Les sangliers dévastent le stade de foot, 300 sportifs privés de terrain

À Coulounieix-Chamiers, près de Périgueux, le terrain de foot ressemble à un champ fraîchement labouré. L'œuvre d'une harde de sangliers, qui n'est pas sans conséquence sur le fonctionnement de la commune.

Depuis des siècles, l'homme envahit les espaces naturels. Mais parfois, la nature vient à son tour piétiner ses platebandes. En l'occurrence, c'est le sanglier qui vient fouiner dans le terrain de football. La chose s'est passée sur le stade Pareau, à Coulounieix-Chamiers, dans la banlieue de Périgueux.

Mais que faisaient-ils donc là ?

Le forfait a été perpétré pendant trois nuits de suite, de dimanche soir à ce mercredi matin 18 septembre, par une harde de sangliers. La nature des dégâts ne laisse aucune place au doute. Profitant d'une porte mal close, la petite troupe a envahi les lieux et s'est acharné sur le centre du terrain.

Le but étant de trouver de la nourriture, ou éventuellement de l'eau, on s'étonne de ce choix. Mais l'endroit, régulièrement arrosé, regorgeait peut-être de vers de terre dont sont friands les sangliers. Même si 90 à 95% de leur régime est végétarien, les animaux, probablement motivés par la fraîcheur de la pelouse neuve et le terrain meuble, s'en sont donné à cœur-joie. En tout cas, après leur passage, l'endroit ressemblait à un champ de bataille, plus apte à recevoir des semailles que des joueurs de foot.

Ben, mon cochon !

 Le terrain a été littéralement labouré, des ornières dignes d'un engin agricole. "La zone la plus impressionnante, c'est le milieu, le central. Ils ont labouré la majeure partie du terrain. Là, dans tous les cas, il ne peut pas y avoir d'action sportive et d'activité quelconque sur ce terrain en l'état", déplore  Nicolas Jouhette, le responsable des ateliers techniques de la commune.

"Nous, ce qu'on va faire, c'est qu'on va enlever l'intégralité des mottes qui ont été détournées. On va décaper à la mini-pelle, et derrière, on viendra mettre un mélange de terre et de sable qu'on viendra réensemencer en gazon. Et après, on fera un arrosage intensif avec des engrais pour que ça puisse reprendre le plus rapidement possible", détaille t-il, un brin fataliste.
En résumé, trois jours pour décaper, remplir, compacter le terrain, et un mois à un mois et demi pour regarder le gazon pousser avant de lui assurer une première coupe qui le rendra assez solide.

Un gazon maudit

Situation d'autant plus agaçante pour Nicolas Jouhette et les élus locaux que la pelouse venait d'être refaite par la commune, il y a un mois à peine, à grands frais (plus de 5 000 euros et des heures de travail) pour le confort de la section football du Club Omnisports local (Cocc) et de l’école de football.

Ce sont environ trois cents sportifs amateurs licenciés qui pendant plusieurs semaines seront pénalisés et vont devoir pratiquer sur les terrains environnants, une entente ayant été trouvée avec le club de Chancelade voisin. "Tout le monde est chamboulé dans son quotidien, tout le monde avait ses habitudes de travail, etc.
Il faut déplacer les équipes, les parents n'ont pas forcément les moyens de locomotion pour les amener à Chancelade ou aux 4 Routes, tout ça, ça chamboule la logistique. [...] et puis le souci de se dire combien de temps ça va durer, est-ce qu'ils vont revenir tous les soirs ou pas...Sans parler de l'impact économique, ça a un coût pour la commune...", se désole Isabelle Ménendez, la présidente du Club de foot.

Le sanglier sort en ville

S'il est spectaculaire, le cas n'est pas unique, il est même de plus en plus fréquent. Paradoxalement, le sanglier chassé sur son territoire naturel ne l'est pas en ville, où la nourriture et l'eau peuvent parfois se trouver en abondance. En opportuniste rusé, l'animal se réfugie donc là où les conditions lui sont plus favorables. Et doit-on rappeler que la chasse vient d'ouvrir ?

En 2022, des sangliers avaient été filmés à Saint-Claude dans le Jura, l'un poursuivi par des policiers en pleine ville, les autres dans un parc pour enfants, et les troisièmes en train de déambuler en famille sur la route.

Une bête noire rusée comme un renard

"Le sanglier est un animal hyper-intelligent, hyper-adaptable qui fait ventre de tout " expliquait en janvier 2022 Nicolas Cayssiols, directeur Fédération de chasse de l'Aveyron, après qu'un animal d'une cinquantaine de kilos a été abattu dans un parc à Toulouse.

On peut se demander tout de même ce que faisait cet autre individu coincé dans l'échoppe d'un opticien. Était-il venu prendre un ver ? Probablement lui-même atteint de déficience visuelle, le pauvre animal a peiné un long moment avant de trouver la sortie.

Sangliers dans le viseur

Les sangliers solitaires sont le plus souvent des mâles isolés, les hardes sont menées par des femelles que suivent les jeunes. Selon le sexe et l'âge, le sanglier adulte peut peser de 80 à 150 kg et ce sont les femelles protégeant leurs marcassins qui sont les plus agressives. Le régime de cet omnivore est essentiellement végétarien. À côté des grains, glands, racines et fruits divers, il ne dédaigne pas les batraciens, gastéropodes, vers de terre, voire des charognes, des petits mammifères ou des oiseaux lorsqu'il parvient à les attraper. En campagne, ce sont ses dégâts sur les cultures, souvent les maïs, qui lui sont reprochés. En Dordogne, il est l'une des cibles privilégiées des chasseurs. Il y a environ 16 200 chasseurs dans le département. Ils ont chaque année l'autorisation de tuer jusqu'à 24 000 sangliers.