Après dix ans de fouilles, le chantier archéologique de Murat sur la commune Saint-Dizier-Masbaraud, dans la Creuse vient de s'achever. Il a mis au jour un fort médiéval, situé sur la rivière le Thaurion. Il y a plus de 1000 ans, c'était un axe stratégique. Une découverte rare.
Qui pourrait l'imaginer ? Sous la campagne et la forêt qui s'étendent à perte de vue, un fort médiéval vieux de mille ans, situé sur la rivière le Thaurion, vient d'être découvert. Une découverte rare que ces archéologues ont faite, après dix ans de fouilles. À l'époque carolingienne, Murat sur l'actuelle commune de Saint-Dizier-Masbaraud, en Creuse, était une place stratégique.
Unique en France
Richard Jonvel a mille raisons de s'enthousiasmer pour ce site archéologique de l'éperon barré, un promontoire rocheux situé juste au-dessus de la rivière Thaurion, à la confluence de la Leyrenne. On dit de cette levée de terre qu'elle est barrée parce que son accès avait été barré par un fossé creusé dans la pierre. Après dix ans de fouilles, avec son équipe d'archéologues, d'étudiants, de bénévoles, il a mis au jour un fort médiéval.
Murat est la première fouille en France à identifier un rempart vitrifié du haut Moyen Âge.
Richard Jonvel,archéologue
"La structure date du IXᵉ siècle", explique l'archéologue à des visiteurs venus découvrir le chantier, avant sa fermeture. Ce rempart vitrifié présente une technique de fortification qui consiste à brûler des pierres et des poutres pour faire durcir le talus.
Comprendre le site
Au fil des années, les archéologues ont découvert des petites pièces d'armement, des épées, des fers, datant des VIIIᵉ et IXᵉ siècles. Rien de vraiment impressionnant, somme toute. Mais ces recherches en apprennent beaucoup sur le site.
Une ancienne carrière de schiste recouvrait auparavant ce site fortifié. "On est a minima sur un fortin militaire, peut-être une résidence à vocation aristocratique, mais ça resterait encore à démontrer, raconte Richard Jonvel. En tout cas, il s'agit d'un point de contrôle dans la vallée du Thaurion, en relation avec d'autres fortifications majeures pour le IXᵉ siècle, probablement très rares à l'époque."
Les fouilles de Murat viennent donc de prendre fin, après dix ans d'investigations. Sans regret pour l'archéologue. "C'est une fouille exhaustive. En dix ans, on aura vraiment fouillé l'ensemble du promontoire et ses éléments défensifs. Dans une carrière d'archéologue, c'est très rare d'avoir la chance de fouiller un site dans sa totalité", se réjouit Richard Jonvel.
Si cette découverte marque également la fin d'une aventure exceptionnelle pour ces archéologues, ces spécialistes en sont convaincus : la vallée du Thaurion n'a certainement pas fini de livrer ses secrets.