Le climat social semble tendu derrière les murs de Rioland, l’entreprise de maroquinerie installée à la Souterraine qui travaille pour l’industrie du luxe. La CGT dénonce le non-versement des primes dites "Macron" alors que les dividendes dédiés aux actionnaires seraient de plus en plus élevés. D’anciennes ouvrières parlent aussi d’une ambiance de travail difficile à supporter.
L’entreprise Rioland s’est installée il y a deux ans à La Souterraine, près du site GM&S. Elle occupe d’anciens locaux de l’entreprise textile De Fursac qui a délocalisé son activité en Pologne. Son implantation, soutenue par les collectivités locales, avait représenté une bouffée d’oxygène dans ce secteur. Rioland fabrique des pièces de cuir pour un unique client dont les salariés n’ont pas le droit de dévoiler le nom.
Pas de prime
Mais aujourd’hui, la belle histoire est remise en cause par des salariés.
D'abord, la CGT dénonce la fin du versement de la prime dite "Macron", la prime de partage de la valeur, d’un montant de 800 euros. Cette prime n’est pas obligatoire, mais pour Hélène Canet, responsable de l’union locale CGT, "ce secteur ne connaît pas vraiment la crise et aujourd’hui on essaye de faire croire aux salariés qu’il y a des problèmes, des difficultés financières qui empêchent le versement de cette prime." Dans le même temps, la syndicaliste dénonce le montant des dividendes versés aux actionnaires du groupe : "Il y a 3 millions de dividendes versés à la holding."
"J’ai démissionné parce que je subissais du harcèlement dans l’entreprise"
La direction de Rioland n’a pas souhaité communiquer, invoquant une clause de confidentialité pour le personnel. Mais selon la CGT, d’autres difficultés s’ajoutent autour de l’ambiance au travail.
Une ancienne salariée témoigne : "J’ai démissionné parce que je subissais du harcèlement dans l’entreprise, aussi bien de ma hiérarchie que de collègues qui étaient encouragés par la hiérarchie."
Une autre dénonce un problème de management, "quand vous avez des équipes qui sont fortes et soudées, et que vous faites tout pour qu’elles ne le soient plus, pour qu’on devienne des robots, des gens à des tables qui ne s’adressent pas la parole." Elle conclut : "Si toutes les entreprises font comme ça, il faut pas s’étonner si le monde va mal." Du côté de la CGT, Hélène Canet confirme : "Il y a une pression que la direction instaure, elle fait une sorte de chantage à l’emploi. Si jamais on embête trop Rioland, Rioland va fermer le site de la Souterraine."
140 salariés travaillent pour Rioland à La Souterraine. L’objectif affiché en 2023 était de former 350 personnes.
Avec Cécile Descubes