"Allez, les tricoteuses !". Les propos tenus par un avocat à l'issue du procès des viols de Mazan, envers des militantes féministes, suscitent de vives réactions, tandis qu'une enquête déontologique a été ouverte à son encontre.
Après l'annonce du verdict du procès des viols de Mazan, jeudi 19 décembre, la scène avait choqué, et la vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. On y voit Christophe Bruschi, l'avocat d'un des 51 accusés, s'adressant à des soutiens de Gisèle Pelicot, à la sortie du palais de justice d'Avignon, les traitants d' "hystériques", "mal embouchées". Le barreau de Lyon a indiqué, vendredi 20 décembre à l'AFP, avoir ouvert une enquête "déontologique", suite à ces déclarations publiques.
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"Tout avocat est soumis à des règles déontologiques dont le Bâtonnier est garant", a déclaré l'ordre professionnel des avocats, en expliquant avoir reçu des signalements d'un particulier et d'un avocat concernant les propos tenus la veille par Me Christophe Bruschi. Inscrit au barreau de Lyon, ce dernier défendait l'un des 51 accusés, Joseph C., condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, la peine la plus légère prononcée par la cour criminelle de Vaucluse.
Lors du procès des viols de Mazan, un avocat de la défense s'en est pris aux militantes féministes en les qualifiant de « tricoteuses ». Ce mépris ne nous fait pas taire : il renforce notre détermination à tisser la révolution féministe. ✊🔥 #JusticePourLesVictimes pic.twitter.com/ww4VVogVzx
— PCF Nord (@PCFNord) December 20, 2024
"Mon client a un message pour vous, à toutes ces hystériques, ces mal embouchées, le message, c'est merde ! Voilà, mais avec le sourire", a-t-il lancé à la sortie du tribunal où s'étaient réunies des militantes féministes."Allez, les tricoteuses !", a-t-il ajouté sous les huées, selon les images captées par de nombreux journalistes. Me Bruschi a ensuite précisé avoir utilisé ce terme en référence aux femmes qui, pendant la Révolution française, "étaient assises en face de la guillotine, qui tricotaient et qui n'attendaient qu'une chose, que la guillotine tombe."
"Effectivement, je les ai appelées les tricoteuses, mais pas toutes les femmes, loin s'en faut", a-t-il dit, démentant toute "provocation" mais fustigeant des militantes qui "font le buzz" et "sont dans la haine."
"Cet avocat qui fait honte à la France"
Cela n'a pas empêché les critiques de fleurir sur les réseaux sociaux, accusant l'avocat de misogynie. Sur X, le député insoumis marseillais Sébastien Delogu a ainsi condamné les propos "inacceptables" et demandé "des mesures disciplinaires appropriées" à l'encontre de cet avocat qui "fait honte à la France".
🔴 Cet avocat fait honte à la France et fait honte à son métier…
— Sébastien DELOGU (@sebastiendelogu) December 19, 2024
Je saisie l’Ordre des avocats ! pic.twitter.com/sVhE2F8K3Q
Après quatre mois d'un procès devenu symbole des violences faites aux femmes, la justice a déclaré tous les accusés coupables et prononcé des peines de trois à vingt ans de prison. Dominique Pélicot, 72 ans, a écopé de la peine la plus lourde pour avoir drogué son épouse pendant une décennie et l'avoir livré à des hommes recrutés sur internet.
Article écrit avec AFP