Avec d'autres anciens pupilles séparés de leurs parents et exilés en Creuse dans les années 70, Simon A-Poi est revenu dans le hameau du Theil en Creuse où il avait été placé en famille d'accueil par la DDASS.
Il a raconté son histoire aux enfants de l'école où il était écolier il y a 45 ans.
Dans la salle des fêtes du village la projection du film "une enfance en exil" vient de se terminer.
Les enfants de l'école du Theil commencent à poser des questions à Simon A-Poi qui ne peut pas contenir son émotion. Les larmes jaillissent dans les yeux des écoliers et de l'homme qui était à leur place il y a 45 ans.
Son histoire c'est celle de 1600 enfants réunionnais qui ont été séparés de leurs parents et exilés en métropole sans billet de retour entre 1963 et 1982.
La majorité d'entre eux furent envoyés en Creuse et placés dans des foyers ou des familles d'accueil.
Certains furent bien accueillis, d'autres furent exploités et maltraités. Mais surtout, tous durent subir une séparation totale et définitive avec leur famille réunionnaise savamment entretenue par les services sociaux.
Aujourd'hui on sait que ces expériences traumatisante et ces vies brisées par l'exil géographique et psychologique ont été organisées et planifiées par le gouvernement français de l'époque. Il craignait une explosion démographique et politique à la Réunion et déplorait l'exode dans les campagnes françaises, notamment en Creuse.
Il y a un an, à l'initiative de la députée de la Réunion Ericka Bareigts, l'Assemblée Nationale a reconnu la responsabilité morale de l'Etat français dans cette affaire.
Il y a quelques semaines, la ministre des Outre-Mer a reçu les associations d'anciens pupilles réunionnais comme Rasinn Anler pour écouter leurs revendications : un voyage vers la Réunion pour chaque pupille exilé, une réparation financière du préjudice subi, un accès de chaque pupille à son dossier administratif complet, le droit de retrouver son identité initiale (l'Etat avait changé le nom de certains pupilles pour que elurs parents ne puissent pas les retrouver) et le rapatriement du corps des pupilles décédés vers la Réunion.
George Pau Langevin a également annoncé qu'un comité d'experts allait être créé pour traiter ce douloureux dossier.
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VIDEO : pour comprendre l'histoire des "réunionnais de la Creuse", le documentaire "Racines en l'Air"