Déconfinement : toujours pas de trois coups sur les scènes théâtrales du Limousin

Alors qu'en théorie, les théâtres peuvent rouvrir depuis le 2 juin, sous conditions, les feux de la rampe ne se sont pas encore rallumés en Limousin. Un choix assumé des théâtres, malgré leurs difficultés.
 

Édouard Philippe, le Premier ministre, l'avait annoncé le 28 mai dernier : en zone verte, ce qui est le cas de notre Limousin, les salles de théâtre pouvaient en théorie rouvrir. En théorie, car sous des conditions drastiques ; conditions par ailleurs mal définies.

Ainsi et par exemple, en tentant d'adapter leur jauge à ce qu'ils comprenaient des restrictions, Michel Bruzat, du théâtre de La Passerelle à Limoges, n'avait « plus » que dix-neuf spectateurs, Max Eyrolles, d'Expression 7, toujours à Limoges, une trentaine sur les quatre-vint-dix possibles, et Jean Lambert-wild, du CDN de l'Union, encore dans la capitale limousine, soixante-cinq sur quatre cents ! Inimaginable pour eux, même en acceptant de jouer à perte.

J'ai l'habitude des ennuis. Il n'y aurait que moi... Mais j'ai trois salariés. Sans compter les comédiens, qui ont tant souffert. Ce n'est pas sérieux. Et puis nous faisons du spectacle vivant, c'est un moment de partage, de contact, avec les comédiens, avec les spectateurs. Cela nous est interdit. Croire que, dans de telles conditions, le théâtre est « Covid-compatible », cela ne veut rien dire. [Michel Bruzat, La Passerelle]

 

C'est inenvisageable dans de telles conditions. On ne va pas tout reprendre pour dire qu'on reprend. Vous voyez des acteurs avec des masques ? Avec un référent Covid qui intervient pour tout arrêter dès qu'un acteur s'approche à un mètre d'un autre ? Il faut faire les choses correctement, ou ne pas les faire. [Jean Lambert-wild, CDN de L'Union]

Pourtant, le théâtre, les spectateurs, les échanges, tout cela leur manque atrocement, dans un contexte où, on le sait, le milieu ne tient qu'à un fil.

C'est aberrant, rien n'est toujours fait pour la culture, et ceux qui prétendent le contraire ne font que des effets d'annonces, de la communication à moindre frais. On rapporte autant que l'automobile, il est indispensable qu'il y est un plan de relance pour la culture dans son ensemble ! Il ne faut pas croire à ceux qui parlent du monde d'après, le monde d'après sera comme avant, en pire, puisqu'il sera un accélérateur des inégalités. Pour le théâtre, je pense notamment aux jeunes compagnies, et particulièrement en Limousin, qui sont extrêmement fragilisées. [Jean Lambert-wild, CDN de L'Union]

Pour Jean Lambert-wild et Michel Bruzat, c'est clair, ils ne reprendront pas, au mieux, avant septembre prochain.

Tout au plus, le premier aura deux semaines de répétitions, sans public, du 15 juin au 3 juillet, de sa « Chanson de Rolland », qui devait être crée en mars dernier. Le reste ? Le reste sera consacré à sa prochaine saison, aux élèves de la session 10 de l'Académie de l'Union et à la 2 de sa classe préparatoire pour les élèves ultra-marins. Et à l'achèvement de lectures de grands textes, disponibles en podcast dès cet été, en partenariat avec France 3 Nouvelle-Aquitaine.

Le second, qui il y a trente ans aurait pu être tenté de partir sur les routes pour retrouver l’esprit des baladins et des comédiens du temps de Molière, n'en a plus la force, effaré de ce qu'il vient de vivre et craint de connaître demain. Il se consacre également à sa prochaine saison. Mais Michel Bruzat a tout de même prêté main forte à la « Brigade d'Intervention Artistique du Déconfinement », un projet de théâtre de rue initié par la compagnie limougeaude de Fabrice Richert, qui devrait, entre autre et notamment, se produire sur une huitaine de dates, dans les rues et dans les quartiers de Limoges, entre juillet et août, la mairie venant de donner son aval et son soutien.

Quant aux autres, ils s'interrogent. Max Eyrolles à Expression 7 attend les prochaines annonces, attendues vers le 20 ou 22 juin, pour aller plus loin. Mais il n'imagine guère autre chose que des résidences.

Aux dernières nouvelles, La Guérétoise de spectacle, en Creuse, n'avait pas prévu de reprendre d'ici l'été.

Et même son de cloche, ou absence de son, de brigadier en l’occurrence, du côté de la Corrèze, où L'Empreinte, la scène nationale de Brive et de Tulle, dit ne travailler qu'exclusivement qu'à l'accueil futur, et dans les meilleures conditions, et des compagnies, et des spectateurs.

Encore que, mais chut, c'est un secret, il pourrait tout de même y avoir une surprise de ce côté, on devrait en savoir plus dans les jours ou semaines qui viennent...

 

 

 

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