Le député-maire PS de Niort, Geneviève Gaillard, a porté plainte pour endiguer une rumeur, colportée depuis quelques années mais qui s'est récemment emballée, selon laquelle sa ville recevrait des subventions pour accueillir des habitants de la Seine-Saint-Denis.
Geneviève Gaillard a donc déposé plainte "contre X" auprès du parquet de Niort pour "préjudice causé à l'autorité publique par des assertions mensongères",Depuis des mois, un bruit insistant, qui devient une rumeur, parcourt la ville de Niort, et au-delà"
Dans la lettre qui accompagne sa plainte, la maire de Niort déplore la "persistance et l'ampleur d'un phénomène qui porte en lui la provocation et conduit à la discrimination, à la haine, à la violence".
Selon ce "bruit" - des articles de presse parlent d'une "rumeur du 9-3" -, "la ville aurait signé une convention avec le Conseil général de Seine-Saint-Denis, l'un des départements les plus pauvres de France et à forte population immigrée, pour accueillir des "personnes de couleur noire", écrit l'élue.
Ces populations seraient supposées "faire courir" aux Niortais "un risque d'augmentation de la délinquance", écrit aussi Mme Gaillard. Une telle convention n'existe pas, "c'est impossible et ridicule" repéte Geneviève Gaillard en fustigeant des ragots qui font le jeu du "racisme" et de la "stigmatisation".
L'origine de cette rumeur, alimentée par quelques faits divers locaux, est impossible à cerner mais aurait démarré il y a trois ou quatre ans. Plusieurs démentis ont été publiés dans la presse locale mais, "en juillet dernier, ça s'est emballé. Et ça prend de l'ampleur", d'où la plainte déposée pour tenter d'en endiguer la progression, a-t-elle expliqué.
Cela se propage par "le bouche-à-oreille", selon Pierre Lacore, directeur des relations extérieures de la municipalité, par exemple chez des commerçants, mais aussi sur les réseaux sociaux, où "des propos inadmissibles sont écrits".
"Cette rumeur ne repose sur aucun fondement, ce type de rumeurs stigmatise mon département, c'est insupportable", s'est insurgé de son côté Stéphane Troussel, président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis. "Ca dénote un climat malsain et délétère, une hystérisation du débat démocratique par des groupes extrémistes, qui repose sur des idées constitutives de haine, de violence, de discrimination", a estimé M. Troussel, écartant toutefois un dépôt de plainte "pour ne pas faire écho à des attaques malsaines insupportables".
Outre Niort, d'autres villes ont aussi eu à souffrir de cette rumeur, à l'image de Poitiers et Limoges.