Le ministre de l'Intérieur a déclaré, ce mardi 12 novembre, que l'État étudiait la possibilité de racheter le site du Chammet, à Faux-la-Montagne, en Creuse, pour "le protéger et le renaturer". Interpellé à l'Assemblée nationale par le député UDR Bartolomé Lenoir, qui dit craindre l'installation "d'une nouvelle ZAD" sur cet ancien centre de vacances, Bruno Retailleau a notamment demandé à la préfecture "de surveiller de très près ce lieu".
Bartolomé Lenoir semble avoir fait du site du Chammet son principal cheval de bataille. Ce mardi 12 novembre, à l'Assemblée nationale, le député UDR de la Creuse a interpellé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau au sujet de cet ancien centre de vacances, situé à Faux-la-Montagne. "La Creuse pourrait devenir une nouvelle ZAD", s'est-il alarmé une nouvelle fois, réclamant une réaction de la part du gouvernement. En réponse, le ministre a détaillé "trois pistes de travail" pour l'avenir, parmi lesquelles figure un éventuel rachat du lieu.
Laissé à l'abandon en 2004, le site, propriété du comité d'entreprise d'Enedis, a été le théâtre de nombreuses rave parties jusqu'en 2018. Il est actuellement loué à titre gracieux par une association, le Centre de recherche et d'étude de la forêt (CREF). C'est la présence de cette organisation que Bartolomé Lenoir a déplorée, ce mardi, au palais Bourbon : "Ce centre de vacances a été mis à la disposition d’une association militante qui prône une société postapocalyptique, un lieu de désertions où l’on peut détruire et greffer ce que bon vous semble. (...) Pire encore, cette zone constituerait une zone de repli lors de manifestations violentes, comme à Sainte-Soline."
Le parlementaire a ensuite interpellé directement Bruno Retailleau : "Monsieur le ministre de l’Intérieur, oserez-vous empêcher l’implantation d’une ZAD dans la Creuse et mettre fin à ce duo, composé d’une association d’extrême gauche et d’un parti d’extrême gauche, qui menace mon département et nos campagnes ?"
.@bartolenoir (UDR) déplore la signature par le comité d’entreprise d’Enedis d’une "convention avec des personnes qui défient l’autorité de l’État et ses forces de l’ordre". Il demande au Gvt : "Oserez-vous empêcher l’implantation d’une ZAD en Creuse ?"#DirectAN #QAG pic.twitter.com/LtAD2cjmS9
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) November 12, 2024
Déjà au fait, selon toute vraisemblance, de cette querelle creusoise, le ministre de l'Intérieur a assuré être "particulièrement vigilant", arguant avoir constaté que l'ancien village vacances accueillait "très régulièrement des militants des causes écologistes les plus radicales". Aussi le gouvernement envisage-t-il trois solutions "qui ne sont pas alternatives, mais cumulatives".
Premièrement, Bruno Retailleau aurait "demandé à la préfète de la Creuse de surveiller de très près ce lieu, pour qu’aucun trouble à l’ordre public ne soit laissé sans réponse". Interrogée par téléphone, Anne Frakoviak-Jacobs n'a pas souhaité s'étendre sur le sujet. Deuxièmement, il a promis qu'il contacterait "Enedis et son comité d’entreprise pour vérifier si l’objet social de la CCAS est compatible avec la location d’un site à cette association". Enfin, il a soutenu "la possibilité que l’État rachète le site pour le protéger et le renaturer".
Une plainte déjà déposée par la mairie pour "propos mensongers"
Contactée, la municipalité ne souhaite, pour l'instant, donner davantage d'écho à cette polémique. Un adjoint nous a néanmoins confié que si le comité d'entreprise décidait de vendre le site à l'État, la mairie n'aurait "rien à y redire". "Il n'y a aucune raison pour que l'on intervienne pour s'y opposer", a-t-il déclaré, tout en dénonçant "la volonté de Bartolomé Lenoir de se servir de la Creuse pour ses ambitions personnelles".
En octobre dernier, Catherine Moulin, maire de la commune, avait porté plainte contre le parlementaire pour propos mensongers. Alors que ce dernier avait déjà exprimé des craintes au sujet de "l’installation de ce que l’on pourrait appeler une ZAD", l'édile avait fermement protesté : "Je lui reproche de faire croire aux gens qu’il y a un repère d’ultragauchistes sur notre commune. Il est né à Angers, il a fait ses études ailleurs, il arrive ici, et je trouve que c'est une drôle de première entrée avec le territoire. C'est assez violent. Cela me met en colère, vraiment."
Lancée il y a moins d'un mois par Bartolomé Lenoir, une pétition en ligne visant à expulser les occupants de l'ancien centre de vacances comptabilise plus de mille signatures.