Restauration: Face à la crise du recrutement, un gérant sauve son affaire en embauchant deux cuisiniers étrangers

Avec plus de 200.000 postes non-pourvus dans l'hôtellerie-restauration, beaucoup de restaurants mettent la clé sous la porte. Notamment depuis la Covid-19, le secteur en Creuse n'est pas épargné et vendre son affaire n'est pas toujours facile. Pour résister à cette tendance, un restaurateur à La Souterraine a recruté deux cuisiniers marocains, qui ont relancé son affaire.

Depuis la crise sanitaire, les restaurants peinent à recruter, plus de 200 000 employés ont quitté le secteur et en Creuse, 50 postes sont à pourvoir. Dans l'attente de trouver la perle rare, les restaurateurs fonctionnent en bas régime. 

Pierre Rullière gère l'un des deux établissements creusois classés "Bib gourmand" par le Michelin. En manque de personnel, il réduit la voilure. "On limite à quarante couverts le dimanche. (...) Pour l'instant, on reste comme ça, on fait ce qu'on peut et on refuse énormément de travail, et des clients", regrette-t-il.

Ce patron a mis en vente son établissement depuis six ans, sans repreneur à l’horizon. Ce n'est pas la seule adresse à décider de fermer. L'emblématique Lion d'Or à Aubusson a fermé ses portes en septembre 2023 et la ville a perdu sa pizzeria quelques mois plus tôt. Les commerces de bouche se font de plus en plus rares en Creuse.

Un problème de recrutement

Rythme de travail soutenu et décalé, bas salaire : le secteur a du mal à redorer son image après la crise sanitaire. Pour casser les préjugés, les initiatives se multiplient dans la Creuse.

À La Souterraine, en juillet 2022, Pascal Beaudouin, est désespéré. Il annonce sur France 3 Limousin que face à la pénurie de personnel, il décide de fermer son restaurant le samedi midi et le dimanche toute la journée.

Aujourd’hui, il peut de nouveau ouvrir le samedi. Début 2023, il fait appel à une entreprise de recrutement, Le restaurateur a payé 2 000 euros hors taxes pour faire appel à une boite de recrutement, et selon lui, ça vaut le coût. Il a désormais une équipe au complet avec deux cuisiniers venus du Maroc.

"L'année dernière, il y avait une perte de chiffre d'affaires et de satisfaction de la clientèle, c'était très compliqué. J'ai cherché à recruter via les petites annonces, mais rien (...) Aujourd'hui, je me retrouve enfin avec une équipe complète. Par rapport à 2022, j'enregistre 74 % de progression de mon chiffre d'affaires, rien qu'en restauration. C'est que du bonheur.", s'enthousiasme Pascal Beaudouin. 

Le confort du salarié avant tout

Au menu ce midi-là, dorade Royale, jardinière de légumes et sauce au beurre blanc. Pour ces nouveaux salariés, c’est aussi l’occasion de se former à la cuisine française. Abdelaziz Hmimid se forme depuis plusieurs mois et prend plaisir à cuisiner en Creuse : "J'étais en poste au Maroc, mais je suis passionné par la cuisine française. Et ça, c'est mon rêve", explique-t-il. 

Pascal Beaudoin a retenu de la crise qu'il faut chouchouter ses salariés.

Aujourd'hui, il faut amener du confort au salarié depuis la COVID, par exemple, je n'ouvrirai plus jamais mon restaurant le dimanche

Pascal Beaudouin, Propriétaire du restaurant Alexia, à La Souterraine

Chacun des deux cuisiniers pourra repartir chez lui un mois en décembre-janvier. Zouhair Mezry, l'un des nouveaux cuisiniers, envisage de rester en poste :

"Je suis venu ici pour m'améliorer, ici, c'est bien pour moi, rien que la qualité de vie. Il manque de la main d'œuvre et les conditions de travail sont bonnes, on n'a pas de problèmes. "

Donner plus d’avantages à ses employés et embaucher des étrangers, serait, selon le patron, la seule solution de survie pour les restaurants creusois en difficulté.