Après deux mois d’inactivité, la réouverture des auto-écoles limousines s’est faite dans l’incompréhension. Ouvertes lundi, puis fermées mardi avant de rouvrir ce mercredi, il y a de quoi s’emmêler les pédales.
Siège ? Rétroviseurs ? Ceinture ? À la liste de ces vérifications, les moniteurs d’auto-écoles vont devoir ajouter de nouveaux réflexes.
Pour garantir le respect des mesures sanitaires liées au Covid 19, les véhicules sont désormais intégralement désinfectés entre chaque élève. Certaines enseignes vont même jusqu’à installer des housses de siège, changées elles aussi après la séance.
Enfin, les apprentis conducteurs et leurs moniteurs doivent se munir de masques et de gants. Un accoutrement perturbant mais nécessaire.
Sans toutes ces mesures de protection, les auto-écoles n’auraient pas pu espérer pouvoir rouvrir leurs portes. Une crainte qui a bien failli devenir réalité en début de semaine.
Rétropédalage et flou juridique
Alors que la réouverture était prévue pour lundi, les auto-écoles ont été prévenues lundi midi par leurs syndicats qu’il allait finalement falloir fermer. Un rétropédalage incompréhensible pour ces petites entreprises qui avaient pourtant tout mis en place pour rouvrir le 11 mai.
Mardi soir, au terme d’une réunion entre les syndicats et le ministère de l’Intérieur, les auto-écoles ont finalement obtenu le droit de rouvrir à nouveau. En attendant, l’adoption d’un nouveau texte formalisant cette décision, elles bénéficient d’une interprétation spéciale du décret en vigueur.
Un flou juridique qui refroidit certaines enseignes. À Brive, l’auto-école Marie Claire a décidé de reporter son ouverture à la semaine prochaine. Marie Claire Biallais, la responsable, préfère attendre.
D’autres établissements ont quant à eux fait le choix de rouvrir. Mais ils sont perdus face aux mesures sanitaires à mettre en place. C’est le cas de Jean Salesse, gérant de l’auto-école Salesse Formation à Guéret.Rouvrir, c’est à nos risques et péril. Notre responsabilité est complètement engagée.
À l’heure actuelle, on a aucun protocole sanitaire. La seule chose qui est très claire, c’est qu’on est pénalement responsables si notre élève est contaminé pendant la séance.
Une reprise, mais à quel prix ?
Malgré ces risques, dans la plupart des établissements limousins, les heures de conduite ont repris ce mercredi matin. Une reprise nécessaire, voire vitale pour ces petites entreprises, durement affectées par le confinement.
À Limoges, l’auto-école « Turbo Conduite » a enregistré près de 120 000 euros de pertes sur deux mois avec l’arrêt de son activité. Un gouffre dans la trésorerie. D’autant que les auto-écoles doivent désormais s’équiper en gel hydroalcoolique, masques, gants, visières et parfois housses de protection. Des dépenses pour lesquelles ces établissements ne reçoivent aucune aide pour l’instant.
Fatalement, cette situation économique devra se reporter sur le prix des heures de conduite et des séances de codes. Une décision qui n’enchante pas Marie Claire Biallais à Brive.
C’est compliqué par ce qu’en face de nous, on a des gens avec des revenus qui baissent. On va essayer de limiter cette hausse au maximum.
En attendant, les examens du permis de conduire n’ont quant à eux pas encore repris. Pour le moment, aucune date n’a officiellement été fixée, mais les syndicats évoquent une reprise possible pour début juin.