Procès du tireur de Bussière-Dunoise : un voisin terrifié

Le deuxième jour du procès d’Alain Volatron a lieu ce mardi 5 novembre devant la Cour d’Assises de la Creuse. Les jurés ont notamment entendu le voisin de la victime, son épouse et l'une de leurs enfants, avec lesquels les relations étaient particulièrement tendues.
 

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En ce deuxième jour de procès, on connaît un peu mieux la personnalité de l’accusé, Alain Volatron.
 

Relations familiales difficiles


Il s’agit d’un homme intelligent, mais aussi calculateur. Attiré, vers ses 15 ans, par la Marine Nationale, il demande finalement à être « objecteur de conscience » pour son service militaire, car il conteste plusieurs actions de l’Etat français. Mais ce souhait est refusé, il fera son service au camp de Mourmelon, en chars de combat : «  J’y ai appris beaucoup de choses, d’autant qu’on m’a invité à faire un stage de commandos ; mais je n’ai pas souhaité aller plus loin. »

Alain Volatron dit aimer les mots « précis ». Tout en laissant la Présidente lui poser des questions, il garde la maîtrise de ses réponses et décide de ce qu’il veut dire ou non.

On apprend que sa mère était en souffrance psychique depuis la naissance de son frère, de 3 ans son cadet. Elle s’est suicidée par défenestration en 1983 ; Alain Volatron avait 26 ans. Il coupe ensuite les liens avec son père et son frère. L’audition de son frère confirme l’incompréhension familiale :

« Mon frère est un étranger pour moi. On n'a pas compris son parcours pourtant brillant avec son diplôme d'ingénieur contrairement à moi, il n'avait pas besoin d'ouvrir beaucoup de livres pour avoir ses diplômes, et puis il a choisi de vivre autrement, de façon solitaire, jusqu'à rompre les liens. Il n’a pas donné de nouvelles pendant plusieurs années. » 

 


Canons sciés


Pour l’avocat des gendarmes et de l’un des deux voisins blessés, Me Guillaume Viennois, « Alain Volatron est un homme qui sait tout, qui sait mieux que les autres, que la Gendarmerie, que l’Administration Pénitentiaire... »

Lors d’une reconstitution de plusieurs heures le 9 novembre 2017, Alain Volatron s’était totalement remis en condition, rectifiant les dires des gendarmes ou précisant des incertitudes. Il assumait totalement ses positions et ses tirs de chevrotine au fusil de chasse.

L’expert en balistique, à l'audience, revient sur les 8 douilles percutées. Il rappelle que l’accusé avait encore 6 cartouches de chevrotines dans ses poches lorsqu’il s’est rendu. Le fusil de chasse était vieux et il avait la crosse et les deux canons sciés.

La zone de tirs d’Alain Volatron s’étale de la partie boisée en hauteur à l’arrière de sa maison d’habitation, jusqu’au bas de la rue où il s’était retiré, à côté de la maison du voisin qu’il a blessé par confusion, le prenant pour un gendarme.
 

"J’ai peur pour ma famille"


La cour d’Assises entend ensuite Jean-Claude Michel, le voisin « ennemi » de l’accusé. Ce retraité de la police nationale d’origine algérienne raconte son arrivée dans le hameau en 1998. Il est alors heureux de trouver une bâtisse pour ses 5 enfants et 15 petits enfants.

Jean-Claude Michel raconte avoir espéré passer une retraite heureuse avec son épouse. Les relations avec l’accusé, habitant la maison juste en face, étaient bonnes à son arrivée en 1998. Alain Volatron a quant à lui acheté sa maison d'habitation en juin 1995. Ce dernier acceptait volontiers les invitations de la famille Michel à prendre le café.

Mais un jour, l’accusé a voulu réaliser un bornage pour fixer la limite entre les deux terrains contigus. Jean-Claude Michel et son épouse n’ont pas compris, les maisons et leurs murs datant du début du XXe siècle. Il engage une procédure, qu’il perd. C’est le début de très mauvaises relations, émaillées d’insultes et d’agressions physiques violentes.

Jean-Claude Michel raconte les agressions verbales « Sale flic, je te crèverai avec ton problème cardiaque m’a-t-il dit. On était épiés, photographiés, observés à la jumelle » Jusqu’à l’agression de leur fils dans leur cour. Jean-Claude Michel, accouru au soutien de son fils, a lui-même reçu un violent coup de poing, dont il garde encore aujourd’hui un défaut de vue. Jean-Claude Michel rapporte aussi que quelques semaines plus tard, c’est leur fille de 50 ans qui est agressée avec menaces d’une hache.

La présidente de la Cour d’Assises interroge Jean-Claude Michel sur les raisons de cette haine : « Peut-être qu’il n’acceptait pas notre façon de vivre, et on a appris que cette maison et les propriétaires successifs avaient toujours subi des animosités (…) J’ai peur pour ma famille, Mr Volatron n’aura jamais d’autre objectif que celui de nous supprimer. »

La présidente demande alors à l’accusé : « Qu’est-ce que vous lui reprochez à cet homme ? ». L’accusé répond en parlant des procédures engagées, se référant à des détails et des dates précises… Il est interrompu par la présidente qui attend plus un propos général et spontané.

Jean-Claude Michel se retire. Son épouse arrive à son tour pour déposer à la barre. Elle confirme avec émotion « l’enfer que représente désormais ce beau département qu'ils avaient choisis ».
 
 
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