Crozant est classée parmi les trente petites villes les plus consultées sur Wikipédia, d'après une enquête menée par le Lab Nouvelles Marge. Cette notoriété ne cesse de grandir, marquée par des touristes toujours plus nombreux. Les acteurs locaux tentent de maîtriser ce phénomène et de trouver l'équilibre entre attractivité du territoire et préservation de l'environnement.
Les petites villes aussi attisent la curiosité des internautes. Pour cette étude, les pages Wikipédia de 1600 petites villes en France ont été analysées par le Lab Nouvelles Marge, une agence qui vise à redynamiser les territoires ruraux. "Toutes les petites villes ont une page Wikipédia parfois plus fournie que celle de la municipalité, constate Jean-Pierre Papin, associé au bureau d'études. Plus un territoire est petit, plus il est recherché sur le site. On a besoin de plus d'informations."
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Plusieurs critères expliquent le succès de certaines villes comme la visibilité numérique : "Par exemple, Étretat (Seine-Maritime), première du classement, est une ville nationalement connue, voire d'intérêt mondial, très "instagrammable", avec de beaux paysages, souligne-t-il.
D'autres villes ont peut-être une identité moins marquée, parce qu'elles ont une fonction résidentielle forte, et touristique moins forte. De plus, elles sont absorbées par une plus grande ville. Il y a également les nouvelles villes qui sont nées avec le regroupement des communes et qui ont perdu en identité.
Jean-Pierre Papinassocié au bureau d'études au Lab Nouvelles Marges
Pour les acteurs locaux qui souhaitent dynamiser leur territoire, engager une réflexion sur l'histoire de leur ville est une première étape : "Qu'est-ce que raconte ma ville ? Toutes les villes ont une histoire, une spécialité, une production locale, une petite usine. Tout est lié au patrimoine. Ce que nous conseillons comme base, c'est de mettre en avant les images de sa ville, prendre un photographe pour le faire. Faire en sorte que les commerçants puissent être présents en ligne pour mettre en avant les productions locales. Il faut faire de l'animation sur les réseaux sociaux pour être visible numériquement", suggère Jean-Pierre Papin.
Crozant et sa Vallée des peintres
Crozant, positionnée à la vingt-quatrième place du classement, a, pour sa part, compris la formule. La ville a su mettre en avant le potentiel de son territoire. En effet, c'est à travers l'histoire de la Vallée des peintres que le département, ainsi que l'office de tourisme, ont décidé de promouvoir la commune et ses alentours. "Cette zone s'étend sur 25 kilomètres. C'est un gros travail de communication et de mémoire qui a été porté par les élus locaux depuis une dizaine d'années, à commencer par la forteresse de Crozant qui est devenue la star des réseaux sociaux", résume Pierre Veysseix, directeur des sites culturels et touristiques de la communauté de communes du pays Dunois.
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Ce travail porte ses fruits. La commune connaît de grands travaux de réaménagement pour accueillir le nombre de touristes grandissant. Des investissements ont été réalisés dans les musées. Un train touristique, des activités de montgolfière et nautiques se sont développés. Des restaurants pourraient ouvrir et rester ouverts de façon permanente.
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Le problème du surtourisme
Bien qu'à l'échelle nationale, la fréquentation touristique ait connu un retrait, Crozant a tenu le choc et a même vu sa fréquentation touristique augmentée depuis quatre ans. "Les gens marchent beaucoup aux images. Les gens viennent à l'office de tourisme avec une photo trouvée sur les réseaux sociaux et me disent 'On veut visiter ça', remarque Pierre Veysseix. Avant, on avait du monde le 14 et 15 juillet, pendant les vacances de Pâques et de la Toussaint. Mais, maintenant, dès le 15 mars, on a les premiers touristes. Notre indice est justement la forteresse : il y a quatre ans, on comptait 9 000 visiteurs, maintenant, on est à 20 000 par an."
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Toutefois, les acteurs locaux sont attentifs aux effets du tourisme et essayent de maîtriser le phénomène.
On est vigilant sur la gestion des déchets. On remarque les problèmes liés au surtourisme. Par exemple, sur la forteresse, on voit que les voies de passages, qui se dégradent déjà avec le dérèglement climatique, le sont encore plus quand vous avez près de 700 touristes qui passent sur deux semaines.
Pierre VeysseixDirecteur des sites culturels et touristiques de la communauté de communes du pays Dunois
En ce sens, le département, en collaboration avec les acteurs du tourisme, travaille sur un schéma touristique durable qui a pour vocation "de protéger et éviter les dérives et rester en adéquation avec le territoire. On essaye de mettre en place des observatoires qui nous permettront d'avoir des données chiffrées sur tout ça", explique Pierre Veysseix.
Le directeur espère que ce tourisme, pour l'instant, vertueux pour le territoire, puisse avoir un effet positif sur les communautés environnantes et inciter les voyageurs à les visiter.