Le député Renaissance de la Vienne Sacha Houlié, également président de la commission des lois à l'Assemblée nationale a cosigné une tribune demandant la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. Une démarche qu'il partage avec une trentaine de députés : des collègues de la majorité, des élus centristes mais aussi des parlementaires de l'opposition comme le communiste Fabien Roussel ou l'écologiste Julien Bayou. Il explique sa démarche dans cet entretien.
France 3 Poitou-Charentes : la question de la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension est dans le débat public depuis quelques temps. Vous êtes député de la majorité, président de la commission des lois, qu’est-ce qui vous a motivé pour cosigner cette tribune maintenant ?
Sacha Houlié : le but pour nous, c’est d’abord de montrer que cette proposition, elle est populaire, elle est partagée et elle répond à une volonté du terrain. Pour lui donner sa chance, pour lui permettre d’être adoptée, le but est de recueillir un maximum de voix à l’Assemblée nationale et c’est dans ce sens qu’avec différents partis à gauche, nous avons apporté notre soutien à cette disposition. Il s’agit de faire ce que la gauche n’a jamais fait quand elle était au pouvoir et donner des papiers à travers une loi aux travailleurs dans les métiers en tension.
France 3 Poitou-Charentes : cette tribune a été signée par d’autres députés de la majorité, des centristes mais aussi des membres de l’opposition comme Fabien Roussel ou Julien Bayou. Est-ce que ça ne vous met en porte-à-faux notamment par rapport au Chef de l’Etat et au gouvernement ?
Sacha Houlié : au contraire, je pense que ça permet de partager des idées en commun, des idées qui sont exprimées dans le projet de loi que le gouvernement et le président ont présenté. Par ailleurs, ça fait maintenant six mois que je travaille avec Fabien Roussel, avec Julien Bayou notamment et ce travail devait se conclure par une déclaration commune. Il est assez clair que la gauche n’est pas d’accord avec l’ensemble du projet de loi qui prévoit aussi l’expulsion systématique des étrangers délinquants mais pour cette partie-là (NDLR : celle de la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension) c’est une façon de dire qu’on peut se retrouver sur certaines dispositions.
France 3 Poitou-Charentes : en signant cette tribune, vous espérez sans doute faire accélérer les choses. Est-ce que ça ne va pas au contraire crisper le débat ? N’est-ce pas votre crainte ?
Sacha Houlié : non, pas du tout. Je pense que le débat est très clair, on a un projet qui est radical à la fois sur les expulsions, à la fois sur les régularisations dans les métiers en tension et sur la simplification que doit connaître notre droit pour les préfectures ou pour les procédures judiciaires et donc, il s’agit de clarifier une certaine hypocrisie. Toutes ces mesures, on doit les faire et les faire rapidement. Vous prenez à Poitiers, les cafetiers, les entreprises du BTP, même l’hôpital qui demande la régularisation des médecins, tous ces gens attendent des mesures. Il s’agit finalement de faire œuvre utile en accélérant les choses. Le projet de loi viendra a priori cet hiver et si on peut, dans cette attente, créer des convergences, moi en tout cas, c’est ce à quoi je m’attache.