"Personne ne nous a vraiment cru" : la maire de Vidaillat avait identifié le "puppet master", recherché pour avoir renversé deux gendarmes

4 jours après sa fuite lors du contrôle d'un élevage de chiens en Creuse, Robert Hendy-Freegard est toujours en cavale. Selon la maire de la commune, une alerte avait été lancée il y a plusieurs années.

4 jours après avoir renversé deux gendarmes, Robert Hendy-Freegard est toujours recherché, et le parquet de Guéret a ouvert une enquête pour tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique.


Le manipulateur anglais, qui avait fait l’objet d’un documentaire de Netflix, se rendait régulièrement à Vidaillat, en Creuse. Il y retrouvait une femme, Sandra Clifton, qui vivait recluse, probablement sous son emprise. Cette Anglaise s’occupait depuis 2015 d’un élevage de chiens jugé suspect. Une situation qui rappelle beaucoup l'histoire d'une autre victime, Sarah Smith, qui nous a apporté son témoignage. 

Les conditions de vie très précaires de Sandra Clifton avaient alerté depuis longtemps les habitants de la commune, comme en témoigne la maire, Martine Laporte.

Aviez-vous prévenu les autorités ?

J’ai demandé des réunions avec la DDCSSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations ndlr) pour cet élevage de chiens qui n’était pas aux normes, on le savait. J’ai rencontré la personne qui s’occupe des femmes en difficulté sur la Creuse aussi. À chaque fois que j’ai rencontré un gendarme, j’en ai parlé. J’ai eu plusieurs rendez-vous avec les majors de Bourganeuf. Et malgré tout ça, malgré notre inquiétude, malgré le fait qu’on dise que de toute façon, il y avait quelque chose, on n’a pas été entendus. On n’a pas pris la mesure du problème et je trouve ça fort dommage. Est-ce qu’on aurait pu éviter ce qui s’est passé ? Je n’en sais rien, mais j’aurais aimé être entendue avant.

Quand sont-ils arrivés ?

Ils sont arrivés en 2015, et les habitants ont commencé à se poser des questions en 2016-2017. Ils nous ont alertés, sans doute que nous aussi au niveau de la mairie au départ, on n’a pas non plus mesuré le problème que ça pouvait être. Et puis après, quand on a découvert en 2018-19 quel était le personnage, on s’est affolés. J’ai essayé d’alerter sans beaucoup de succès.

Vous le regrettez ?

Je le regrette d’autant plus que le monsieur court toujours dans la nature, que je pense que c’est quelqu’un qui peut être dangereux, et que la population commence à s’inquiéter vraiment. Maintenant, on va essayer de vivre avec ça, et on espère qu’on va le retrouver.

Vous aviez identifié Robert Hendy-Freegard ?

Lui ne s’est jamais caché. Il s’est toujours fait appeler monsieur Freegard, on avait son nom, son prénom, il suffisait d’aller sur internet pour savoir ce qu’il avait fait avant et quelles condamnations il avait déjà eu en Angleterre. Quand quelqu’un arrive dans la commune, on ne commence pas par rechercher d’où il arrive et ce qu’il a pu faire avant, mais quand les choses se déroulent comme elles se déroulaient là, on s’inquiète (…). On savait depuis 3-4 ans et peut-être plus que ce monsieur avait un passé assez sulfureux en Angleterre, et on se disait bien qu’il était en train de reproduire la même chose à Vidaillat. Après plusieurs réunions avec la gendarmerie, on m’a dit : "La dame ne demande rien, ne se plaint pas, donc on ne peut pas intervenir. Par contre on va essayer de voir par le biais de cet élevage de chiens qui n’était pas aux normes." On a fait des réunions, mais ça a mis un temps infini avant d’avoir l’autorisation d’aller plus près, d’aller voir ces chiens, et de se rendre compte qu’il y en avait un certain nombre dans des cages, dans la maison…

Avez-vous rencontré Sandra Clifton ?

Je ne dirais pas que je l’ai rencontrée. De visage, je la connais. On a essayé plusieurs fois, moi et beaucoup d’autres personnes, mais on arrivait jusqu’au portail qui était fermé à double tour. Les rares fois où j’ai tenté de rentrer en contact avec elle, elle me tendait le téléphone qu’elle avait, qui était juste pour appeler monsieur, et donc j’avais monsieur au téléphone, et c’était terminé. Moi, je ne parlais pas anglais, lui ne parlait qu’anglais parait-il, la discussion s’arrêtait là.

Où peut-il se trouver ? 

C'est quelqu'un qui, quand on approchait trop près de sa femme, revenait très vite sur le secteur. Entre une heure ou une heure trente, il était revenu. Donc je me dis qu'il n'était pas en Angleterre ou à Lille. Je me dis qu'il était quelque part, pas très loin. 


Une perquisition a été menée ce vendredi au domicile du quinquagénaire. Les enquêteurs auraient découvert des téléphones neufs à carte prépayée. La gendarmerie demande à ce que quiconque le repère appelle immédiatement les autorités. 

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