À Saint-Sulpice-le-Dunois, en Creuse, une femme se bat depuis des années pour acheter la maison mitoyenne à celle où elle voudrait ouvrir un gîte rural. Problème : le propriétaire est introuvable et l'habitation abandonnée menace de s'effondrer.
L'aventure avait connu un beau début, mais son dénouement se révèle de plus en plus incertain. Il y a quatorze ans, Catherine Godin achète une maison dans le centre-bourg de Saint-Sulpice-le-Dunois, en Creuse.
Situé au pied de l'église, à côté de la salle polyvalente et de l'auberge, ce "coup de cœur" est l'endroit idéal pour une rénovation et une transformation en gîte rural. Malheureusement, la maison voisine, attenante, est aujourd'hui à l'abandon et menace de s'effondrer. Le propriétaire, un mystérieux Britannique, n'a plus donné signe de vie depuis plusieurs années, plongeant Catherine et la mairie dans une situation qui semble inextricable.
Au début des années 2010, lorsqu'elle achète la demeure vieille de plusieurs siècles, Catherine n'y trouve qu'un robinet et une ampoule. "Je l'ai rénovée, je suis en train de faire l'électricité, sourit-elle, tournevis à la main, penchée sur son compteur. J'ai fait faire l'isolation, du rez-de-chaussée à l'étage." Malgré cet élan, les projets de la propriétaire se retrouvent suspendus. Suspendus à quoi ? À l'hypothétique réapparition de son voisin, dont la masure mitoyenne se dégrade de mois en mois. De la toiture à la façade, tout s'affaisse, et un effondrement pourrait lourdement endommager la maison de Catherine.
Je ne comprends pas l'intérêt pour une commune de conserver des biens qui sont en train de tomber en ruine
Catherine Godin
L'homme s'est volatilisé et ne paye même plus les taxes foncières depuis plusieurs années. "Je ne comprends pas l'intérêt pour une commune de conserver des biens qui sont en train de tomber en ruine, soupire-t-elle. En plus, vendre rapportera quelques sous à la commune. Toutes les taxes qui n'ont pas été payées seront récupérées à ce moment-là. J'ai du mal à comprendre l'immobilisme et l'attentisme de la commune."
Déclarer un bien "sans maître", une procédure difficile selon le maire
Le maire, lui, se dit désemparé. Le conseil municipal pourrait déclarer officiellement le bâtiment "bien sans maître". Mais cette procédure, qui permettrait à la collectivité de récupérer la maison pour la revendre, s'avère complexe.
"Légalement, on ne peut pas, assure l'édile Bruno Dardaillon. Il faut qu'il y ait des recherches pour retrouver le propriétaire. Même si les services de l'État nous ont fait savoir que les impôts n'étaient pas payés, il est propriétaire du bien." Catherine, qui souhaite acquérir le bâtiment pour exaucer ses rêves de gîte, n'a d'autre choix que de patienter.
Cette histoire ne constitue pas un cas isolé : il y a aujourd'hui sept maisons abandonnées à Saint-Sulpice-le-Dunois. Avec l'exode rural et les problèmes de succession que pose le vieillissement de la population, le phénomène risque de s'amplifier, en Creuse comme ailleurs.