Des soignants du Limousin face au Covid dans les Antilles

Ils sont infirmiers ou médecins, et ils ont répondu à l’appel de leurs collègues de Martinique et de Guadeloupe. Plusieurs soignants de Haute-Vienne ou encore de Creuse sont allés prêter main forte dans ces territoires durement touchés par la pandémie.

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Patricia Chapuis est infirmière  dans la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) de l’hôpital Esquirol, à Limoges. Elle a l’habitude des situations de crise, et elle prend déjà en charge ici des patients atteints atteint de Covid long. Elle vient de passer 3 semaines en Guadeloupe, et elle en rentre marquée.

Choc des cultures 

Elle est partie avec des collègues d'Avignon, de Bordeaux, de Marseille et de Toulouse. Une mission d’éclaireurs, pour faire remonter les besoin. Son équipe se rendait dans les services, d’abord pour aider les soignants locaux. La situation qu’ils affrontent alors est particulièrement difficile : les patients graves sont de plus en plus jeunes, parfois moins de 30 ans, et des morgues supplémentaires doivent être installées à l’extérieur des hôpitaux.

Patricia Chapuis raconte : "Il y a souvent des chambres de 4. La priorité des soignants locaux, quand un patient s’aggravait, c’était de l’extraire pour ne pas impacter psychologiquement ceux qui restaient dans la chambre."

Elle parle d’un choc des cultures : "Quand on arrive en Guadeloupe, la population est réticente. Pour les locaux, ce n’est pas le Covid. La pression des antivax est importante. Beaucoup de soignants n’étaient pas vaccinés, et même s’ils le voulaient, il fallait le faire en cachette. Ils sont réellement anti vaccin, en lien avec leur culture et leur histoire. C’est facile de juger, mais on n’est pas dans leur situation et on n’est pas dans leur contexte. Il faut rester humble."

Rapidement, l’équipe de Patricia Chapuis se rend compte que les renforts métropolitains ont aussi besoin de soutien : "Les renforts avaient l’impression que les Guadeloupéens ne prenaient pas la mesure de la situation. Il y avait de la colère. Ils étaient dans l’incompréhension."

Dans ce contexte, l’équipe de la Cump a dû aussi se protéger : "On est resté dans un cocon de CUMP. On prenait soin les uns des autres, on avait un débrief tous les soirs."

"On doit décider si un patient va mourir ou pas"

Trois Creusois de l'association "Les infirmiers du cœur" sont eux en Martinique. Ils sont accompagnés d’Eric Correia, président de l’Agglomération du Grand-Guéret : il a déjà travaillé au SAMU et en bloc opératoire, et il est actuellement en renfort dans le service réanimation de l’hôpital de Fort-de-France.

Arrivé en fin de semaine dernière, il décrit ce mardi 24 août une situation "inédite" : "C’est de la médecin de guerre. Ce qui est impressionnant, c’est le nombre de patients graves qui arrivent en même temps. Je tire mon chapeau aux soignants martiniquais. Ils sont bons. C’est pas facile."

La présidente du Conseil départemental de la Creuse, Valérie Simonet et sa vice-présidente Marie-Christine Bunlon, toutes deux infirmières, étaient aussi sur place et reviennent juste en métropole.

Marie-Christine Bunlon travaille à l’hôpital d’Evaux-les-Bains. Elle est marquée par cette expérience très différente de son quotidien : "La situation est dramatique, à un point qu’on peut pas imaginer ici. C’est toujours un tri des patients à l’arrivée, dans les services… Notre choix fait qu’on doit décider si un patient va mourir ou pas."

Elle était de service la nuit, avec un rythme intense : "C’est de morts tous les jours, des familles qui ne comprennent pas… Moi je travaille auprès des personnes âgées. Là, ce n’étaient pas des personnes âgées, c’étaient que des jeunes. C’est peut être encore plus choquant."

Mais elle garde tout de même un souvenir positif : "Ce que j’ai retenu, c’est cette solidarité des soignants, avec les patients, et entre nous."

Nouvel appel

D’autres soignants du Limousin sont actuellement sur place. L’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine réitère son appel à volontariat "Renfort Antilles" :

Depuis l’aggravation de la situation épidémique en Guadeloupe et en Martinique, 71 volontaires néo-aquitains sont partis renforcer les équipes de soignants des établissements de santé ultra-marins (Guadeloupe, Martinique), très fortement éprouvés par l’accélération de l’épidémie depuis le début de la période estivale. Compte tenu de l’évolution de l’épidémie dans les territoires d’Outre-mer, les prochaines semaines seront décisives et de nouveaux renforts sont encore nécessaires.

Les profils recherchés en priorité sont :

  • médecins,
  • infirmier(e)s
  • aides-soignant(e)s, idéalement spécialisés en réanimation.

Pour postuler, il faut contacter l’ARS Nouvelle-Aquitaine au 09 69 37 00 33

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