Les entreprises spécialisées en recyclage sont populaires auprès des professionnels qui cherchent à tout prix à réduire leurs coûts. Illustration en Creuse, où deux entreprises recyclent des déchets industriels et des fauteuils roulants.
Tout se transforme, rien ne se jette ! : une formule que l'on croirait sortie de la bouche de nos grands-parents, pourtant, aujourd'hui, elle redevient tendance. Désormais, certaines entreprises se spécialisent dans le recyclage des matières premières destinées à la poubelle, pour leur offrir une seconde vie. C'est le cas de deux entreprises, en Creuse, qui recyclent des déchets industriels et des fauteuils roulants. Tour d'horizon de ce département devenu pilote dans le domaine.
Près de 3 500 euros économisés
Les entreprises du bâtiment figurent parmi celles qui génèrent le plus de déchets. Selon le Ministère de la transition écologique, le secteur du bâtiment représente environ 19 % de la production de déchets du BTP, soit 46 millions de tonnes par an.
Alors pour Vivien Millet, gérant d'une entreprise de travaux en Creuse, qui produit 1 000 tonnes de déchets par an (bois, acier, tuile, plastiques ou matériaux inertes), le recyclage s'impose pour limiter les coûts. Grâce à cette plateforme de recyclage, il peut économiser près de 3 500 euros :
Chaque année, c'est un prix forfaitaire qui tourne autour de 1 500 euros et si je pars sur une autre plateforme, on va être autour de 4 000 à 5 000 euros, donc c'est une économie très importante pour nous.
Vivien MilletGérant d’une d’entreprise de travaux (23)
Comme lui, une vingtaine d'entreprises sont adhérentes à cette nouvelle structure de recyclage. Depuis septembre 2022, Reveal 23, emploie un salarié pour trier et donner une seconde vie aux rebuts du bâtiment.
Du plastique transformé en paillettes
L'été 2022, la toute jeune entreprise Reveal 23 a inauguré un distributeur de béton, celui-ci se fournit désormais aussi de composants recyclés, c'est ce qu'explique Marie Trullen, la gérante de l'entreprise : "pour les déchets inertes, on fait du matériau recyclé, c'est-à-dire du caillou. On a un distributeur automatique de béton sur la plateforme dans lequel on va pouvoir intégrer des matériaux recyclés dans la préparation du béton. Le plastique il va être transformé en paillettes et réutilisé après pour fabriquer d'autres matériaux en plastique".
Ce type de société se développe, la Creuse est même un territoire pilote en matière d'expérimentation.
30 tonnes de matériel médical par an
En plus du modèle économique, ces entreprises portent souvent un projet humain. "L’intérêt, c'est de pouvoir ramener des gens éloignés de l'emploi vers ces secteurs d'activités, de pouvoir professionnaliser ces personnes-là en leur permettant de donner un sens à leurs trajectoires professionnelles" souligne Philippe Daly, le directeur de la CCI de Creuse.
C'est le cas de l'association Révatec qui embauche des personnes en réinsertion. Sa mission est de remettre en état et transformer trente tonnes de matériel médical par an, destiné à la déchetterie.
Quand il y a un lit médicalisé qui n’est plus aux normes, qu'il manque des pièces et des vérins, tant qu'il lève, on peut s'en servir pour un établi.
Jean-François BaillyEncadrant technique de Révatec
Sièges de bain, déambulateurs, sièges percés, tout ce qui favorise l'autonomie, se vend ou se loue à petit prix. "Pour un fauteuil roulant neuf, il faut compter entre 600 et 10 000 euros" selon Stéphane Charles, le directeur de Révatec, alors que son association revend des fauteuils roulants "reconditionnés" pour 90 euros pièce.
Depuis un an, Révatec rempli son pari, celui de palier les manques de matériel adapté. En Creuse, plus de la moitié de ceux qui en ont besoin aujourd'hui, n'y ont pas accès.
Où jeter ses déchets quand on est un professionnel ?
Selon le Syded de la Haute-Vienne, les professionnels jettent leurs déchets dans les mêmes déchetteries que les particuliers. En Haute-Vienne, il en existe trente-six dont onze basées uniquement au sein de Limoges Métropole. Les professionnels doivent présenter un badge, puis paient au poids et selon la nature des déchets. Par exemple, pour jeter un mètre cube de plâtre, il faut débourser 35,28 euros.