Deux-Sèvres ; nouvelles dégradations de matériel agricole sur fond de polémique sur l'irrigation céréalière

Trois enrouleurs taillés à la hache et une réserve d'irrigation ont été saccagés entre le 11 et le 12 juillet dans le département. "Trop, c'est trop" s'indignent les responsables agricoles deux-sévriens.

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C'est au petit matin de mercredi dernier que Philippe Leysenne a découvert l'acte de vandalisme sur sa parcelle de maïs sur la commune d'Arçais. Sur plus de 50 mètres, son tuyau d'irrigation a été sectionné à la hache ou au lapidaire à huit reprises. Ce système d'une valeur de 25 000 euros est désormais inutilisable. Mais, au-delà du préjudice financier et des 120 mètres cube d'eau dilapidés, ce n'est pas ce qui révolte le plus l'agriculteur.

"Aucune colère ne peut justifier de tels actes"

"Les volumes sont déjà très restreints. On va essayer d’optimiser ces volumes, mais le problème, c’est qu’une action comme celle-ci entraine un gaspillage incroyable", déplore le paysan, "c’est l’équivalent de trois ou quatre heures de bonne irrigation qui sont balancées n’importe comment et c’est ça qui est le plus déplorable. En espérant sauver les choses, on gaspille, on fait du saccage et c’est nul".

La veille, ce sont deux autres enrouleurs à Mauzé sur le Mignon qui avait subi le même sort. De même, un bassin de substitution à Chef-Boutonne, géré par la Caeds, la Compagnie d'aménagement des eaux des Deux-Sèvres, a été tailladé au cutter.

Dans un communiqué, les responsables des syndicats agricoles, FNSEA et JA 79 ainsi que la chambre d'agriculture du département n'ont pas tardé à réagir. "C’est une nouvelle attaque contre le monde agricole, et une énième fois sur des outils d’irrigation, ce qui ajoute une couche supplémentaire au climat déjà tendu à ce sujet", écrivent-ils, "nous sommes indignés par ce type de comportement. A quel moment ces dégradations vont-elles cesser ? Aucun désaccord, aucune colère ne peut justifier de tels actes".

Evidemment, tous ces faits délictueux s'inscrivent dans ce qu'il faut bien appeler la guerre de l'eau deux-sévrienne. Depuis plusieurs années, on le sait, agriculteurs et militants environnementaux s'affrontent autour du très sensible dossier des "bassines" ou "bassins de substitution", cela dépend dans quel camp on se place.

"Une plainte est déposée", confirme Philippe Leysenne, "d’abord, on ne peut pas laisser faire n’importe quoi. Je pense que la violence n’est pas un mode d’expression normal. Imaginez, si aujourd’hui elle s’exprime vis-à-vis de l’irrigation, mais si elle s’exprime demain vis à vis de tout autre type d’activité, agricole ou autre, où est ce qu’on s’arrête ?"

De leur côté, le collectif "Bassines Non merci" continue le bras de fer, mais avec des méthodes plus conviviales. Cet après-midi, ils avaient donné rendez-vous à leurs sympathisants à venir défilé dans le bourg de Mauzé. "Au programme: activités nautiques en tous genre, concours de boule et tutti quanti et autres surprises (et dont celle que vous préparerez...)", détaillait l'appel à manifester, "l'occasion rêvée de diffuser l'appel "Pas Une Bassine de Plus"". Le rassemblement avait été interdit par arrêté municipal mais finalement, il y aura plus de gendarmes que de militants.

"Face au mutisme et au mépris affichés par l'Etat à ne pas vouloir ré ouvrir ce dossier, il y a des gens qui réagissent", déplore Julien Le Guet, porte-parole du collectif, "et qui vont réagir de plus en plus fort. Avec cette canicule de 40 degrés, on ne peut évidemment tolérer de voir des enrouleurs fonctionner en pleine journée".

La guerre de l'eau est loin d'être finie dans les Deux-Sèvres.

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