La "Coopérative felletinoise", en Creuse, a rouvert ses portes au public ce week-end. D'importants travaux ont été réalisés sur cette ancienne diamanterie : elle devient aujourd'hui un musée qui retrace de manière fidèle le travail des ouvriers. On vous fait découvrir le lieu...
Reconstituée à l'identique pour devenir un musée, l'ancienne coopérative diamantaire de Felletin a rouvert ses portes au public ce samedi 24 juin. Construite en 1912, elle est le dernier témoin des ouvriers felletinois.
Pendant près d'un siècle, la ville de Felletin a donc résonné au son des tours de diamantaires. Une activité presque oubliée qui a pourtant marqué l'histoire et l'économie de la cité creusoise au XXᵉ siècle.
C’est à la force de l’eau provenant de la Creuse que la turbine datant de 1900 alimentait les tours de diamantaires, permettant la production d'électricité et le fonctionnement des métiers nécessaires au travail du diamant, comme l'explique Constance Faucher, chargée de valorisation du patrimoine : "tout le site était autonome et c’est aussi la raison pour laquelle cette activité s’est développée ici à Felletin puisqu’on avait la force motrice, l'énergie gratuite et qui tournait toute l’année".
À l'époque, les diamants bruts arrivaient principalement du Congo par la Poste. Ils étaient ensuite taillés dans la coopérative, puis étaient renvoyés aux clients, notamment des grandes maisons de joaillerie, toujours par voie postale. Les pierres ne restaient jamais sur place pour qu'elles ne soient pas dérobées : les ouvriers repartaient avec, chez eux, dans une petite bourse en cuir, le temps qu'elles soient taillées.
Jacques Chabrat, 75 ans, et président de l'association Felletin patrimoine environnement, a grandi dans la petite commune creusoise, se souvient : "lorsque j'étais enfant, je voyais passer les diamantaires avec leur petit sac de diamants à la main. Ils traversaient la ville pour aller travailler, puis le soir, remontaient avec le petit sac !".
Nous avons pu récupérer des outils qui n'avaient pas été volés. C'est une chance ! Cela nous a permis de remettre en état l'atelier tel qu'on l'a trouvé lorsque les derniers ouvriers sont partis.
Constance FaucherChargée de valorisation du patrimoine
En 1982, le dernier diamantaire quitte la coopérative, laissant derrière lui tous les équipements. Mais en 1998, lorsque la commune rachète le bâtiment, il avait été "visité", comme l'indique Constance : "c'étaient certainement des personnes qui voulaient voir s'il ne restait pas des diamants à récupérer. Mais comme les pierres ne restaient jamais sur place, il n'en restait heureusement pas. Nous avons pu récupérer des outils qui n'avaient pas été volés. C'est une chance, puisque cela nous a permis de remettre en état l'atelier tel qu'on l'a trouvé lorsque les derniers ouvriers sont partis".
Après avoir sécurisé le bâtiment, l'association commence alors un travail de recherche, de récupération d'archives, de recueillement des témoignages d'anciens ouvriers, tous décédés aujourd'hui.
L'entreprise devient un musée
Débutés en mars 2022, les travaux de réhabilitation ont eu un coût : 1,3 million d'euros. Ils ont été financés majoritairement par la région Nouvelle-Aquitaine, les fonds européens, puis aussi par la préfecture à travers le plan particulier pour la Creuse, la Communauté de Communes Creuse Grand Sud, la Fondation du patrimoine et la Mission Bern.
D'avril à novembre, le musée projette d'accueillir 7000 personnes. Il compte sur la cité d'Aubusson, située à une dizaine de kilomètres de Felletin, pour attirer des visiteurs.