Le 9 novembre, c'est la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. À cette occasion, plusieurs classes des collèges Marouzeau et Nadaud de Guéret ont visionné un documentaire sur le sujet. Des avocats se mobilisent également en Haute-Vienne pour sensibiliser les adolescents. Selon une enquête du Sénat, entre 800 000 et 1 million d'enfants seraient victimes de harcèlement chaque année.
C'est un fléau qui détruit le quotidien de milliers d'enfants. Suite aux suicides de plusieurs adolescents pour cause de harcèlement à l'école, l'Éducation nationale en a fait une priorité. En effet, selon une étude de l'Ifop parue ce mardi 7 novembre, un collégien ou lycéen sur cinq est victime de harcèlement scolaire. En Limousin, plusieurs initiatives sont mises en place pour sensibiliser les jeunes.
Un film sur le harcèlement
Il ne semble pas y avoir de solution miracle, mais, la prévention est l'une des clés. Plusieurs classes des collèges Marouzeau et Nadaud de Guéret ont visionné ce mercredi 8 novembre le film "Les Indiens contre-attaquent" du réalisateur creusois Guillaume Estivie, en partenariat avec Lumni, la plateforme numérique de France Télévisions. Le documentaire a été suivi d'un échange avec des collégiens. Ils ont pu comprendre le mécanisme du harcèlement et la manière dont il peut affecter l'autre.
La psychologue Emmanuel Piquet a ainsi répondu aux interrogations des élèves qui étaient nombreuses, et démonter certaines idées reçues. Sami, en classe de cinquième, a été surpris :
Il y a bien plus de gens qui se font harceler que je ne le pensais. Je pensais qu'on se faisait harceler que sur le physique et pas sur les autres trucs.
Sami, élève de cinquièmeFrance 3 Limousin
Des avocats pour changer les comportements
Mieux comprendre la loi peut aussi permettre de prévenir ces situations. L'association Avo Droits les jeunes réunit près de 80 avocats qui interviennent auprès de classes allant du CM1 jusqu'au lycée.
On se rend compte, surtout depuis les réseaux sociaux, que les jeunes ne prennent pas conscience de leurs actes : des messages envoyés sur internet, des sms, etc... Pour eux, ce n'est pas du harcèlement. Donc, on veut attirer les enfants sur les sanctions disciplinaires, l'exclusion, par exemple. Mais aussi, expliquer que ces actions peuvent être notées sur le dossier scolaire et les suivre jusqu'en terminale. Ça peut fermer l'accès à certaines écoles. Ce n'est pas anodin."
Nathalie Préguimbeau, avocate et membre de "Avo droits les jeunes"France 3 Limousin
L'association met ainsi en œuvre plusieurs projets avec des établissements. L'un d'eux concerne une pièce de théâtre sur la thématique du harcèlement à l'école. Elle sera jouée par une classe de quatrième du collège Léonard Limosin à Limoges. La pièce sera construite à travers des ateliers hebdomadaires jusqu'en avril 2024 et sera présentée notamment aux élèves du collège. Il s'agit pour ces jeunes de travailler sur un cas réel en se glissant dans la peau des différents acteurs d'un procès. Ils s'appuieront sur une affaire pénale jugée par le tribunal de Limoges, qui a été anonymisée.
Les élèves peuvent ainsi, tout au long du projet, discuter de cette problématique.
Le but, c'est aussi de contribuer à la formation de ces futurs citoyens. On a encore trop de parents qui disent à leurs enfants que c'est des histoires de cour de récréation et qu'il faut qu'ils s'endurcissent.
Nathalie Préguimbeau, avocate membre de l'association "Avo droits les jeunes"France 3 Limousin
En Haute-Vienne également, un atelier confection d’affiche a été organisé au collège Léon Blum de Limoges pour faire de la sensibilisation et de la prévention auprès des élèves.
La journée commence par une photo de classe contre le harcèlement. Dans cette classe de cinquième, ce fléau est loin d’être inconnu. « On voit des cas des fois ou ça peut être grave. On en avait déjà conscience, mais là encore plus, parce qu’il y a beaucoup de gens qui soutiennent, mais il y a beaucoup de gens qui harcèlent aussi », témoigne une élève.
Au programme de la matinée, 1h de travail en groupe pour sensibiliser au harcèlement. Avec les élèves, leur professeur d’histoire leur propose d’écrire.
« J’ai mis au tableau une acrostiche qui est à compléter au mot harcèlement, et autour du mot empathie. On va les mettre en opposition », explique l’enseignant référent.
Le professeur d’histoire géographie est l’un des référents harcèlement du collège. Il est très impliqué sur ces ateliers.
« Ça sert à sensibiliser les élèves, justement, parce qu'ils en entendent beaucoup parler. Ils ont droit à une dizaine d’heure dans l’année, pour être sensibilisés sur le harcèlement. Mais si jamais on n’institutionnalise pas la chose, on se retrouve un petit peu éparpillé dans le temps » réaffirme Mikaël Provoost, référent harcèlement au collège Léon Blum à Limoges.
En classe, il guide ses élèves dans la réalisation d’une affiche contre le harcèlement.
« On a mis deux photos. Une première avec quelqu’un qui se fait harceler, on en a mis une seconde où on est tous ensemble. On a mis une petite phrase qui dit : Inutile de l’humilier ! Il faut plutôt l’aider », explique, empathique, un autre élève.
L’enjeu pour les élèves et les adultes, c'est d'acquérir les bons réflexes. Face à une situation qui peut rapidement dégénérer.
« On est sur de la prévention. Du coup on va avoir des signaux faibles comme les intimidations qui vont nous permettre d’éviter d’arriver au harcèlement. Et c’est ça notre cœur de métier. Travailler sur ces signaux faibles pour que les professionnels qui entourent les enfants, et les enfants eux-mêmes soient dans un climat serein de travail », insiste Cécile Gargaud, principale du collège Léon Blum.
Une pédagogie nécessaire car en France un million d’élèves seraient victimes de harcèlement, soit un enfant sur dix.