Les licenciements chez l'équipementier automobile GM&S avaient fortement touché le bassin industriel de La Souterraine. Dans ce territoire marqué par les fermetures d'entreprises, la maroquinerie de luxe prend le relais en embauchant des salariés.
Quand on parle d'industrie à La Souterraine, c'est rarement pour annoncer de bonnes nouvelles. Pourtant, depuis quelques mois, une activité originale rythme le quotidien d'une quarantaine de salariés.
Ils sont maroquiniers pour Rioland, entreprise basée dans l'Indre qui travaille pour de grandes marques du luxe et qui a choisi la Creuse pour installer ses nouveaux ateliers de production. Les employés sont concentrés, mais surtout enthousiastes.
Là, c'est un retour sur mes bases de travailler avec les mains. Je ne pensais jamais retrouver ça en Creuse. Merci !
Charlotte Thamiry, employée de Rioland
Cette zone industrielle est encore marquée par le traumatisme GM&S, l'équipementier automobile qui a licencié 160 personnes et qui reste aujourd'hui fragile. Dominique travaillait chez cet imposant voisin, avant de se consacrer au cuir.
"Je ne l'ai pas pris à la rigolade au départ. Je vais faire de la couture à 59 ans, poursuit en riant Dominique Beaubert, employé de Rioland. Je suis fier de moi. Je ne dis pas que c'est tout rose tous les jours. Il faut être concentré. C'est un travail de précision. Moi, je revis professionnellement et personnellement."
Un centre de formation à Châteauroux
À Châteauroux, un centre forme les futurs salariés issus du bassin creusois. Les élèves ont tous les âges, ils viennent de secteurs variés, de l'informatique au service à la personne. Ils ont de cinq à dix semaines pour apprendre leur métier.
Il faut être très minutieux, avoir pas mal de concentration, surtout au début. Quand le geste est là, ça coule tout seul.
Pierre Frehaut, futur salarié de Rioland
Je ne pensais pas pouvoir faire certaines choses. Si ! Finalement, on y arrive.
Céline Poquet, future salariée de Rioland
350 personnes seront formées pour travailler en Creuse. Le bassin d'emploi s'adapte à l'employeur.
"L'idée, c'est que la marche soit la plus étroite possible entre la formation et l'entreprise, mais ils continueront d'apprendre leur métier de maroquinier, explique Sébastien Linossier, directeur du centre de formation Eshange. On considère qu'un maroquinier commence à être aguerri sur les savoir-faire au bout de cinq ans de pratique."
Retour à La Souterraine où les locaux de Rioland sont encore provisoires. L'entreprise déménagera bientôt, avec l'aide des collectivités, dans les anciens locaux de la marque textile De Fursac qui s'est délocalisée en Pologne. Les dirigeants sont très confiants
"Ce sont des métiers d'avenir. C'est un savoir-faire français. De vraies valeurs portées par le luxe "à la française". Il n'y a aucune raison aujourd'hui que les emplois disparaissent, sûrement pas !", affirme Isabelle Bordier, adjointe à la direction générale de Rioland.
Ce développement devrait se poursuivre grâce à une croissance mondiale. À la Souterraine, les recrutements sont toujours ouverts.
Le marché de l'emploi en Nouvelle-Aquitaine, revoyez l'émission Dimanche en Politique diffusée dimanche 21 janvier 2023.