Jean Baptiste Moreau publie une tribune dans laquelle il affirme que le referendum sur le bien-être animal lancé par les antispécistes n’est qu’ « un cheval de Troie cachant d’autres revendications ». Décryptage avec une sociologue spécialisée.
Le 2 juillet 2020, une soixantaine d’associations de défense de la cause animale ont lancé un referendum d’initiative populaire sur le bien-être animal. Il demande l’interdiction de l’élevage en cage, à fourrure et intensif. Il prône l’interdiction de la chasse à courre, des spectacles avec des animaux sauvages ou entre autres la fin des expérimentations animales.
Pour que ce referendum soit un jour présenté au vote des Français, il doit être signé par 185 parlementaires et 10% du corps électoral, soit 4,7 millions de Français.
Le député de la Creuse a donc été sollicité, comme l’ensemble de ses autres confrères. Et Jean Baptiste Moreau s’inquiète. Il a donc publié une tribune dans le journal l’opinion :
Qu’elles répondent à des ambitions idéologiques ou purement business, les motivations des personnalités soutenant le referendum d’initiative populaire convergent vers le remplacement de nos produits d’excellence par des viandes de laboratoires ou dérivés.
Lobbies financiers
Jocelyne Porcher est sociologue et directrice de recherche à l’INRA. En 2019, elle a publié « Cause animale, cause du capital », aux éditions Le Bord de l’eau.Pour elle, le referendum d’initiative populaire sur la cause animale n’est autre que :
Une manière décomplexée d’assumer les liens entre des associations de défense des animaux et des milliardaires ou fonds d’investissement. En signant ce référendum, les gens acceptent ce lien.
La chercheuse en agronomie observe depuis 2010, le travail d’une soixantaine de start-up qui tentent de recréer de la viande cultivée sans passer par les animaux. Pour ces dernières, "le 21ème siècle sera celui de la biologie."
Ces recherches n’ont pas échappé à des hommes d’affaire très fortunés et précurseurs tels que Xavier Niel, le milliardaire fondateur du fournisseur d’accès à internet Free.
Xavier Niel n’a donc pas signé le referendum d’initiative populaire sans aucune arrière-pensée.
L’industrie est aujourd’hui capable de produire de la viande cultivée. Les défenseurs de la cause animale sont instrumentalisés pour créer une demande qui n’existe pas encore. L’objectif des entreprises de biotechnologie est de prendre la place de l’élevage.
Il faudra donc convaincre le consommateur de manger un aliment produit par les biotechnologies. Ce qui est loin d’être gagné. Le confinement a même poussé certains français à se rapprocher des circuits courts : des produits agricoles fabriqués près de chez eux.
La fin de la ruralité ?
Dans sa tribune, Jean Baptiste Moreau insiste sur le fait que si les revendications des antispécistes aboutissaient, la catastrophe écologique et alimentaire serait considérable.Sous nos climats tempérés, la végétation naturelle est la forêt. Sans exploitation par l’élevage, les prairies disparaissent. … Les vegans nous expliquent souvent qu’on les remplace par des cultures. Essayez donc de travailler un sol de tourbière, en pente, ou hyperacide !
Des jeunes urbains sensibles à la cause animale
Régulièrement, Jocelyne Porcher anime des conférences partout dans l’hexagone. Pour elle, les jeunes urbains sont les plus sensibles aux arguments des associations de défense des animaux :Je suis souvent interpellée par des jeunes dans mes conférences. Je constate qu’ils sont coupés de la vie rurale, des animaux d'élevage et de leurs liens avec l'alimentation"
De jeunes militants qu sont la plupart du temps accrocs aux groupes de défense sur les réseaux sociaux.
Le 28 août 2020, 589 000 personnes s’étaient déjà inscrites sur le site du référendum d’initiative populaire.