Faire vivre les festivals en 2021, c'est la volonté de nombreux organisateurs en Limousin. Le monde de la culture est sinistré depuis plusieurs mois alors il faut regarder vers l'avenir et donner de l'espoir. Pour l'instant, la majorité des festivals en Limousin est maintenue.
Mercredi 27 janvier, 8h00, le Festival Urban Empire annonce ses têtes d'affiche dans la presse avec beaucoup d'assurance comme si le Covid-19 s'est envolé. Woodkid, Java, Alpha Blondy et bien d'autres encore. La scène se situera sur l'esplanade de Beaublanc, à Limoges, les 27 et 28 août. Et dès le 24 août, un festival off, avec des concerts, résonnera dans plusieurs quartiers de Limoges.
Budget du festival : 500 000 euros. L'événement bénéficie d'un large soutien financier, logistique et technique de la ville de Limoges malgré le contexte sanitaire. La subvention est déjà votée. La Région Nouvelle Aquitaine et Limoges Métropole soutiennent également ce festival.
Cette année, Horizons Croisés n'hésite pas à solliciter des partenaires privés, des mécènes, des entreprises. Et cela s'avère payant malgré les difficultés économiques actuelles. Ce sont les grandes entreprises principalement qui vont soutenir Urban Empire.
En programmant Woodkid, l'association Horizons Croisés frappe un énorme coup.
Depuis des années, Horizons Croisés parvient à attirer de grands artistes en Limousin. Nous avons les bons contacts. Il faut qu'Urban Empire soit pérennisé. Il faut que Limoges ait son propre festival
Face au contexte sanitaire, la détermination des organisateurs de festivals semble sans faille. Ils ont besoin d'y croire, un peu comme pour conjurer le terrible sort qui est réservé à la culture depuis de nombreuses semaines. La fermeture de tous les théâtres, lieux de concerts et cinémas.
En Corrèze, du côté du Festival aux Champs de Chanteix, c'est l'instinct de survie qui prend le dessus également. Le Festival devrait se dérouler du 9 au 11 juillet.
En 2020, notre festival a été annulé. Les artistes qui devaient y participer sont reconduits pour l'été 2021. Ils ont été partants. Ils n'ont pas pu jouer leur nouvel album, les tournées ont toutes été reportées, alors ils espèrent tous se produire dans quelques festivals l'été prochain
Même si les mesures gouvernementales concernant ces événements culturels sont loins d'être connues ou dévoilées, il faut quand même préparer. "On ne met pas 3 jours pour préparer un festival. Ca se prépare des mois à l'avance" ajoute Jean-François Poumier.
Un festival qui parvient à faire venir de très grands artistes depuis plus de 20 ans dans ce petit coin de la Corrèze. Alain Souchon, Cali, Naive New Beaters, Bon Entendeur et les Wampas devraient se produire cette année.
L'été dernier la plupart des festivals n'ont pas pu se dérouler normalement. Tous, ou presque, ont été annulés. Mais en ce début 2021, il faut de nouveau subir la crise sanitaire et préparer les festivals dans le plus grand flou. "On est obligé de subir cette situation. C'est frustrant pour tout le monde. Ne plus pouvoir organiser de concerts ou ne plus pouvoir y assister, c'est difficile ! " assène le président de Tuberculture.
Notre plus grosse interrogation : ça va durer encore combien de temps ?
Si le festival n'a pas lieu à l'été 2021, ce sera difficile de repartir, car ce sera compliqué de remobiliser des bénévoles qui commencent à être un peu âgés
D'habitude, on organise un repas avec 1500 convives sous un chapiteau, ce sera impossible en juillet prochain. Le feu d'artifice qui rassemble 15 000 personnes au bord d'un lac semble compromis également
Détermination et motivation
En Creuse, le festival Check In Party par exemple, qui doit se dérouler les 20 et 21 août prochain sur l'aérodrome de Guéret-Saint-Laurent, mise sur la prudence.
L'équipe prépare activement cette deuxième édition mais sans en dévoiler davantage.
"Tout est très flou et très long tant que le gouvernement ne se positionne pas. Il faudra ajuster les protocoles sans doute jusqu'au dernier moment.On travaille avec envie et espoir, on échafaude des plans A, B et C"
L'équipe de ce grand festival creusois ne souhaite pas communiquer davantage pour l'instant. Aucune tête d'affiche n'est dévoilée. L'an dernier, le festival avait dû être annulé pour éviter la propagation du virus.
En 2019, Check In Party avait attiré 14 000 visiteurs.
Solidarité renforcée
Les deux-tiers des événements ont bénéficié de soutiens de collectivités territoriales. Une grande part des festivaliers étant déjà en possession d'un ticket lorsque l'annulation a été décidée, ont souhaité le conserver pour la prochaine édition. Cela permet à l'organisation de maintenir un peu de trésorerie.
Pour le festival de Chanteix par exemple, seulement 25% des festivaliers de l'été 2020 ont demandé le remboursement de leurs places.
La solidarité peut émaner également des festivals eux-mêmes. Urban Empire propose dans cette mouvance, pour la toute première fois, un paiement de pass échelonné, avec un échéancier en bonne et due forme. C'est une tentative aussi sans doute de convaincre les festivaliers un peu frileux, en ce moment, de se projeter un peu .... vers un univers plus festif, peut-être à l'été prochain.
Au niveau national, 81% des festivaliers se disent prêts à payer leur pass 2021 un peu plus cher pour soutenir leur festival préféré.
Les rescapés de l'été 2020
Le festival corrézien 1001 Notes en Limousin fait partie des rescapés de l'été 2020. Mais il a dû presque totalement se réinventer. Proposer davantage de concerts mais avec un budget resséré. Cet événement s'attache à populariser la musique classique depuis des années.
Son originalité en temps normal, chaque spectacle est donné dans un lieu patrimonial remarquable. Mais à l'ère du Covid, il a fallu être moins inventif pour réduire les coûts logistiques. Tout s'est fait au Parc du Mazeau près de Limoges. Un peu comme un festival de rock, avec foodtruck et prix des billets à la baisse. Entre 20 et 30 euros au lieu des 65 euros pour les meilleures places.
La jauge a également été fortement réduite. Résultat : 2 000 euros de billetterie par concert contre 15 000 euros avant. Le budget de ce festival a été presque divisé par deux. De 700 000 euros, il est passé à 380 000 euros. Financé à hauteur de 20% par des aides Covid.
Albin de la Tour, à la tête de l'association 1001 Notes, ne cache pas son inquiétude pour 2021. "Il va encore falloir s'adapter en présentiel ou en virtuel". Un prêt de 80 000 euros a même été contracté par sécurité.