creuse. "Il faut prendre les devants et organiser des sorties. Un verre offert dans tel restaurant, une place gratuite à la tapisserie d’Aubusson, leur faire découvrir le territoire et à partir de là, on a envie de s’y installer", propose Julien Villeginte, médecin généraliste et échographiste à Guéret.
L'ensemble des propositions issues de ces rencontres seront rendues publiques en septembre dans un livre blanc, puis transmises aux élus et aux autorités de santé, pour espérer du changement.