Déconfinement : les brigades sanitaires prêtes à monter au front

Depuis le 11 mai 2020, des brigades anti-Covid ont été mises en place dans chaque département. Gérées par l'Assurance Maladie, elles sont chargées d'enquêter sur les cas contacts des personnes infectées, tout en préservant les libertés individuelles.

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Le ministre de la Santé, Olivier Véran, les a surnommées "les brigades d'anges-gardiens"... C'est dire si leur mission est lourde, et leur rôle important dans la lutte contre l'épidémie.

La création des brigades sanitaires a été annoncée par le Premier ministre fin avril. C'est l'un des dispositifs majeurs du déconfinement, prévu par la loi qui prolonge l'Etat d'urgence sanitaire. Leur rôle consiste à remonter la liste des cas contacts pour chaque malade diagnostiqué, afin de casser la chaine de la transmission virale.

Depuis le 11 mai, elles sont opérationnelles dans chaque département, mises en place par les Caisses primaires d'assurance maladie.
 

Du personnel formé


A la CPAM de la Corrèze, une trentaine de salariés ont été identifiés et spécialement formés pour faire partie de cette "brigade". Même si la directrice n'aime pas trop ce terme, et préfère parler d'une "plateforme dédiée".
Il s'agit de personnels médicaux et administratifs, des agents rompus aux outils de la CPAM et au dialogue avec les assurés et les professionnels de santé, habitués également au secret médical.
Ils seront mobilisés de 8h à 19h, 7 jours sur 7.

Pour mettre à disposition ce personnel, il a fallu dégrader d'autres services. Du coup, nous ne rouvrons pas l'accueil physique à la CPAM. Mais le "contact tracing" est aujourd'hui la priorité. - Véronique Toulouse, directrice de la CPAM 19


Un maillage à trois niveaux sanitaires

Trois types d'acteurs sont mobilisés dans cette recherche des cas contacts.
En première ligne : le médecin généraliste. Dès qu'un cas de Covid 19 est confirmé, c'est à lui de dresser, avec le patient, une première liste des cas contacts.
Il la transmet ensuite à la brigade sanitaire de la CPAM, qui est chargée d'appeler, un par un, ces contacts pour les informer, les inviter à s'isoler et à se faire tester en fonction du temps passé avec le patient.
En cas de "cluster" ou de cas regroupés au sein d'une structure (Ehpad, école, entreprise...), l'Agence régionale de santé (ARS) intervient pour mettre en place une campagne de tests à plus grande échelle.

Pour la directrice de la CPAM de la Haute-Vienne, qui a de son côté mobilisé 42 salariés, l'enjeu de cette mission est la course de vitesse.

Il faut aller vite à tous les niveaux. Dans les 4h après la connaissance d'un cas positif, il faut avoir finalisé la recherche des cas contacts. Et nous avons 24h pour les prévenir. - Catherine Pelletier, directrice CPAM 87
 



Et dans cette course de vitesse, tout le monde a un rôle à jouer. Le patient doit consulter un médecin dès les premiers symptômes. Le médecin doit prescrire un test, dont les résultats devront être connus le plus rapidement possible. Enfin, tout le monde devra jouer le jeu de la transparence pour établir le plus efficacement possible la liste de contacts.


Qu'est-ce qu'un cas contact ?

Concrètement, qui sont les personnes dans l'entourage d'un malade susceptibles d'être contactées par les brigades sanitaires afin d'être testées à leur tour ?
Pour établir cette liste, la CPAM se base sur la définition de Santé Publique France en matière de "cas rapproché".

Un cas contact est : 
- une personne ayant partagé le même lieu de vie que le malade
- une personne ayant été en contact direct, en face à face à moins d'un mètre avec un malade, quelle que soit la durée
- une personne ayant reçu ou promulgué un acte de soin en interaction avec un malade
- une personne ayant partagé un espace confiné (voiture, bureau...) pendant au moins 15 minutes avec un malade
- un élève ou enseignant de la même classe scolaire

On estime, en moyenne, qu'un malade aurait une vingtaine de "cas contacts". Une fois identifiées, ces personnes devront à leur tour être testées, soit immédiatement si elles font partie de la cellule familiale ou présentent des symptômes, soit dans les 7 jours après le contact avec la personne malade si elles n'ont pas de symptômes.
 

Quid du secret médical ?

Le gouvernement garantit que ce dispositif ne va pas à l'encontre des libertés individuelles et du secret médical.
Le nom d'une personne infectée ne sera divulgué aux cas contacts que si le malade a au préalable donné son consentement.
Toutes les données personnelles et médicales liées au "tracing contact" restent confidentielles et seront conservées pendant une durée limitée de 3 mois.
Le ministre de la Santé précise, par ailleurs, que ce dispositif exceptionnel n'a pas vocation à durer au delà de l'épidémie.

Il ne faut pas avoir de craintes. Le dispositif ne fonctionnera que si tout le monde joue le jeu. Si on nous raccroche au nez, ou qu'on refuse de nous donner des informations, ce sera plus compliqué. - Véronique Toulouse, directrice de la CPAM de la Corrèze


En cas de recrudence de l'épidémie dans certains départements, les brigades sanitaires pourront compter sur l'entraide avec les autres CPAM grâce à ce dispositif entièrement dématérialisé.
Au total, 6 500 personnes sont mobilisées dans ces brigades sur la France entière.








 
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