Dans ce petit village au fond de la vallée de la Creuse qui abrite tout juste 50 âmes, jeunes et moins jeunes se retrouvent chaque semaine pour tricoter, papoter et se chahuter gentiment. Une vie rurale joyeuse, dans une nature magnifique, qui donnerait presque envie de se mettre au tricot.
Chaque troisième vendredi du mois, à Lioux-les-Monges, c’est le même rituel : "On arrive avec nos trucs, on se montre notre travail, où on en est. Moi j'ai toujours ma cochonnerie que je suis en train de me faire" raconte Nicole.
Pour sa cochonnerie donc, elle demande conseil à ses copines : "Je ne sais pas si je fais plus long devant que derrière ou si je fais tout pareil". Attentive à ce mystérieux tricot, Michèle lui recommande d'en élargir l'encolure, "pour que tu sois plus à l'aise".
Pendant ce temps, Mireille déballe le résultat de ses travaux d'aiguille de la semaine : "J'ai fait de nouvelles chaussettes", montre-t-elle. De belles chaussettes colorées, hautes et bien épaisses, idéales pour affronter l'hiver qui vient.
Retour au pays du cœur
Nicole, Mireille, Michèle sont trois retraitées revenues s’installer dans leur pays de cœur, ce petit coin de Combraille, dans la vallée de la Creuse.
"On a été obligées de partir pour le travail, mais on a quand même conservé les maisons des grands-parents. On en a fait des résidences secondaires, et puis à la retraite, on est revenues là" décrit Nicole. "C'est chez nous, tout le monde se connaît, tout le monde se tutoie".
Malgré la petitesse de notre population, on essaie d'animer le village pour le rendre agréable
Jacques Payard,Maire de Lioux-les-Monges
Participer chaque vendredi à l'atelier tricot, c'est une occasion de partage, et d'échange entre plusieurs générations. Et les anciennes sont toutes d'accord pour dire que la plus habile avec des aiguilles, c'est Gaëlle, la benjamine. "Je vends du fil à tricoter, précise la jeune femme, mais je tricote aussi" dit-elle modestement.
Dans cette ancienne grange, l’association Vivalioux propose du tricot, mais également de la peinture, du théâtre. Un dynamisme exceptionnel pour une commune d’à peine cinquante habitants. "Malgré la petitesse de notre population, on essaie d'animer le plus possible le village pour le rendre agréable, attractif" explique le maire de Lioux-les-Monges Jacques Payard.
"Moi je suis impressionnée parce qu'il y a beaucoup de choses à faire, pour un tout petit village comme ça. On peut être occupé pratiquement tous les jours" se réjouit Mireille.
Salut les camarades du tricotage ! Je viens vous regarder dans vos merveilles.
Martinehabitante de Lioux-les-Monges
Gaëlle, la jeune productrice de fils de laine, habite ici en couple depuis quelque temps, et elle ne regrette vraiment pas d'avoir fait son nid dans ce joli coin de vallée.
"Dès qu'on est arrivé, on a été intégrés aux activités du village, on a trouvé des gens très ouverts et très accueillants", se félicite-t-elle.
Comme pour confirmer ses propos, Martine franchit le seuil baigné de soleil de l'atelier en entonnant pleine d'entrain : "Salut les camarades de la couture et du tricotage, je vais faire ma petite promenade et je m'arrête dix petites minutes pour vous regarder dans vos merveilles !".
Elle fait un petit tour de table, s'arrête devant la cochonnerie de Nicole : "Oh mais c'est une serpillière !" plaisante-t-elle. "Je les admire de faire ça. Quand ma fille est née, j'ai fait un chausson, mais je n'ai jamais réussi à faire le deuxième, reconnaît volontiers la moqueuse. C'est comme si elles faisaient de la méditation active."
Avant de reprendre le chemin de sa balade dans la douce lumière d'automne, Martine salue la compagnie : "C'est un apaisement d'être ensemble comme ça, ça calme l'esprit. Et puis on est dans notre belle campagne, on est ensemble."
As du tricot ou pas, tous semblent avoir trouvé à Lioux-les-Monges un petit coin de paradis.