Plusieurs milliers de visiteurs ont admiré, cet hiver, l'exposition Francis Chigot au musée des Beaux-Arts de Limoges. Un franc succès qui a rappelé l'importance du vitrail limougeaud, un art et une économie qui semblent se développer.
Ce jour-là, Marianne Tardien, vitrailliste à l’Atelier du vitrail de Limoges, travaille sur une création originale : à partir d'un dessin de Jérôme Rasto, artiste de street art, elle dessine des éléments du célèbre jeu vidéo Mario Bros... Ce n’est pas un cas isolé. En effet, dans cet atelier, on observe une évolution de la demande : "Des vitraux plus art déco, des verres imprimés, texturés… Une autre approche du vitrail. Les gens ne voient plus le vitrail comme un art religieux."
L'atelier du Vitrail existe depuis 1960, et il n'y a qu'une dizaine de structures de ce type en France. Mais selon le gérant Didier Bayle, l'essentiel de l’activité reste la restauration de vitraux religieux : "On travaille beaucoup sur les marchés publics, on répond à des appels d’offres. C’est quand même un secteur qui est compliqué parce qu’on a des prix qui sont obligatoirement bas si on veut être en face de la concurrence."
Chercher le bon positionnement
Face à cette concurrence, les professionnels doivent trouver le bon positionnement. Exemple avec Marion Sandner, qui a créé son activité en 2020 à Laurière, en Haute-Vienne. Elle fabrique des vitraux qui ont pour thématique les animaux : "C’est un militantisme, pour attirer l’œil et l'attention sur les animaux qui sont méprisés ou ignorés et qui sont magnifiques, qui ont un comportement passionnant."
Marion Sandner a suivi une formation de vitrailliste à Limoges. Il n'en existe que trois en France. Depuis la mise en place de cette formule en 2019, le lycée du Mas Jambost a vu défiler une centaine d'élèves, comme Lou, 20 ans, dont le vitrail sera bientôt exposé aux archives départementales : "Le cahier des charges, c’était de s’inspirer des vitraux de la gare des Bénédictins. J’ai repris les motifs végétaux et les formes géométriques."
"Il y a une vraie demande"
Pour Philippe Chalopin, directeur délégué des formations professionnelles, de réelles opportunités existent dans ce secteur : "On voit à nouveau le vitrail intégrer les intérieurs, les halls de magasins, d’hôtel… Il y a une vraie demande à ce niveau-là. Les archis d’intérieur se sont, à nouveau, accaparés cet art."
Le succès de l'exposition Chigot au musée des Beaux-Arts de Limoges, l'hiver dernier, montre l'intérêt que porte le grand public au vitrail et la relève du célèbre peintre verrier limousin semble assurée.