L’historien et résistant Marc Bloch entrera au Panthéon. L'annonce a été faite par Emmanuel Macron à Strasbourg ce samedi 23 novembre. La tombe de Marc Bloch se trouve en Creuse au cimetière du Bourg d'Hem, où il avait acheté une maison familiale.
"Lucidité cinglante", "courage physique", c'est par ces mots qu'Emmanuel Macron a salué la mémoire de Marc Bloch ce samedi 23 novembre à Strasbourg. L'historien et résistant, issu d'une famille juive alsacienne, était devenu l'un des chefs de la Résistance au moment de la Seconde Guerre mondiale. Il avait été capturé par les Allemands, emprisonné, torturé et fusillé par la Gestapo en juin 1944.
Sa dernière demeure, dans un petit village creusois
Marc Bloch a également des attaches avec la Creuse. Le professeur d'histoire, père de six enfants, avait une maison familiale dans le bourg d'Hem où ses cendres reposent dans le cimetière depuis 1977, à la demande de sa famille.
Je me rappelle quand le corps de Marc Bloch a été rapatrié au bourg d'Hem, c'était un choix de la famille. C'était une cérémonie très émouvante et surtout une cérémonie où il y avait beaucoup de gens extrêmement connus.
Robert Deschamps, maire du Bourg d'Hem
Marc Bloch et la Creuse, c’est d’abord une grande amitié, celle qui le lie à Louis Lacros, un historien creusois. En 1930, le professeur de la faculté de Strasbourg s’achète une maison, il y vient régulièrement en famille aux vacances.
"Il n'hésitait pas à se promener dans la campagne creusoise puisqu'il était spécialiste d'histoire rurale médiévale. Il aimait analyser les paysages, discuter avec les paysans, raconte Guy Avizou
historien président de la société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse. Et il était adhérent de la Société des Sciences naturelles Archéologiques et Historiques de la Creuse. Il en a été membre pendant plusieurs années."
C'est par ailleurs en Creuse que Marc Bloch avait écrit un de ses livres majeurs, "L'étrange défaite", en 1940. Une réflexion à chaud sur la débâcle française qui fait encore référence aujourd'hui.
Cette panthéonisation est une reconnaissance, pour l’historien, et pour le résistant.
"On voit régulièrement des gens férus d'histoire qui viennent nous interroger sur où se trouve la tombe de Marc Bloch, où se trouve la maison où il a écrit L'Étrange Défaite. Mais bon, la commune va y perdre, la France certainement y gagner." explique Robert Deschamps, maire du bourg d'Hem.
Dans une lettre adressée à l’Élysée, la famille a toutefois demandé que le corps de Marc Bloch reste au bourg d’Hem, et que soit réalisé au panthéon un monument dédié à sa mémoire.
Professeur d'histoire et héros de la Résistance
Marc Bloch, né à Lyon en 1886, grandit au sein d’une famille juive alsacienne. Il suit de brillantes études et devient normalien et agrégé d'histoire. À 28 ans, pendant la guerre de 14/18, il se bat dans les tranchées, reviendra blessé et sera agent de renseignement. Par la suite, il enseignera l'histoire médiévale à l'Université de Strasbourg.
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, alors âgé de 53 ans, Marc Bloch s'engage une nouvelle fois dans l'armée pour combattre les Allemands. La France vaincue, en raison des lois antisémites du régime de Vichy, il sera déchu de son statut de fonctionnaire. Marc Bloch deviendra résistant jusqu'à son arrestation en 1944. Interné, comme Jean Moulin, à la prison de Montluc, il sera torturé plusieurs jours avant d'être exécuté par la Gestapo le 16 juin.