La petite société Creusoise vient de signer un accord de distribution européen. Un premier lot de 20000 kits va être commercialisé dans 3 prochaines semaines. Mais quid de la véritable efficacité de ces tests ?
La belle histoire de Carcidiag a commencé en 2017. Titulaire d’un DEA en virologie et d’un doctorat de biologie cellulaire, diplômé de plusieurs grandes universités françaises, Vincent Carré a été responsable du laboratoire vétérinaire d’Ajun et directeur général adjoint du Conseil Général de la Creuse.
En compagnie de plusieurs associés, il a créé une start-up dont le métier consiste à développer des kits de détection contre les cancers.
La crise du covid-19 a obligé Carcidiag à se diversifier en s’intéressant au Covid-19. D’autant que l’opportunité de marché est intéressante.
Très rapidement, la petite société creusoise a utilisé son savoir-faire pour produire un test sérologique qui devrait permettre d’indiquer si les patients ont été en contact avec le virus.
Grâce à un accord avec un distributeur, le test de Carcidiag sera distribué à 20 000 exemplaires d’ici 3 semaines. La société a la capacité de produire 50 000 tests tous les 2 jours dans un local prêté par l'agglomération de Guéret.
Les recherches ont été financées en interne. Carcidiag a toutefois répondu à un appel à projet de l’agence nationale de la recherche (ANR) et espère un financement qui pourrait lui permettre d’embaucher 2 personnes supplémentaires d’ici l’automne.
Etude clinique
Le test mis au point a fait l’objet d’une étude clinique sur 160 patients du CHU de Montpellier. Son efficacité répond aux normes de spécification établies par l’autorité de sécurité du médicament. Sa sensibilité doit être supérieure à 95 % des patients testés.
Vincent Carré se refuse cependant à nous indiquer quels anticorps sont ciblés par le test développé par sa société :
Ça doit rester confidentiel car c’est une partie du savoir-faire de Carcidiag.
Efficacité ?
Cette précision est pourtant cruciale pour évaluer l’efficacité véritable d’un test. La sérologie consiste à détecter des anticorps dans le sérum d’un patient. Dans le cas du SARS COV 2, ces anticorps peuvent être neutralisants ou pas.
Or, la majorité des tests mis sur le marché détectent des anticorps, sans savoir s’ils sont efficaces pour bloquer le virus. La seule information apportée est que le patient a été en contact avec la maladie.
Pour le Docteur Sébastien Hantz, virologue au CHU de Limoges :
Le développement de ces tests répond à une situation conjoncturel et économique pour des firmes qui ont une expérience dans le domaine.
Institut Pasteur
Pour ce qui est du Covid-19, les connaissances évoluent de jour en jour. L’institut Pasteur a développé une solution qui permet de détecter des anticorps protecteurs. De par les contraintes techniques qu’elle impose, elle n’est cependant pas largement déployable.
Les chercheurs ont travaillé sur un panel de patients du CHU de Strasbourg. Leur étude a démontré qu’une large majorité des malades atteints du Covid ont fabriqué des anticorps protecteurs : 80 % à partir de 15 jours et 98 % au-delà de 28 jours.
Statistiquement, il y a donc une très forte corrélation entre contamination et protection. Traduction : les tests sérologiques qui démontrent un contact avec le virus mettent en évidence probablement la présence d’anticorps protecteurs.
Celui qui va être mis en vente par Carcidiag aurait donc toutes les chances d’être performant, quel que soit l’anticorps testé.
Démarche scientifique
Toute la problématique scientifique consiste cependant aujourd’hui à développer un test dont l’objectif sera de détecter directement et de façon fiable les fameux anticorps protecteurs.
C’est ce que tente de faire en ce moment la société B Cell Design à Limoges. Cette autre start-up a reçu un financement de 280 000 euros de l’armée.
En Nouvelle Aquitaine
B Cell Design et Carcidiag sont les deux seules sociétés à se lancer sur le marché des tests sérologiques.
En Gironde, dans la petite ville de Martillac, le société Baas va cependant utiliser son savoir-faire dans le séquençage de l’ADN des pathogènes de la vigne, pour créer des tests PCR quantitatifs du Covid-19 dans le nez.