Pour cette troisième journée de procès devant les Assises de la Creuse, le passé de la mère du bébé a largement été évoqué. Journée marquée également par le témoignage de sa mère biologique, venue se réconcilier avec sa fille. Témoignage à découvrir ci-dessous.
Immature, passive et dépendante : voici quelques qualificatifs prononcés par les experts pyschologues et psychiatres pour cerner la personnalité de Christelle Mourlon. La mère de Loan, souvent en larmes pendant l'audience à l'évocation de son fils défunt, ne semble réaliser que depuis peu la portée de ses actes. En évoquant le passé, et forte de l'accompagnement psychologique dont elle a bénéficié depuis, l'accusée dit "ne pas reconnaître la Christelle d'avant" et ne parvient pas à expliquer son comportement, "ce cerveau qui ne suivait pas" selon ses propres termes.Il faut dire que le passé de Christelle Mourlon est tumultueux : née en 1990, aînée d'une fratrie de trois enfants, elle sera placée en famille d'accueil dès l'âge de 4 ans à la suite de violences (de son beau-père). Elle sera prise en charge par trois familles d'accueil différentes jusqu'à ses 21 ans.
Si elle reste très proche de celle qu'elle qualifie de mère adoptive (dernière famille d'accueil où elle a résidé), Christelle Mourlon n'entretient plus avec sa mère biologique que des relations épisodiques. Une mère qui s'est d'ailleurs portée partie civile et qui avait été l'une des plus critiques vis à vis de Christelle Mourlon au moment des faits.
Lors de cette troisième journée de procès, et sous l'impulsion des avocats Portejoie, la cour a assisté à une réconciliation : Laurence Dionnet, mère biologique de Christelle Mourlon est venue délivrer à sa fille un message fort au cours de cette soirée de mercredi :
Laurence Dionnet, mère biologique de Christelle Mourlon s'est portée partie civile dans ce procès des parents de Loan. Pour la troisième journée de procès, elle était venue accorder son pardon à sa fille.
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©France 3 Limousin
Selon maître Jean-Hubert Portejoie, avocat des parties civiles, "Laurence Dionnet n'est pas là pour être dans l'accusation (...) elle est là pour comprendre. Elle s'est rendue compte que le parcours de vie de sa fille, qui est chaotique, c'est un petit peu le sien aussi, et elle a peut-être, à cet égard là, une part de responsabilité."
Laurence Dionnet s'est portée partie civile mais se dit prête à soutenir sa fille peu importe la décision de la Cour d'Assise de la Creuse dans ce procès des parents de Loan.
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- La rencontre avec Cédric Danjeux
C'est alors qu'elle rencontre Cédric Danjeux. Ils emménagent ensemble, mais après quelques mois de vie commune, la situation se dégrade. Elle va s'accrocher à cet homme possessif qui lui donne l'impression d'être tout pour lui. Un homme qui finira par la battre. Elle portera plainte trois fois, encouragée par sa famille adoptive, mais à chaque fois, il revient la chercher.
Christelle Mourlon finira par s'enfermer dans une logique de femme battue. Une soumission presque totale qui lui fait abandonner son travail et ses relations avec sa famille. Ainsi servait-elle de chauffeur à son compagnon qui n'avait pas le permis, après quoi elle devait rentrer à la maison pour ne plus en sortir.
La naissance du petit Loan ne changera rien. La jeune maman est prête à s'adapter à toutes les violences, apeurée à l'idée de quitter son conjoint violent et de perdre la garde de son enfant. Une logique qui la portera à ne pas réagir quand elle entendra les claques portées au bébé le 21 août 2014, à ne pas réagir non plus lorsqu'elle découvrira son fils agonisant. Et enfin, à participer, sans sourciller, au scénario mis en place pour dissimuler le décès de Loan.
Tout le travail de la Cour va consister désormais à mesurer le degré de passivité dont a fait preuve Christelle Mourlon, à voir comment Cédric Danjeux exerçait son emprise sur elle et ce, afin de déterminer sa reponsabilité exacte dans la mort du petit Loan. Christelle Mourlon qui a trouvé du travail aujourd'hui. La stratégie de la défense sera, de son côté, de montrer à quel point la jeune femme a changé, libérée de l'emprise de son compagnon, guidée autrefois par la peur des représailles.