L'enseigne Cora du quartier de Limoges Beaubreuil deviendra prochainement Carrefour. Le totem publicitaire avec l'écriteau de la marque devrait lui aussi changer. Il fait partie intégrante du paysage de l'autoroute A20 depuis sa construction dans les années 70. Pourtant, ce panneau publicitaire ne fait pas l'unanimité...
Sur près de 400 kilomètres, l'autoroute A20 traverse plusieurs communes du Limousin. Aussi concentrés que soient les automobilistes, il est difficile de ne pas voir cet énorme panneau à l'approche du quartier de Beaubreuil en zone nord de Limoges : il indique la présence de plusieurs enseignes dans les environs : dont Cora. Le magasin a été racheté par Carrefour depuis le 1ᵉʳ juillet 2024. Le paysage de cette zone commerciale devrait donc progressivement changer d'ici à la fin d'année, notamment son fameux totem publicitaire.
"C'est le vestige d'une époque"
Les totems publicitaires ont fait leur apparition dans les années 50 en France, en même temps que l'américanisation de nombreux autres aspects de la société.
Fabrice Varieras est photographe. Il a immortalisé, ces dernières années, ce totem publicitaire de la A20. Il est, pour lui, un véritable symbole : "C'est le vestige d'une époque, de la société de consommation. Ça m'a toujours fait penser aux totems de la route 66 aux États-Unis. Dans les années soixante-dix, les gens avaient vraiment un rapport avec la route, l'automobile. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que l'enseigne Norauto est arrivée à côté, puis McDonald. On est en plein dans cet esprit de société américanisée", raconte le photographe, qui a réalisé plusieurs clichés du panneau publicitaire ces dernières années.
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Depuis son installation dans les années 70, ce grand panneau publicitaire s'est intégré au paysage de l'autoroute A20. Pour Fabrice Varieras, c'est même une partie du patrimoine de Limoges : "Je pense qu'il s'est inscrit dans l'imaginaire collectif. Pour les gens qui passent sur l'A20, ça représente un peu la ville. C'est un peu une part de son identité. C'est aussi une partie de notre ville, qu'on a fait sur le parking, on y a fait des rencontres. C'est là où les gens se croisent. Et puis, ce n'est pas n'importe où, c'est à Beaubreuil, il y a cette dimension pluriethnique et il y a ce côté populaire."
Je pense qu'il s'est inscrit dans l'imaginaire collectif. Pour les gens qui passent sur l'A20, ça représente un peu la ville.
Fabrice Varierasphotographe
Ça enlaidit. Il faut ça disparaisse !
Toutefois, tout le monde ne partage pas la vision du photographe. La multiplication de ces panneaux aux abords des communes inquiète les défenseurs du patrimoine. Ces derniers y voient une pollution du paysage. Ils craignent que ces panneaux fassent perdre l'authenticité des paysages.
Ça enlaidit. Il faut ça disparaissent ! Il y a, en plus, une prolifération de ces panneaux, par exemple sur la route de Saint-Junien. Il y en a un presque tous les cinquante mètres, c'est trop.
Michel TouletPrésident Renaissance du vieux Limoges
De plus, le président de l'association a à cœur de faire appliquer la législation en matière de publicité. Selon lui, les règles publicitaires ne seraient pas respectées par certaines enseignes et tolérées par des communes : "Je veux juste que les panneaux qui ne respectent pas le règlement de la publicité, soient retirés. Par exemple, celui de Cora est beaucoup trop haut."
Nous avons contacté la Ville de Limoges, pour connaître la hauteur légale à respecter pour les panneaux publicitaires. Elle nous a fait savoir qu'elle étudiait actuellement les demandes de plusieurs associations environnementales concernant des infractions liées à la législation publicitaire.
Ce n'est donc qu'une question de temps avant que l'écriteau "Cora" ne disparaisse au profit du mot "Carrefour". Mais, les consommateurs pourront toujours se remémorer les souvenirs associés à l'enseigne tout en méditant sur l'influence des messages publicitaires dans notre quotidien...
