Onde de choc dans la région après l'annonce de Nicolas Hulot ce mardi matin sur France Inter. La décision du Ministre de la transition écologique est saluée par nombres d'élus. Il avait initié notamment le dossier sur l'introduction de 2 femelles ours. Il était attendu sous peu en Béarn.
Il l'avait annoncé, il avait menacé, il l'a fait et il dénonce. La démission de Nicolas Hulot a beau avoir été dans les tuyaux depuis le début de l'été, elle est très commentée ce mardi matin depuis sa prise de parole sur les ondes de France Inter.
"C’est une décision que j’ai prise tout seul", a indiqué Nicolas Hulot, ajoutant qu'il n'avait prévenu personne, "y compris [sa] propre épouse". Il a évoqué une décision "intime"https://t.co/Y9yXQZruR9 pic.twitter.com/Lyq0C2UDZu
— franceinfo (@franceinfo) 28 août 2018
Dans cette interview où il renonce et où il fait de bilan de ses actions, de ses difficultés rencontrées, il déplore notamment le manque d'engagement des élus locaux des Pyrénés-Atlantiques, à ses côtés pour le soutenir dans la réintroduction de deux femelles ours.
Je n'ai pas un député ou un sénateur pour protéger les loups ou les ours, j'avance tout seul.
Sur Twiter, les élus de la région lui rendent hommage. Alain Juppé, lui même ancien ministre de l'environnement, relève sa "hauteur de vue" et il invite tout le monde "à réfléchir et changer" à la lumière de cette décision.
J’écoute Nicolas Hulot qui annonce son départ du gouvernement. Je suis impressionné par sa hauteur de vue et la noblesse de sa démarche. J’espère qu’au delà du buzz politique inévitable, cette décision nous incitera tous à réfléchir et à changer.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 28 août 2018
"C'est un acte de sincérité avec moi-même" déclare l'ancien ministre pour justifier sa décision.
L'adjointe d'Alain Juppé, Virginie Calmels est sensible à cette explication. Elle qui a aussi été dans la tourmente en juin dernier, remplacée à son poste auprès de Laurent Wauquiez pour divergences de vue, sait le prix que cela représente mais évoque "la sincérité " de l'engagement. "
Quand on est sincère dans son engagement toute instrumentalisation de ses propres convictions devient insupportable et vite intenable ... la sortie s’imposait ! https://t.co/YOxfdy1YfO
— Virginie Calmels (@VirginieCalmels) 28 août 2018
Le député socialiste des Landes, Boris Vallaud, salue un acte courageux et lucide, dénonçant au passage les lobbys en action.
Nul ne peut se réjouir du constat d'échec d'un homme sincèrement engagé. @N_Hulot est courageux et lucide au sein d'un @gouvernementFR coincé entre un president tout puissant & des lobbys influants Nous sommes tous convoqués face à l'urgence environnementale#jeneveuxplusmementir https://t.co/5T5Ov9jmlu
— Boris VALLAUD (@BorisVallaud) 28 août 2018
Le député le plus célèbre du Béarn, Jean Lassalle, défenseur invétéré de la ruralité, a été touché par ses mots, c'est ce qu'il confie à notre équipe de France 3 Pau. " Je lui avait dit « si tu fais ça, tu seras plus que ministre, tu deviendras une légende. Tu vas devenir le premier qui a dit non, à ce mensonge permanent, qui a dit non à toute cette turpitude ?"
Implantéaussi dans le Béarn, à Pau, le communiste Olivier Dartigolles y voit une " triple défaite d'Emmanuel Macron sur l'écologie, la pratique du débauchage des personnalités et la construction d'un nouveau monde... " et il appelle à la mobilisation citoyenne pour la planète.
La décision de @N_Hulot invite à un grand débat national, le plus citoyen possible, su les enjeux écologiques. Il y a urgence. Par delà des commentaires politiques (le macronisme est au plus mal), c’est à cela qu’il faut contribuer.C’est au cœur des de la prochaine fête de l’Huma
— Olivier Dartigolles (@Dartigolles) 28 août 2018
Et les nombreux élus de la majorité gouvernementale dans la région ?
Benoît Simian, député du Médoc, ex-PS, a été auprès de Nicolas Hulot sur nombre de dossiers, notamment sur celui de la chasse qui a semble-t-il était décisif pour l'annonce de cette démission. Il se dit surpris. Il note pourtant du pragmatisme et la lourde exposition de cette fonction.
"Il y a énormément de figures engagées sur le plan national sur les sujets environnementaux, vous savez il faut être pragmatique, on est dans une société ou tout va très vite, Nicolas Hulot a été victime ces derniers mois de lynchages médiatiques. Il est clair que tout ça n’est pas confortable, je crois qu’il a en effet souvent été mal à l’aise dans cette fonction de ministre."
Florent Boudié, député de la Gironde, anciennement élu socialiste, y voit là un avertissement. S'il ne commente pas le départ de Nicolas Hulot, ll préfère en appeller à des choix de rupture face à l'urgence écologique
Le choix de @N_Hulot n'est certes pas 1 surprise mais 1 avertissement adressé à tous les responsables politiques français. Si bcp a été accompli depuis le début du quinquennat, l'extrême urgence écologique impose des choix de rupture dont la France & l'Europe sont encore loins.
— Florent Boudié (@florent_boudie) 28 août 2018
Deux élus de la métropole LREM réagissent pour regretter ce départ : Catherine Fabre et Bérangère Couillard :
C’est un fait, le défi écologique et #climatique appelle urgemment à une transition profonde de notre système. Puisse la #démission de #NicolasHulot entraîner cette mise en action collective. @LaREM_AN @N_Hulot @FdeRugy @g_vuilletet
— Catherine Fabre (@cfabreAN) 28 août 2018
Je regrette la décision de @N_Hulot et salue son action qui présente de nombreuses avancées (hydrocarbures, économie circulaire, biodiversité, fermeture fessenheim & centrales à charbon, hydrogène...). L’urgence est bien là. Nous devrons poursuivre notre action avec détermination https://t.co/CG5aIfe6IH
— Bérangère Couillard (@BCouillard33) 28 août 2018
Parmi les réactions, celle aussi de la Ligue de protection des oiseaux et son équipe en Aquitaine. Leur leader Allain Bougrain-Dubourg était très remonté encore hier après les décisions du gouvernement en faveur des chasseurs.
Votre indignation prend ce matin une forme regrettable, @N_Hulot, mais votre parole sur @franceinter est très digne et clean
— LPO Aquitaine (@LPOAk) 28 août 2018
"On a perdu la main [..] Je n'ai pas un député ou un sénateur pour protéger les #loups ou les #ours. J'avance tout seul [...] Je ne veux pas donner l'illusion qu'on maîtrise la situation", Nicolas @Hulot sur @franceinter
— Espèces-Menacées (@EspecesMenacees) 28 août 2018
Ce mardi matin, le nom de son successeur n'est pas évoqué. Reste à savoir si il ou elle confirmera l'introduction des deux oursines prévue à l'automne.