À l'occasion de cette nouvelle édition de la biennale de Venise, une exposition intitulée "shame european stories" présente 60 portraits de victimes de maltraitance infantile. Deux visages sont ceux de "Réunionnaises de la Creuse".
Comme le relatait récemment dans un article publié par nos confrère de La Première, "les Réunionnais dits de la Creuse font entendre leur voix à Venise en Italie" dans le cadre d'une exposition consacrée aux victimes de maltraitance infantile.
Parmi les 60 portraits de ces victimes européennes, figure deux "Réunionnaises de la Creuse" : Valérie Andanson et Sylvie Arcos. Une série photographique née du travail d'un mouvement européen de luttes contre les violences faites aux enfants auquel est associé, en France, la fédération des enfants déracinés des DROM (FEDD).
Plus de deux-mille enfants réunionnais exilés
Ces deux femmes font partie des 2 150 enfants et adolescents, dénombrés actuellement, que les services de l'aide sociale à l'enfance française ont séparé de leur famille entre 1962 et 1984. Des enfants (rarement orphelins) ensuite envoyés en métropole, dans des départements en proie au déclin démographique comme la Creuse.
Comme le relate La Première, après avoir été adoptée par une famille de fermiers lui ayant caché son passé et ses origines, c'est n'est qu'à ses 16 ans que Valérie Andanson découvrira la vérité. "Un véritable cataclysme. À partir de ce moment-là, elle a voulu comprendre son histoire, retrouver ses frères et sœurs et commencer à chercher ses parents biologiques. Elle n’a alors eu de cesse de lutter pour la reconnaissance des droits des Réunionnais dits de la Creuse en tant que victimes."
Si certains ont été bien accueillis, comme c'est la cas de Valérie Andanson lors de son adoption par une famille de restaurateurs à ses 7 ans. D'autres ont été exploités, maltraités, humiliés et ballottés de foyers en familles d'accueil peu scrupuleuses qui ont profité de leur désarroi.
Sylvie Arcos quant-à-elle n'a compris qu'en 2014 qu'elle était "une enfant de la Creuse". Ayant grandi en Bretagne avec son frère, leurs parents adoptifs ne leur ont pas caché leur adoption. Mais ces derniers ignoraient leurs origines et leur vie passée.
Une histoire longtemps ignorée
Si les faits étaient connus depuis les années 60/70, c'est n'est que dans les années 2000 lors des premiers témoignages de victimes de cet exil forcé que les faits attirent l'attention du grand public. Valérie Andanson fait partie de ces premières victimes à prendre la parole. Depuis, elle n'a eu de cesse de lutter pour faire reconnaître officiellement cette histoire et de combattre pour demander réparation à l'Etat français.
Un combat long et fastidieux, car ce n'est qu'en 2014 que ce dernier reconnaîtra officiellement les faits. Enfin, en février 2017, toujours grâce au combat de cette femme et de la FEDD que de premières mesures gouvernementales apparaissent en faveur des Réunionnais victimes de l'exil forcé avec : la prise en charge financière d'un billet d'avion pour retourner sur l'île, des frais hébergements sur place pendant trois jours et une aide psychologique.
Une exposition, un coup de projecteur
Aujourd'hui, cette exposition, au cœur de l'un des plus grands événements de l'art contemporain d'Europe, sera donc l'occasion de relayer ces histoires. Toujours selon La Première, la fondation Suisse Guido Fluri à l’origine de cette initiative "souhaite utiliser ces photos comme un étendard de son combat pour la reconnaissance des victimes de maltraitance durant leur enfance."
Loin de se limiter à la biennale qui se terminera le 27 novembre 2022, l'exposition va s'exporter dans plusieurs pays européens. Ainsi, "Les portraits de Valérie Andanson et de Sylvie Arcos vont donc voyager dans toute l’Europe."