Jeudi 25 août 2022, deux gendarmes creusois ont été blessés alors qu’ils effectuaient un contrôle dans un élevage clandestin de chiens sur la commune de Vidaillat. Lors de cette opération un homme a pris la fuite, heurtant les deux militaires avec son véhicule. L’homme, toujours en cavale, Robert Hendy-Freegard, est un escroc internationalement connu.
En 2005 la justice britannique a condamné Robert Hendy-Freegard à la prison à vie pour enlèvement, vol et tromperie. Accusé d’avoir extorqué un million de livres sterling à ses victimes.
Robert Hendy-Freegard, qui se fait également appeler David est surnommé « le maître des marionnettes » par Scotland Yard.
Dès 1993 celui qui sera tour à tour barman, puis vendeur de voitures, se lance dans une machination diabolique. Il se fait passer pour un espion, un agent du MI5, les services secrets du Royaume-Uni. Un mensonge qui, couplé avec un fort pouvoir de séduction et de persuasion, va lui permettre de briser la vie de plusieurs personnes.
En 1993 il entraîne trois étudiants dans une cavale qui va durer dix ans. Il leur explique qu’ils doivent le suivre pour échapper aux terroristes de l’IRA. Il va les obliger à vivre dans la clandestinité, les couper de leurs familles. Réduisant les uniques relations qu’ils doivent avoir avec leur parents à du chantage pour obtenir de grosses sommes d’argent. De l’argent sensé assurer leur protection.
Un épisode narré en détail dans un docu-série proposé sur la plateforme Netflix depuis janvier 2022.
Le maître des marionnettes
« The Puppet Master », ce document Netflix fait intervenir plusieurs victimes de cette cavale.
Nous y découvrons que Hendy-Freegard a obligé ses victimes à vider leurs comptes en banque, contraignant leurs parents à s’endetter.
Sarah, l’une de ces étudiantes va passer près de 10 ans avec l’escroc. Une décennie sans libre arbitre, sans aucune relation extérieure. Sans que ses parents n’aient la moindre idée de l’endroit où elle se trouvait.
Dans un article du journal Anglais The Guardian, on apprend que dans le même temps Hendy-Freegard étendait son réseau de victimes. Une avocate, une psychologue américaine, etc. Il vivait plusieurs vies. Jonglant avec plusieurs compagnes, toutes sous sa coupe, toutes s'étant endettées pour, assurer sa sécurité, l’homme se disant toujours persécuté par les terroristes en tant qu’espion britannique.
La Creuse
L’un des fils rouges du documentaire, c’est son histoire avec Sandra C..
Alors qu’il avait été condamné à la prison à vie en 2005, Hendy-Freegard a été libéré en 2009 après avoir fait appel de cette décision de justice.
C’est peu après que son histoire avec Sandra C. débute.
Dans le documentaire nous apprenons que Sandra est une mère de famille divorcée, avec laquelle il se lie par le biais d’un site de rencontres.
La jeune femme a deux enfants, Jake et Sophie et un ex-mari avec lequel elle entretient de bonne relation.
Lorsque David/Robert Hendy-Freegard entre dans sa vie il va la couper de tous. Ses parents, son ex-mari et ses enfants.
Il va, par le jeu de manipulations, la placer, elle aussi, sous son contrôle exclusif.
"Lors des rares occasions où nous parvenions à l’avoir au téléphone, nous comprenions que ce qu’elle nous disait avait été écrit par David," explique Jake dans le documentaire.
Le couple déménage, la mère de famille ne donne aucune information à ses enfants concernant son nouveau lieu de résidence.
En fait, elle est en France, au cœur de la Creuse.
Un élevage clandestin
Sandra est installée dans une maison de la commune de Vidaillat, au lieu-dit La Forêt-Belleville, depuis 8 ans.
Elle n’a aucun lien avec le reste du village. Elle ne sort jamais de chez elle. Quant à Hendy-Freegard, il passe par là en coup de vent.
"On peut passer un an sans le voir, il lui envoie des colis, je pense que c'est pour s'alimenter parce qu'elle ne sort jamais de chez elle. L'unique sortie qu'elle fait c'est pour déposer sa poubelle. Cette femme ça fait 8 ans qu'elle est enfermée chez elle," explique ce voisin du couple.
Cette femme elle vit sous l’emprise de cet homme. Lui on peut passer des mois sans le voir. Elle, elle élève des chiens et lui il vient pour les vendre.
Un voisin du couple
Et c’est justement cet élevage de chiens qui a suscité la curiosité des autorités.
Un élevage clandestin. Une trentaine de chiens, des beagles, qui seraient détenus dans des cages au rez-de-chaussée d’une maison de pierres.
Mis en demeure de fermer cet élevage par arrêté préfectoral en juin dernier, le couple n’a rien fait en ce sens. C’est pour cette raison que les gendarmes ont hier accompagné les agents de la Direction Départementale de Protection des Populations (ex-Direction des Services Vétérinaires), au domicile du couple.
Refusant le contrôle d’une partie de l’élevage Hendy-Freegard a pris la fuite, heurtant deux gendarmes avec son véhicule. L'un d'eux a même été traîné durant plus de 30 mètres sur le capot de la voiture. Les deux militaires sont blessés.
Il est parti dans son véhicule, il a accéléré, il est allé directement sur les gendarmes, il en a fauché deux, dont un qui est resté sur le capot, et il a pris la fuite.
Une riveraine de Vidaillat
À l'heure où nous écrivons ces lignes, le fuyard est encore en cavale.
Un important dispositif de recherche a été mis en place.
Quant à Sandra C., elle aurait été prise en charge par son fils Jake.
Jake et Sophie aurait eu connaissance de la nouvelle adresse de leur mère il y a environ un an. Ils seraient alors venus la visiter à Vidaillat sans pour autant réussir à la convaincre de quitter Hendy-Freegard.
Cependant hier (jeudi 25 août 2022), Jake, le fils de cette femme, vivant à l'isolement depuis 8 ans, aurait réussi à convaincre sa mère, au terme de longues négociations, de le suivre et de rentrer en Angleterre.