C'est un phénomène qui s'accentue d'années en années dans les Deux-Sèvres. Les retraités sont toujours plus nombreux à s'engager chez les producteurs de pommes pour la saison de la cueillette. Ils représentent parfois la moitié des effectifs de saisonniers.
Dans les vergers d'Eric Michel à Secondigny, le temps presse pour ramasser les 300 tonnes de sa récolte. Les mauvaises conditions climatiques obligent le producteur de pommes à accélérer le rythme de la cueillette. Et pour mener à bien le travail, il faut recruter des saisonniers. Parmi ceux qui ont postulé, près de la moitié sont des retraités. Certains viennent travailler dans les vergers pour s'occuper un peu mais la plupart le font par nécessité pour complèter leur retraite. Dans les Deux-Sèvres, les arboriculteurs emploient cette année 1.200 saisonniers dont plus de 300 retraités. Eric Michel fait partie de ceux qui privilégient l'emploi de ces jeunes retraités pour répondre au manque de main d'œuvre.
Ça permet d'avoir des gens d'expérience. Tous les ans, on a le même problème. D'autres choisissent d'autres filières pour recruter, nous on a des gens sur place qui sont encore aptes à travailler parce qu'ils sont jeunes retraités donc on préfère.
- Eric Michel, arboriculteur à Secondigny (79)
Un complément de revenus
Ces saisonniers seniors sont pour beaucoup d'anciens ouvriers agricoles ou agriculteurs, ils touchent aujourd'hui autour de 900 euros de retraite et trouvent ainsi un moyen de complèter leurs revenus, même si le travail est difficile. Une situation que certains saisonniers, plus jeunes, ont du mal à admettre.Quand on a été agriculteur toute sa vie et que l'on touche parfois 800 ou 900 euros, ce n'est pas normal. Quand on fait ce métier, on ne compte pas ses heures donc être obligé d'aller encore travailler à 62, 63 ou 67 ans pour pouvoir compléter sa retraite, je ne trouve pas ça normal alors que l'on n'arrête pas de nous dire qu'il y a plein de chômeurs.
- Elodie Martin, ouvrière agricole
Les saisonniers sont en général payés au SMIC dans les exploitations agricoles et les retraités qui s'engagent pour une saison gagnent en moyenne 1.000 euros en ne travaillant pas tous les jours.
Reportage de Dominique Laveau, Alain Darrigrand et Carine Grivet :