Le conseil municipal de Guéret a examiné hier soir son budget primitif pour 2021. Il se caractérise par un excédent de plus de 2 millions d’euros. Une bonne nouvelle ? Oui mais les chiffres cachent parfois une partie de la réalité…
Pour un exécutif local, le vote du budget est toujours l’épreuve de vérité. Pour Marie-Françoise Fournier, la maire (SE) de Guéret, ce fut hier soir un baptême du feu. Les deux groupes d’opposition, de gauche - le troisième (divers droite) représenté par son unique conseiller municipal, Thierry Delaître, délégué à la vie commerciale, étant acquis d’avance à la majorité - ne l’ont pas ménagée. Mais, au petit jeu des passes d’armes, Michel Vergnier, l’ancien maire PS, s’est montré le plus incisif. Pointilleux, précis, le trésorier national de l’AMF (Association des maires de France) a fait tourner la calculette, et par la même occasion, la tête de la première magistrate. Ses questions ont fusé sur la diminution des dépenses en eau ou l’augmentation des frais de personnel, le montant des assurances pour les véhicules municipaux, sans oublier des interrogations toutes aussi légitimes sur le prix des fêtes pour la période estivale sans oublier celle, classique, sur les transports.
Des passes d’armes feutrées
Ces rafales d’observations et de demandes d’explications ont, parfois, embarrassé la maire, l’obligeant à s’adresser à ses services techniques. Du coup, les prises de parole de l’autre groupe, « « Guéret Ecologie, Solidaires », conduit par Eric Correia, le Président (DVG) de la Communauté de communes de Guéret, avec lequel Marie-Françoise Fournier entretient des relations tendues, ont été accueillis avec un certain soulagement par l’équipe de la majorité. Cette opposition-là en est restée à des généralités. Pour elle, la Ville manque de projet, certes. Ses marges de manœuvre sont limitées, à l’évidence. Mais surtout la majorité porte un projet politique contestable. « On parle beaucoup de travaux et de construction dans ce budget », insiste Delphine Bonnin-German, conseillère municipale (DVG) de « Guéret Ecologie, Solidaires ». « On ne parle peut-être pas assez des habitants. La période est compliquée. Elle mériterait qu’on s’intéresse à renouveler les formes de démocratie locale et qu’on se penche sur d’autres inventions ».
Un excédent budgétaire hérité
Pourtant, cette commune présente un excédent budgétaire tant du côté du fonctionnement (1 million 800 000 euros) que de celui de l’investissement (2 millions 300 000 euros). Ce qui, au total, se traduit par un solde positif de 2 millions 300 000 euros (4 millions en prenant en compte les restes à réaliser c'est-à-dire les investissements non effectués). Qui dit mieux, en Limousin, pour une ville de 13 000 habitants ? Bien sûr, cette situation reflète une gestion en bon père de famille des affaires communales. D’ailleurs, cette tendance ne date pas d’hier. « On a hérité d’un budget en bonne santé puisqu’on a été à 1 million 500 000 euros d’excédent budgétaire», explique Marie-Françoise Fournier qui garde la tête froide. « On est dans une année transitoire. Les investissements ne sont pas les mêmes que d’habitude et les charges pour nos équipements ont diminué. Cet excédent est donc artificiel ».
Investir pour l’avenir
Mais cette « bonne santé » révèle aussi le manque d’investissements qui aujourd’hui s’étale au grand jour. La maire le reconnait : le plus dur est à venir. « Avoir des excédents, c’est aussi parfois manquer de courage dans les investissements. C’est clairement le cas ici. Beaucoup d’équipements sont en très mauvais état. Au bout d’un moment, ça se cumule et tout arrive en même temps. Il faudra être très attentif à finir les investissements lancés par la précédente mandature, réparer les équipements qui se cassent la figure et mettre en place notre projet politique ambitieux ». Des travaux de toute urgence doivent être lancés pour refaire la piscine, le tennis, les écoles ou encore les trottoirs. Si bien que l’excédent est peut-être « sécurisant » mais « il n’est pas suffisant ». D’autant que la crise sanitaire a réduit le montant de recettes fiscales de la commune qui estime que le manque à gagner – dépenses comprises – avoisine les 140 000 euros (de mars 2020 à mars 2021). « 300 000 », répond Michel Vergnier qui s’appuie sur son intuition pour dévoiler ce chiffre. Ce trou dans la caisse n'empêchera pas cette année une diminution de la taxe d’habitation de … 0,20%, engendrant une perte de recettes de 20 000 euros. Car la majorité aussi novice soit elle en politique sait aussi envoyer quelques signaux symboliques à ses électeurs qui ne voient toujours pas le bout du tunnel.
Ce qui permet à l’ancien maire de mettre en garde sa successeur : « Quand je regarde le budget avec 1 million d’euros de dépenses de fonctionnement supplémentaire, (ce que conteste l’actuelle maire qui affirme – compte administratif à l’appui – que celles-ci ont été moins importantes que prévu) je me dis que sur qui était un excédent va fondre comme neige au soleil. L’exercice qui viendra après sera extrêmement difficile à faire parce qu’il n’y aura plus de marge(…). Il aurait mieux fallu dépenser moins et garder de l’excédent budgétaire (…). Je dis : « Pas de panique mais une surveillance » parce que sinon la situation pourrait devenir très vite très difficile ».
Au final, la majorité avec l’élu d’opposition divers droite a voté pour. Le groupe emmené par Michel Vergnier s’est abstenu. Celui d’Éric Correia a voté contre.