Réunis en conseil extraordinaire lundi 17 octobre, les élus de la mairie de Guéret ont voté contre le projet de construction d’un méthaniseur au nord de la ville. Un vote à valeur uniquement consultative qui soulève cependant un certain nombre de questions.
21 voix contre, seulement 7 votes favorables. Le projet de méthanisation guéretois cristallise l’opposition au conseil municipal de Guéret. Lundi 17 octobre, les conseillers municipaux étaient appeler à se prononcer sur cet épineux dossier au terme d’un mois d’enquête publique. Un vote de rejet sans conséquences directes. Il ne s’agit que d’un avis consultatif.
À l’issue de la délibération, le camp d’Eric Correia, fervent défenseur du projet, fait grise mine. L’intercommunalité, porteuse du projet, regrette que la majorité ne prenne pas en compte les bénéfices d’un tel équipement.
Ne pas prendre ce risque, c’est se priver aujourd’hui de l’apport que peut avoir ce projet. 7 % de la consommation du territoire peut être récupérée dans ce projet-là.
Benoît Lascoux, conseiller municipal d’opposition
Le projet actuel prévoit en effet, la production de 7,4 % de la consommation en gaz du Grand Guéret et devrait permettre d’éviter l’émission de 3.200 tonnes de CO2 chaque année. Un intérêt direct pour l’intercommunalité qui bénéficierait également d’une retombée financière de 75.000 euros de taxes ainsi que de la création de 3 emplois.
Un projet disproportionné
Malgré un débat animé, les élus ayant exprimé leur rejet ne semblent pas frontalement opposés à l’idée d’un méthaniseur pour alimenter une partie de l’agglomération. La discorde réside en réalité sur la taille du projet. L’installation devrait recevoir 27.800 tonnes/an de matières organiques, au sein de ses deux digesteurs. Un projet inadapté aux capacités du territoire selon la majorité municipale. Les élus de la majorité préféreraient un projet de plusieurs installations de plus petite taille.
« On parle de plusieurs milliers de tonnes de tontes, de fauches et de matières végétales. Qu’est-ce qui se passe si on ne les a pas ? En cas de sécheresse ou si les agriculteurs décident de garder pour eux ce qu’ils ont fauché. Où est-ce qu’on ira se servir ? » craint Guillaume Viennois, adjoint au maire, en charge du développement durable.
Le jeu n’en vaut pas l’étincelle.
Sylvie Bourdier, conseillère municipale
Autre point de tensions, la question de la sécurité du site. Certains élus s’inquiètent des risques en cas d’incendies ou d’explosion. L’entreprise, auditionnée fin septembre, affirme que ces risques sont très limités et pris en compte dans la conception du projet.
Restent les odeurs. L’installation en Zone Industrielle Nord de Guéret devrait permettre au camion d’éviter le centre-ville. Le bâtiment a quant à lui été conçu pour éviter que les stocks de matière ne restent trop longtemps sur le site, réduisant, selon les porteurs de projet, les nuisances olfactives aux abords du méthaniseur.
Le dossier est désormais entre les mains de la Préfecture de la Creuse. Elle doit rendre sa décision prochainement en se basant sur l’enquête publique finalisée ce lundi 17 octobre. En cas de décision favorable, l’équipement devrait être mis en service début 2023.